UN ART DE TRANSITION
(xive s. ➝ xve s.)

La peinture des primitifs

En parallèle de l’art du vitrail, qui demeure omniprésent sur la période médiévale tardive, se développe la peinture sur panneau de bois des primitifs. Au xive s., en Italie, les conventions de la peinture byzantine sont abandonnées par Cimabue, et surtout Giotto, qui établit les bases de la figuration « moderne » (volumes en trois dimensions, expressivité des personnages, etc.). Puis au xve s., à l’esthétique gracieuse de l’art gothique international, qui a essaimé un peu partout en Europe, s’oppose une peinture nordique de tendance réaliste (Van Eyck, Van der Weyden, Van der Goes...). Son influence s’exerce, à des degrés divers, sur de nombreux artistes européens (Quarton, Bosch, Schongauer, Grünewald). Durant cette période de transition entre le Moyen Âge et la Renaissance, la peinture a étendu son champ d’action : premier autoportrait avec J. Fouquet ; profondeur due à la transparence des couches picturales chez Van Eyck, etc.

Arnolfini et sa femme (1434), huile sur bois de Jan Van Eyck (National Gallery, Londres): chez ce grand maître flamand de la technique à l’huile (le premier peut-être), l’attention portée aux détails concourt au réalisme des oeuvres.


La sculpture de la grâce

Les façades des cathédrales sont restées le lieu privilégié de la sculpture monumentale jusqu’à la fin du xiiie s. Puis, à partir du xive s., les statues isolées (Vierges aux beaux drapés, gisants qui tendent au portrait) se multiplient. La représentation, encore très idéalisée, évolue vers plus de souplesse, voire plus d’expression réaliste. Le sculpteur néerlandais Sluter, qui œuvre en Bourgogne, produit un art expressif et dramatique (thème de la Mise au tombeau, par ex.), qui influence fortement la sculpture française du xve s. La vogue des retables sculptés se développe en Europe centrale, dans les Flandres, en Espagne. Puis, en Italie, à l’aube du quattrocento, l’esprit de la Renaissance commence à se faire sentir dans la sculpture.


Vers une nouvelle vision du monde

Une nouvelle représentation voit le jour en peinture, dont les éléments les plus significatifs sont l’esprit humaniste et la traduction de l’espace. La conviction que la période antique a quelque chose d’essentiel à enseigner gagne les artistes au cours du xve s. En effet, au-delà des questions de style et de proportion, l’Antiquité païenne leur révèle que l’on peut placer l’homme, et non plus Dieu, au centre d’une vision du monde. Le but de la peinture n’est alors plus de figurer des vérités symboliques, mais de tenter de restituer un monde vu par l’œil humain. Un système est en conséquence mis au point pour représenter l’espace : celui de la perspective géométrique linéaire (Uccello).


La Bataille de San Romano (vers 1438- 1440), huile sur bois de Paolo Uccello (National Gallery, Londres): dans cette composition, le traitement de la perspective, parfaitement maîtrisée, prend un caractère de jeu intellectuel.