Avec la mort de Louis XIV, l’année 1715 voit s’achever une longue période de monarchie absolue. À l’autre bout du siècle, la prise de la Bastille marque l’année 1789. Entre ces deux dates symboliques, la littérature témoigne de l’évolution des esprits.
Des influences
▶ Esclavage ou liberté et utopie
La découverte et l’exploitation économique du Nouveau Monde entraînent deux attitudes contrastées : une réflexion sur la nature de l’homme (Voltaire, Candide, 1759) et un goût pour le sentimentalisme et l’exotisme, où des amours tumultueusement tragiques pourraient se nouer dans un univers de « bons sauvages » (Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, 1788).
Des hommes
▶ Les auteurs
• Si Montesquieu vit de l’exploitation coloniale basée sur l’esclavage et le commerce triangulaire, il pose cependant dans ses écrits la question de la dignité humaine (« De l’esclavage des nègres » dans De l’esprit des lois, 1748).
• Marivaux avait déjà imaginé que les rôles pussent s’inverser, en 1725, dans la comédie l’Île des esclaves où le maître Iphicrate apprend à « servir », tandis que Beaumarchais met en scène le serviteur Figaro qui dénonce les prérogatives du seigneur, le comte Almaviva.
• Voltaire, à travers son œuvre féconde et variée (Dictionnaire philosophique, 1770), dénonce l’intolérance des religions et se montre hostile à l’influence de l’Église. Quant à Rousseau, il se fait remarquer par la nouveauté de sa réflexion en matière d’éducation (Émile ou De l’éducation, 1762) et de politique (Du contrat social, 1762). Il annonce aussi le mouvement romantique (Confessions, 1782-1789).
▶ Le public
La revendication des femmes au droit à l’instruction et l’élargissement d’une bourgeoisie cultivée renouvellent la réception des œuvres et étendent leur influence. Trois maîtres mots gouvernent la nouvelle société : jeu, argent et ascension sociale. Roman et théâtre trouvent matière dans cette actualité.
Des idées
Trois objectifs animent les écrits de cette époque : émouvoir, faire réfléchir sur les institutions, diffuser le savoir.
▶ L’Encyclopédie du siècle des Lumières
Le « grand œuvre » du xviiie s. est l’Encyclopédie, appelée aussi Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (1751-1772).
D’Alembert et Diderot, entourés de plus de 250 collaborateurs, y dressent l’inventaire des connaissances. À travers un classement alphabétique des notions, les auteurs mènent une réflexion sur le savoir, la morale, l’organisation sociale et politique.
La démarche des Encyclopédistes inquiète les autorités politiques et religieuses.
Le privilège de publication est suspendu dès 1759, et c’est à l’étranger que le travail de publication se poursuit.
Mots-clés
Conte philosophique : s’appuyant sur le principe du conte, Voltaire invente le genre pour inciter le lecteur à la réflexion.
Dictionnaire philosophique : recueil alphabétique d’idées sur les sujets les plus divers et, parfois, les plus subversifs.
Lettres philosophiques : il s’agit d’écrits de réflexion.
Lumières : le mot désigne par analogie les penseurs et philosophes de cette époque qui remettent en cause les croyances du passé grâce à un point de vue « éclairé » par la raison.
Roman épistolaire : fiction se présentant sous la forme d’une correspondance.
Roman picaresque : histoire à épisodes dont le héros est un aventurier qui traverse une succession d’épreuves à valeur initiatique.
Ce genre littéraire apparaît en Espagne dès le xvie s.