De la naissance de l’agriculture à la naissance de l’histoire
Les hommes ont été des nomades vivant de la chasse, de la pêche et de la cueillette durant deux millions d’années. Vers 8000 av. J.-C., les habitants du « Croissant fertile », région du Moyen-Orient qui s’étend de la mer Morte au golfe Persique en passant par le sud de la Turquie, deviennent peu à peu des agriculteurs sédentaires. Ce changement de mode de vie entraîne la « révolution néolithique », caractérisée par la naissance des premiers villages, l’essor de la poterie et du tissage, et les débuts de la métallurgie : les premiers échanges commerciaux s’ensuivront. Faire du commerce suppose de pouvoir conserver une trace écrite de la comptabilité. L’écriture cunéiforme est inventée vers 3500 av. J.-C. en Mésopotamie.
Contemporaine de la formation des premières grandes entités politiques, l’écriture permet de glorifier les souverains, de garder la mémoire des relations diplomatiques et des batailles, d’édicter des lois (code d’Hammourabi). Vers 1200 av. J.-C., un peuple marchand, les Phéniciens, invente et diffuse le premier véritable alphabet ; la forme et le nombre de lettres (22 consonnes et aucune voyelle) est désormais fixée. Avec l’écriture, on est passé de la préhistoire à l’histoire.
L’Égypte ancienne
Vers 3000 av. J.-C., les pharaons des premières dynasties unifient la Haute et la Basse-Égypte. Le pharaon est considéré comme un dieu vivant ; il est le chef religieux et le chef de l’armée et possède toutes les terres. Ses ordres sont transmis dans l’Égypte tout entière grâce aux scribes, qui savent écrire les hiéroglyphes. Vingt-cinq siècles av. J.-C., les pharaons font édifier les pyramides, et, quinze siècles environ av. J.-C., les temples de Karnak et de Louqsor. Ces constructions monumentales, nécropoles et lieux de culte, ont été édifiées au prix de nombreuses victimes parmi les esclaves et les pauvres.
Temple de Khonsou, à Karnak (Nouvel Empire).
Les Égyptiens sont polythéistes, mais privilégient le dieu-soleil (Rê ou Râ). Chaque dieu, généralement représenté avec une tête d’animal, a une attribution particulière : ainsi, Osiris assure la fertilité et Isis veille sur les morts. Les prêtres conseillent le pharaon et reçoivent de nombreuses offrandes. Des milliers d’artisans fabriquent les vêtements, les poteries, les armes, les demeures. Peintres, sculpteurs et orfèvres créent les œuvres d’art. 90 % des Égyptiens sont des paysans ; réduits à l’état de servitude, ils subissent des conditions de vie très pénibles – outils rudimentaires, maisons en boue séchée, maigres repas, lourds impôts et corvées dus aux puissants. Ils aménagent les canaux, les barrages, les réservoirs pour utiliser les eaux du Nil – fleuve au limon fertile apporté par la crue d’été, sans lequel l’Égypte ne serait qu’un désert. L’Égypte des pharaons connaît une alternance de périodes brillantes, où elle tire sa prospérité de ses victoires militaires, et de déclins. Elle disparaît peu avant l’ère chrétienne, victime de la puissance des Grecs et des Romains.