FORMATION DE L’OCCIDENT CHRÉTIEN

La montée en force de l’Église

D’abord minoritaires et persécutés, les chrétiens d’Occident doivent célébrer leur culte dans la clandestinité. En 313, par l’édit de Milan, l’empereur Constantin le Grand leur accorde la liberté de culte. En 392, le christianisme devient la religion officielle de l’Empire. Les chrétiens sont placés sous l’autorité de l’évêque de Rome, le pape. L’Église, c’est-à-dire la communauté formée par tous les chrétiens, calque son organisation et sa hiérarchie sur celles de l’administration de l’Empire romain. Les évêques nomment désormais les prêtres – jusqu’alors choisis par les fidèles. La construction de nombreux baptistères témoigne de la vitalité du christianisme. L’Église devient la seule force capable de maintenir l’unité de l’Occident lors des invasions. Majoritairement reconnue par les populations, elle est à même d’imposer la foi catholique chrétienne aux envahisseurs, ainsi qu’en témoigne le baptême du roi franc Clovis.

Des invasions barbares à l’Empire carolingien

L’empire de Charlemagne.

Les invasions barbares mettent fin à l’Empire romain. Dès le iiie s. de notre ère, certains peuples germaniques s’installent en Gaule romaine dans le but de servir comme auxiliaires de l’armée romaine ou de cultiver les terres. Les vagues d’arrivants s’accentuent au cours des ive et ve s., sous la poussée d’envahisseurs venus d’Asie, parmi lesquels les terribles Huns. L’Empire romain est géographiquement partagé en deux parties (occidentale et orientale) pour mieux se défendre. Les peuples germaniques profitent de l’affaiblissement de l’Empire pour prendre le pouvoir dans la région occidentale. En 476, les Ostrogoths deviennent maîtres de l’Italie et détrônent le dernier empereur romain. Les historiens ont fait de cette date la fin de l’Antiquité et le début du Moyen Âge. Les Francs en Gaule, les Wisigoths en Espagne, les Angles et les Saxons en Grande-Bretagne établissent de nouveaux royaumes. Cette période, appelée « haut Moyen Âge », est marquée par un recul de la civilisation : dépeuplement des villes, abandon des aqueducs, dépérissement des voies, baisse des échanges commerciaux, raréfaction des documents écrits, repli des régions sur elles-mêmes, guerres entre clans. Au début du vie s., les Francs deviennent maîtres de la Gaule. Le roi des Francs Clovis fonde la dynastie mérovingienne. En 732, Charles Martel, chef d’un clan et maire du palais, assure la défense de la Gaule face à l’invasion des Arabes. Son fils, Pépin le Bref, devient roi et fonde la dynastie des Carolingiens. Son petit-fils Charlemagne est sacré empereur d’Occident par le pape en 800. Il agrandit considérablement le territoire sous domination franque, soumet et christianise les peuples païens. De nombreux monastères sont fondés. Évêques et abbés des grands monastères administrent l’empire conjointement avec les comtes, qui ont des pouvoirs administratifs et militaires très étendus. L’écrit renaît, grâce à l’activité des moines copistes et à la création d’une nouvelle écriture, l’écriture caroline. Des écoles sont fondées, à destination de l’aristocratie. Le latin est restauré. Le renouveau carolingien, tout en reprenant à son compte une partie de l’héritage antique, donne une nouvelle impulsion au catholicisme en Occident.

Statuette équestre (présumée) de Charlemagne. Bronze des IX-Xe s.