Entre baroque et classicisme
(xviie s.)

La peinture des formes et de la lumière

Héritier en partie du maniérisme, le baroque donne au xviie s. son accent majeur. Ce grand courant est l’expression de la Réforme catholique (ou Contre-Réforme), qui veut éblouir, toucher les sens plus que la raison. La peinture en présente deux aspects principaux : d’une part, elle contribue à créer un décor grandiose en s’intégrant à l’architecture (la virtuosité des trompe-l’œil atteint alors ses sommets) ; d’autre part, la lumière devient pour les peintres un élément prépondérant, le révélateur des formes. La peinture baroque présente un grand sens du pathétique, du mouvement et des éclairages dramatiques. Plusieurs courants alimentent la production italienne : celui, réaliste, du Caravage et des « caravagesques » (italiens ou étrangers passés par Rome) ; celui, académique, des peintres de Bologne (Carrache, Reni...). Les grands maîtres baroques du décor, comme Pierre de Cortone, s’inspirent de Titien ou de Rubens, lequel a ouvert une voie neuve par ses compositions tournoyantes, son espace ouvert. L’époque est un âge d’or pour la Flandre (Van Dyck), les Provinces-Unies (Hals, Rembrandt, Vermeer et tous les maîtres de la peinture de chevalet à l’usage de la bourgeoisie), l’Espagne (Velázquez, Zurbarán, Murillo, Ribera...), voire la France (Poussin, Lorrain, La Tour, les frères Le Nain...).


L’Arrivée de Marie de Médicis (1621-1625), huile sur toile de Petrus Paulus Rubens (musée du Louvre, Paris): avec sa science du mouvement, l’ampleur de ses compositions, Rubens, formé en Italie, importe le baroque en Flandre.

L’architecture au xviie s.

À Rome, l’architecture baroque se caractérise par sa théâtralité, l’emploi de courbes et d’effets de surprise (Bernin, Borromini…). En France, les architectes (Le Vau, Mansart, Perrault, Hardouin-Mansart…) sont sensibles à cette révolution du goût tout en restant attachés à un art plus sévère, ainsi qu’à la tradition, exprimant pleinement l’esprit du classicisme. Les architectes anglais alternent références à Palladio et alliances entre baroque et classique (Wren), ce qui préfigure certains aspects du néoclassicisme. Dans l’Allemagne et l’Autriche affectées par les guerres, le baroque effectue ses premiers pas avant son plein épanouissement, au siècle suivant, en parallèle du rococo.

Façade du château de Versailles: commencé en 1662 par Louis Le Vau, continué à partir de 1678 par Hardouin-Mansart, le palais consacre le classicisme français et fournit un modèle de magnificence princière que l’Europe imitera.

La sculpture entre violence et sérénité

Les formules classiques ou maniéristes sont bousculées, dans la première moitié du xviie s. à Rome, par l’impétuosité de la sculpture baroque, incarnée par Bernin. En France, le mouvement est représenté par Puget ; pendant la même période, l’art versaillais (Girardon, Coyzevox...) réalise un compromis mesuré entre tradition et modernité.