Vers le néoclassicisme
(xviiie s.)

L'architecture au xviiie s.

Au xviiie s., si les Anglais pratiquent un baroque sévère (John Vanbrugh) ou restent dans l'inspiration de Palladio (William Kent), la première partie de la période est plutôt dédiée au rococo, dérivé gracieux et foisonnant du baroque. Il s'épanouit également en France (décor intérieur surtout), et dans d'autres pays catholiques comme la Bohême, l'Autriche (palais de Vienne), la Bavière (abbayes et « résidences » princières), l'Espagne et l'Amérique latine, mais aussi dans l'Allemagne protestante. À partir de 1760 environ, une mutation du goût, favorisée par les découvertes archéologiques (Grèce ; Pompéi), suscite un retour à l'antique et au classicisme, qu'illustrent Robert Adam en Grande-Bretagne ou le style Louis xvi en France (Gabriel, Soufflot, Victor Louis…).


La sculpture du xviiie s.

Au xviiie s., la sculpture française poursuit ses recherches dans une voie harmonieuse (Coustou, Bouchardon, Pigalle...), parfois teintée du style rocaille (la famille lorraine des Adam), en vogue dans la première moitié du siècle. Allègre et somptueusement décorative, la version rococo du baroque règne sur l'Autriche (Balthasar Permoser), l'Allemagne (les frères Asam, Ignaz Günther et de nombreux décorateurs de stuc), la Bohême. Avec la personnalité d'un Houdon, la fin du siècle marque un retour aux valeurs classiques, voire aux leçons de la statuaire antique redécouverte, qui conduisent au néoclassicisme inauguré par Canova.


Les courants picturaux

Le Serment des Horaces (1784), huile sur toile de Louis David (musée du Louvre, Paris): cette toile d'inspiration antique, peinte à Rome, apparut au Salon parisien de 1785 comme le manifeste de la jeune école néoclassique.

Les écoles italiennes les plus brillantes du xviiie s. sont celles de Naples (Francesco Solimena…) et surtout l'école vénitienne (les Tiepolo, Canaletto, les Guardi...), dont la vitalité rococo se transmet aux décorateurs d'églises autrichiens et bavarois (Zimmermann...). La peinture française de chevalet montre une grande fécondité, cultivant successivement une certaine légèreté, tant dans la manière (Watteau) que dans les sujets (Boucher), en parallèle d'un traitement sérieux et moraliste (Chardin, Greuze). Alors que la Flandre et la Hollande sont moins productives, l'école britannique prend son essor (Hogarth, Reynolds) et tend à une sensibilité préromantique (Gainsborough, Henry Fuseli). La fin du siècle voit s'édifier la vogue du néoclassicisme (David), et, en Espagne, le génie de Goya produit ses premiers fruits.

La Gamme d'amour (1715-1718), huile sur toile d'Antoine Watteau (National Gallery, Londres): une atmosphère de fête galante où la vie mondaine est comme poétisée.