L'art contemporain
(xxe s. ➝ xxie s.)

Les avant-gardes

Débarrassée des académismes, la peinture du xxe s. explore deux grandes directions : l'expression, sous le signe de Van Gogh, et la construction, sous le signe de Cézanne. L'expressionnisme se développe en Allemagne au début du siècle (Kirchner, Nolde). Les artistes introduisent dans la peinture des préoccupations psychologiques et sociales (dénonciation de la misère, de la guerre). En France, le fauvisme (Matisse, Vlaminck, Derain) s'en rapproche par son usage de la couleur, mais sans dimension tragique. Le cubisme (Picasso, Braque) consomme la rupture avec la représentation héritée de la Renaissance. Le tableau n'est plus une « fenêtre » ouverte sur le monde, mais une surface où l'artiste organise formes et couleurs. Du cubisme dérivent le futurisme et toute l'abstraction géométrique. Le xxe s. voit en effet naître, à partir de 1910, un art « abstrait », sans référence au monde visible. On y retrouve la tendance à l'expression et au lyrisme (le premier Kandinsky) et la tendance géométrique (Malevitch, Mondrian), représentée par le constructivisme (que prolonge l'enseignement du Bauhaus).


Composition suprématiste (1915), huile sur toile de Kazimir Malevitch (Stedelijk Museum, Amsterdam): le peintre illustre ici sa théorie de la souveraineté de la forme abstraite cantonnée au carré, au rectangle, au triangle, à la croix et au cercle.

De dada au renouveau figuratif

Avant la guerre de 1914-1918, l'« école de Paris » regroupe des artistes du monde entier dans la capitale (Chagall, Soutine, Modigliani). En pleine guerre, le mouvement dada se manifeste à Zurich (Arp) et à New York (Picabia, Duchamp) comme une protestation de l'absurde contre l'absurde. Le mouvement, introduit à Paris, se développe ensuite dans le surréalisme, davantage tourné vers les expériences de dessin automatique, les images oniriques et l'érotisme (Ernst, Miró, Magritte, Dalí). L'entre-deux-guerres est une période d'un certain retour à l'ordre et du renouveau de la figuration, perceptible dans le réalisme américain (Hopper).


La Tour rouge à Halle (1915), huile sur toile d'Ernst Ludwig Kirchner (musée Folkwang, Essen): un paysage urbain traité dans le style expressionniste – traits anguleux, couleurs dissonantes, touche nerveuse.

La sculpture moderne et contemporaine

La sculpture moderne s'est assez tôt écartée des apparences du réel. Les techniques traditionnelles (Maillol) sont concurrencés par des techniques d'assemblage telles que le fer soudé (Calder). L'épuration formelle de Brancusi influence de nombreux sculpteurs (H. Moore). Lyrisme et expressionnisme sont très pratiqués à partir des années 1950 (Giacometti), avant d'être accompagnées par les assemblages du nouveau réalisme (Tinguely, César...) et les mises en scène expressives du monde contemporain (hyperréalisme). Aujourd'hui, la sculpture éclate en de nouveaux modes d'expression (Serra, Kapoor).


La peinture de l'après-guerre

Après 1945, la scène artistique se déplace vers New York, où les peintres américains (De Kooning, Pollock, Rothko) y développent un expressionnisme abstrait.


Les tendances européennes équivalentes (Fautrier, Soulages) offrent un style plus mesuré (Hartung, Staël). Une certaine violence picturale se manifeste également dans la peinture figurative (Dubuffet et l'art brut ; groupe Cobra ; écoles anglaises avec Bacon...). À l'opposé, des courants nés dans les années 1960 cherchent à traquer la peinture dans ce qu'elle a de plus essentiel : l'art minimal qui offre de purs champs de couleur et des formes élémentaires (Stella) ; en France, le groupe Support/Surface (Buren) ; l'art cinétique et sa recherche d'effets optiques (Vasarely). Également apparues dans les années 1960, d'autres tendances rendent compte de la société contemporaine, avec des intentions tantôt dénonciatrices, tantôt ouvertement commerciales : pop art anglo-américain (Lichtenstein, Warhol), nouveau réalisme français (Raysse, Y. Klein) et divers groupes de « figuration narrative », à contenu volontiers politique.


L'éclatement des modes d'expression

À partir du début du xxe s., en s'affranchissant des règles les artistes se sont aussi souvent écartés des strictes disciplines traditionnelles (peinture ou sculpture). Le cubisme, le futurisme, le dadaïsme ont inauguré les mélanges de matériaux (collage, photomontage, etc.). Des assemblages, installations et environnements divers sont produits à partir des années 1960 par des artistes plus ou moins liés au nouveau réalisme (Christo et Jeanne-Claude), au pop art (Rauschenberg), à l'art pauvre, au land art, à des formes variées d'art technologique et d'art vidéo (Nam June Paik).


L'architecture moderne et contemporaine

La rupture avec les formes du passé s'affirme au début du xxe s. avec l'école de Vienne (O. Wagner). Puis, deux grandes tendances d'avant-garde apparaissent à partir des années 1920 : la géométrie rigoureuse du style international (ou « mouvement moderne ») de Le Corbusier, Gropius, Mies van der Rohe ; et divers courants « organiques » aux structures plus souples (F. L. Wright, Aalto...). À partir de 1950, une sorte de lyrisme néobaroque caractérise certaines œuvres (Niemeyer) tandis qu'à une architecture métallique de haute technologie (Foster, Piano) s'oppose une attitude « postmoderne » renouant avec le patrimoine du passé (Bofill).