LE PATRIMOINE

Vers un patrimoine culturel et naturel

La volonté de préserver les vestiges du passé, déjà connue de l’Antiquité, nous vient plus récemment des xviiie et xixe s. C’est en 1793, pendant la Révolution française, que l’on crée le musée du Louvre ; on ouvre sous le Consulat une quinzaine de musées en province. La notion de patrimoine culturel prend naissance. Elle a tendance aujourd’hui à englober toutes les productions humaines, de l’aube de l’humanité (préhistoire) aux productions écrites (histoire) : outils et habitat préhistoriques, sites archéologiques, chefs-d’œuvre architecturaux, grands textes littéraires, compositions picturales ou musicales...

C’est aux États-Unis que les colons européens se préoccupent de pouvoir laisser une part de territoire naturel telle qu’ils l’ont trouvée, de la mettre à l’abri d’une exploitation de ses ressources agricoles ou minières et d’une installation humaine intensive. On cherche à préserver de la transformation et de l’altération définitive des paysages remarquables. Une loi fédérale crée en 1872 le premier parc national américain et du monde, Yellowstone, et l’idée fait des émules : des parcs, espaces protégés ou réserves, sont créés au Canada (1904), en Suède (1909), en France (1913), en Uruguay (1915), en Afrique du Sud (1926)...

Une prise de conscience planétaire

L’idée d’un patrimoine commun, donc de la responsabilité commune de sa sauvegarde, prend corps lorsque la décision (1959) de construire le barrage d’Assouan, en Égypte, menace de faire disparaître sous les eaux les temples d’Abou-Simbel. La mobilisation de la communauté internationale permet que des mesures exceptionnelles soient prises en faveur du site.

Abou-Simbel, le temple de Ramsès II, construit vers 1200 av. J.-C.

Adoptée (1972) par l’Unesco, la Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel définit les sites (« œuvres de l’homme ou œuvres conjuguées de l’homme et de la nature ») à valeur universelle « du point de vue de l’histoire, de l’art ou de la science » et la nécessité de les préserver des guerres, des catastrophes naturelles, de l’urbanisme sauvage ou de la pollution. Parmi les motifs d’inscription sur la liste générale des sites, retenons : constituer une réalisation unique (jardins de Chalimar au Pakistan), ou encore apporter un témoignage sur une civilisation disparue (Machu Picchu au Pérou). Le patrimoine naturel doit, par exemple, illustrer les grandes étapes de l’évolution de la Terre (îles Galápagos), constituer des formations d’une beauté exceptionnelle (le Kilimandjaro en Tanzanie), ou contenir les habitats d’espèces menacées (préservation de la biodiversité).

La protection des trésors nationaux

En France, l’État protège les biens culturels qu’il a classés ou définis comme trésors nationaux. Les œuvres d’art ne peuvent pas forcément circuler librement ; un trésor national est interdit d’exportation. Quant aux biens culturels prêtés par un autre État, par exemple le temps d’une exposition, ils sont insaisissables.

Une autre convention a été adoptée par l’Unesco en 2003, pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

On peut parler aujourd’hui d’une conscience internationale et d’un devoir collectif de transmission. Cela consiste à se donner des contraintes aujourd’hui pour avoir un patrimoine à mettre en valeur demain.