Du romantisme à l'impressionnisme
(xixe s.)

La leçon de David

Le retour à l'antique, caractéristique de la période révolutionnaire, a des conséquences tout au long du xixe s. Les élèves de David répandent le style néoclassique, avec des sujets tirés de la mythologie ou de l'histoire gréco-romaine, mais aussi avec des scènes contemporaines (épopée napoléonienne chez Gros, thèmes orientalistes…). Le style, surtout, est significatif : solennel, recherchant la forme idéale au moyen d'un dessin linéaire, il procède de Raphaël et de Poussin autant que de l'antique. Le chef de file du mouvement est Ingres, dont l'exemple mal compris dégénère en académisme. C'est le style « pompier » des peintres officiels qui triomphe au Salon annuel jusqu'à la fin du siècle, au grand dam des artistes novateurs.


La peinture romantique

Le Téméraire remorqué à son dernier mouillage (1839), huile sur toile de William Turner (National Gallery, Londres): sujet moderne, flammes, incandescence… la matière picturale crée le paysage plus qu'elle ne le représente.

En parallèle, les romantiques retrouvent le sens du mouvement, de la couleur, de la lumière, de la touche libre et passionnée. Les paysagistes anglais (Constable, Turner) exercent de ce point de vue une influence considérable. Comme chez Goya au début du siècle, les convictions politiques s'expriment fortement (Géricault, Delacroix), ainsi que les tourments individuels (Friedrich). Les sujets se renouvellent par des emprunts à une littérature non classique (Shakespeare, Goethe), par des emprunts à l'histoire et par l'exotisme.


Le réalisme

L'Angélus (entre 1857 et 1859), huile sur toile de Jean-François Millet (musée d'Orsay, Paris): ce tableau au réalisme austère et à la facture classique célèbre le monde paysan du XIXe s.

Après la révolution de 1848, des peintres comme Millet ou Courbet bousculent le sujet pictural. Délaissant les grandes émotions romantiques et les mythologies académiques, ils mettent le monde réel au cœur des préoccupations artistiques. La peinture est un « art concret » lié aux « choses existantes », explique Courbet, et un « art vivant », en prise sur la société. On traite le paysage avec réalisme, sans idéalisme (Corot ; Millet et son groupe à Barbizon ; Boudin à Honfleur). Le travail (paysans, ouvriers) devient un thème central, et les artistes jettent un regard cru, souvent aiguisé par leur conscience politique, sur la société contemporaine. Meunier représente le versant réaliste de la sculpture.


De nouvelles images

Le xixe s. est le siècle de l'estampe : caricatures (Daumier), affiches (Toulouse-Lautrec, Mucha), gravures sur bois (Doré) illustrant la presse et les livres. Inventée dans la première moitié du siècle, la photographie se développe surtout à partir des années 1850 ; elle devient un support de l'art, soit parce qu'elle reproduit des œuvres célèbres ou des modèles, soit parce qu'elle offre des œuvres d'art à part entière.


La sculpture

En France, de nombreux sculpteurs suivent la doctrine néoclassique au début du siècle, combinant parfois la référence à l'art antique avec le naturalisme pittoresque. Barye développe un art animalier ; Rude donne une expression romantique aux valeurs nationales (la Marseillaise, arc de triomphe de l'Étoile) ; Carpeaux introduit la sensualité (la Danse, palais Garnier). La fin du siècle est dominée par le génie de Rodin.


L'impressionnisme

Les Coquelicots (1873), huile sur toile de Claude Monet (musée d'Orsay, Paris): l'artiste s'efforce de capter les «impressions» lumineuses que lui livrent les rives de la Seine et la campagne environnante dans leur réalité changeante.

Le groupe de peintres formé autour de Manet, puis de l'impressionnisme, présente un attachement commun au « réalisme ». Mais alors que les réalistes restaient imprégnés de la tradition des ateliers, les nouveaux peintres, travaillant volontiers en plein air (« sur le motif »), s'intéressent à la lumière et aux effets atmosphériques. Cela les conduit à une facture rapide, allusive, où la touche de couleur pure joue un rôle essentiel. L'espace, construit par la perspective depuis la Renaissance, se dissout en perceptions rétiniennes (Monet). Avec Manet et Cézanne s'impose la surface du tableau, objet réduit à des surfaces colorées.


Postimpressionnisme et symbolisme

L'Île des morts (1886), huile sur bois d'Arnold Böcklin (musée des Beaux-Arts, Leipzig): dans une immobilité et un silence quasi minéraux, ce paysage symboliste appartient tout aussi bien au monde du rêve qu'à celui du fantastique.

Les libertés conquises par les impressionnistes suscitent très vite, chez des peintres théoriciens, des exigences contraires (comme, par exemple, un retour à la rigueur de la composition). En systématisant la division de la touche, Seurat retrouve l'intensité de la vision colorée. Il crée le pointillisme, qu'adoptent Signac et, provisoirement, Pissarro et Van Gogh. Aux sujets tirés de la vie quotidienne, il rend une grandeur classique. Une recherche de suggestions secrètes a fait appliquer à Gauguin la qualité de représentant du symbolisme. Si d'autres symbolistes mettent des moyens plus traditionnels au service d'un imaginaire inquiétant (G. Moreau, Redon, Ensor, Böcklin), ses véritables disciples sont les nabis (M. Denis).


L'architecture

La première moitié du siècle prolonge le mouvement néoclassique (Percier, Fontaine), avec toutefois, sous l'influence romantique, des incursions dans le Moyen Âge ou dans l'exotisme. La seconde moitié généralise le recours aux styles anciens plus ou moins mêlés (Garnier, Viollet-le-Duc). L'architecture du fer apparaît, ainsi que les premiers gratte-ciel aux États-Unis (école de Chicago). Enfin, l'Art nouveau (Horta, Guimard) cherche une intégration des constructions et du mobilier dans une ambiance décorative où prime l'inspiration végétale.