LE TEMPS DES CHÂTEAUX FORTS

La féodalité

En 843, le traité de Verdun partage en trois l’Empire franc. Charles le Chauve hérite de la partie occidentale (la France), où l’on parle majoritairement le roman, dérivé du latin – qui reste la langue écrite et parlée par l’élite intellectuelle. Les premiers rois de France sont incapables de protéger la population des pillages des sarrasins ou des Vikings (dits aussi « Normands »). Au xe s., le roi n’a plus d’autorité sur les comtes, auxquels les seigneurs eux-mêmes n’obéissent plus. Le pouvoir se répartit entre un certain nombre de grands seigneurs : ce sont eux qui organisent la défense des populations, moyennant un lourd tribut. Vers l’an mil, ils font construire des châteaux forts ; ils s’entourent de chevaliers.

Le château fort des seigneurs de Coucy (deuxième quart du XIIIe s.).

Le territoire qui dépend du seigneur, la seigneurie, comprend les terres agricoles, les bois et les villages habités par les paysans. Le seigneur y est juge et perçoit les taxes. Les paysans sont astreints à des corvées pour entretenir la seigneurie. Leurs conditions de vie sont misérables. Les serfs appartiennent à un maître et n’ont aucune liberté. Les seigneurs se livrent des guerres entre eux ; les moins puissants deviennent les vassaux des grands seigneurs. Le système féodal repose sur la seigneurie et sur l’institution du fief, domaine concédé par le seigneur à son vassal, dont il assure la protection en échange de son entier dévouement et de certains services. À partir de l’an mil les campagnes connaissent un essor : elles sont l’objet de grands défrichements ; l’utilisation des charrues, des colliers d’attelage, des moulins à eau et à vent se généralise. Le système féodal commence à décliner à la fin du viiie s. La féodalité ne se terminera véritablement – ce sera la fin du Moyen Âge – qu’une fois que le roi de France, suzerain de tous les seigneurs, aura repris par les armes le contrôle de son royaume, le château fort étant devenu vulnérable aux canons.

La puissance de l’Église

L’Église demeure alors en Occident la seule autorité respectée. Les ecclésiastiques, appelés « clercs », ont pour mission de guider les croyants vers le salut éternel. Dans les monastères, nombreux, les moines consacrent l’essentiel de leur temps à prier et à copier des manuscrits (textes sacrés et religieux, mais aussi profanes). Ils forment le clergé régulier, distinct du clergé séculier, non reclus dans les monastères. Le pape, élu par les cardinaux, nomme les hauts dignitaires de l’Église avec l’accord des souverains. Les évêques dirigent leur diocèse et désignent les curés. L’Église rythme la vie des hommes, du baptême à l’extrême-onction. Le sacrifice du Christ est célébré à la messe par l’eucharistie. On construit des églises de plus en plus belles à la gloire de Dieu. Peintures et sculptures évoquent la vie et le message du Christ.

Cathédrale Notre-Dame d’Amiens (XIIIe s.), de style gothique. Façade occidentale.

L’art gothique, avec ses hautes cathédrales ornées de vitraux, succède à partir du xiie s. à l’art roman. Entre 1095 et 1291, huit croisades, à la fois pèlerinages et guerres, sont prêchées sur l’ordre de différents papes pour reconquérir la Terre sainte (Jérusalem et la Palestine), aux mains des infidèles (les musulmans). À la fin du xiiie s., ces derniers sont à nouveau maîtres de tous les territoires qui avaient été conquis par les croisés. En revanche, la Reconquista, menée par les royaumes chrétiensdu nord de l’Espagne contre les musulmans, triomphera à la fin du xve s.