Les dieux romains
Les Romains sont un peuple pieux et superstitieux : les dieux, les rites sont innombrables, et correspondent à tous les aspects de la réalité quotidienne. On retiendra surtout les douze grands dieux « olympiens » empruntés au panthéon grec :
▶ Jupiter = Zeus (chez les Grecs) : dieu tout-puissant du Ciel, dont les attributs sont l’aigle, la foudre et le sceptre.
▶ Junon = Héra : sœur-épouse de Jupiter, avec lequel elle entretient des rapports conflictuels. Elle protège les femmes et le mariage. Elle est accompagnée d’un paon.
▶ Neptune = Poséidon : dieu de la Mer, frère de Jupiter. Il porte le trident.
▶ Pluton = Hadès : dieu des Enfers, frère de Jupiter. Chez les Romains, il préside à la richesse agricole.
▶ Cérès = Déméter : déesse des Moissons et de la Fécondité. Elle porte la faucille et l’épi de blé.
▶ Minerve = Athéna : déesse de l’Intelligence et de la Sagesse. Elle est accompagnée de la chouette, et l’olivier est son emblème.
▶ Mars = Arès : dieu de la Guerre. Il est amoureux de Vénus.
▶ Vénus = Aphrodite : déesse de la Beauté et de l’Amour.
▶ Apollon (même nom en grec) : dieu du Soleil, de la Lumière et des Arts. Il porte l’arc et la lyre. Il conduit le quadrige des chevaux du soleil.
▶ Diane = Artémis : déesse de la Lune et de la Chasse, sœur d’Apollon. Elle porte un arc. Son front est souvent surmonté d’un croissant de lune. On la voit accompagnée d’une biche.
▶ Bacchus = Dionysos : dieu du Vin.
▶ Vesta = Hestia : déesse du Foyer, symbolisée par la flamme.
Les fêtes
Les Romains avaient des milliers de dieux et de divinités. Les fêtes qui leur étaient consacrées étaient fort nombreuses.
On en citera ici quelques-unes :
▶ 15 février : les Lupercales : on sacrifie des chèvres à Lupercus-Faunus, pour obtenir sa protection contre les loups. La cérémonie a lieu autour de la grotte du Lupercal, où la louve aurait allaité Romulus et Rémus. Après le sacrifice, les luperques courent dans les rues en frappant les femmes avec des lanières de peaux de bouc : ce rite était censé assurer la fécondité.
▶ 17 février : les Quirinalia : appelée également stultorum feriae, fête des fous ; c’est l’ancêtre de notre carnaval.
▶ 1er mars : les Matronalia : fête des mères, célébrée dans le temple de Junon.
▶ 17 mars : les Liberalia : fêtes de Liber-Bacchus, en l’honneur du dieu du vin. Les jeunes gens, âgés de 16 ans, passent à l’âge adulte, et ôtent de leur cou leur bulla, sorte de médaille en or ; ils quittent la toge prétexte pour la toge virile.
▶ 28 avril - 3 mai : les Ludi Florales : jeux floraux, chasses, spectacles divers, orgies souvent effrénées.
▶ Du 9 au 13 mai : les Lemuria : fête des lémures, ou revenants.
▶ Au cours du mois de septembre : Ludi Magni, Grands Jeux : jeux scéniques (du 4 au 12), et toutes les sortes de combats (du 14 au 18). Ces jeux d’origine étrusque sont essentiellement célébrés dans le Grand Cirque.
▶ Le mois de novembre comporte aussi des Jeux : les Ludi Plebei, Jeux populaires.
▶ 17 décembre : les Saturnalia, ou Saturnales : fête d’allégresse générale, où le monde est renversé : les esclaves deviennent les maîtres, et vice versa. On se fait des cadeaux, on se reçoit, on défile dans les rues. La fête, sous le signe de Saturne, est un retour à l’âge d’or, où tout le monde est libre et où tout est permis.
Les gymnastes, Villa Casale, Piazza Armerina, Sicile.
Des prêtres sont chargés des cultes officiels. Ce sont en particulier : les 15 pontifes, qui dirigent la religion ; les 15 flamines au service des grandes divinités ; les 7 vestales, jeunes filles patriciennes consacrées pendant 30 ans à Vesta. Le collège des augures prédit l’avenir en observant le vol des oiseaux et l’appétit des poulets sacrés, le collège des haruspices fait de même en observant les entrailles des animaux.
Dans chaque maison, on célèbre le culte des ancêtres, en vénérant les dieux lares.
La maison romaine
Les Romains sont de grands bâtisseurs, construisant routes, édifices, maisons publiques et privées. On distingue notamment trois sortes d’habitations : la domus, maison individuelle ; l’insula, immeuble locatif de rapport, occupé par des gens plus modestes ; la villa, maison de campagne.
▶ La domus
On pénètre dans la domus traditionnelle par un vestibule qui donne sur l’atrium (1).
L’atrium est une pièce carrée comportant en son centre un bassin à ciel ouvert, destiné à recueillir l’eau de pluie, denrée précieuse dans le monde méditerranéen.
Tout autour de cette pièce se trouvent des chambres (les cubicula) et le triclinium (salle à manger). Souvent, en face de l’entrée, et donc au fond de l’atrium, se trouve le tablinum, sorte de bureau où le pater familias (le père de famille) traite ses affaires et garde ses archives. À l’arrière de l’atrium se trouvent aussi une petite cuisine, des latrines, des pièces servant au stockage des provisions. Souvent, comme on peut le voir dans les ruines d’Ostie ou de Pompéi, les pièces donnant sur la rue sont transformées en boutiques, occupées par des locataires ou tenues par des esclaves de la maison.
Sur l’arrière de la maison, on trouve parfois de petits thermes privés et un jardin. Ce jardin, entouré d’une colonnade, d’où son nom de péristyle (2), deviendra la règle pour les riches maisons de la fin de la République et celles de l’Empire.
Toute cette partie, calquée sur la maison grecque (ses pièces portent d’ailleurs des noms grecs) vient donc s’ajouter à la maison romaine traditionnelle et initiale. Un corridor (fauces) permet le passage d’une partie à l’autre. La partie traditionnelle, se trouvant sur la rue, est la partie mondaine et professionnelle, alors que la partie arrière est plus familiale et plus intime.
Dans les riches demeures, le sol est souvent dallé de marbre ou paré de somptueuses mosaïques, et les murs sont revêtus de fresques. Même chez les riches (bien que le goût des meubles et des bois précieux se développe), l’ameublement reste relativement sommaire : tables, sièges, lits et coffres de rangement en constituent l’essentiel.
▶ L’insula
Mais la plupart des Romains vivaient dans des immeubles locatifs, appelés insulae (littéralement : « îles », ou « pâtés de maisons »). Ces immeubles nous sont bien connus, à la fois par l’archéologie (notamment ceux d’Ostie, le port de Rome) et par les textes littéraires (Juvénal). Les insulae étaient de gros blocs de plusieurs étages, quatre ou cinq en général, parfois plus, qui empilaient les unités d’habitation les unes sur les autres. Il n’y avait ni chauffage collectif ni cheminée, ni, le plus souvent, canalisations. Pour se chauffer et faire sa cuisine, on utilisait des réchauds ou des braseros, d’où d’énormes risques d’incendie ; on allait chercher son eau à une fontaine et, la plupart du temps, on évacuait ses « eaux usées »... par la fenêtre. Ces fenêtres n’ont pas de vitres, mais on peut souvent les fermer par des volets de bois. Les insulae étaient construites au moindre coût, d’où de fréquents effondrements. Les loyers n’étaient même pas bon marché !
▶ La villa
Les Romains aisés quittaient Rome dès qu’ils le pouvaient pour aller dans leurs villae de la campagne. Le premier sens du mot « villa » est « ferme », et on possède quelques exemples archéologiques de ces fermes traditionnelles : on y trouve greniers, caves, étables, écuries, aires à battre le grain, pressoirs dans la ferme, à côté du logement de la famille du maître et de celui des esclaves.
Mais le terme de « villa », à l’apogée de Rome, désigne plus souvent une maison de plaisance située en bord de mer ou à la campagne, le sens actuel du mot, par conséquent. Pour éviter l’ambiguïté, on parlera de villa rustica (« ferme ») et de villa urbana (« villa de plaisance »). Certaines de ces villae, comme celles de l’avocat et « haut fonctionnaire » Pline le Jeune, étaient de véritables palais, avec portiques, hippodrome, salle à manger d’hiver, salle à manger d’été, viviers pour le poisson et volières pour les oiseaux.
Repas et nourriture
▶ Les principaux repas sont :
— le jentaculum, petit déjeuner frugal (pain, fromage) ;
— le prandium, repas frugal de midi (pain, viande froide, olives, oignons, fruits) souvent pris « sur le pouce » ;
— la cena, véritable repas de fin de journée.
Quand on évoque les repas romains, on cite souvent les excès délirants de certains banquets de l’Empire avec nourriture surabondante (d’où la nécessité d’aller périodiquement au vomitorium pour se faire vomir en s’enfonçant deux doigts dans la gorge), joueuses de flûte, danseuses, esclaves dans les cheveux desquels on s’essuyait les mains... Des festins de ce genre étaient effectivement offerts par les nouveaux riches. Nous lisons ainsi dans le Satyricon de Pétrone la description d’un sanglier rôti : « À ses défenses pendaient deux corbeilles en feuilles de palmier, pleines l’une de dattes, l’autre de figues. Tout autour de la bête se trouvaient de petits marcassins faits en pâte dure, qui semblaient suspendus à ses mamelles, et qui indiquaient que la bête était une laie. »
▶ Mobilier et vaisselle
Mosaïque représentant de la vaisselle.
Dans la bonne société, pour la cena, on s’étend sur des lits de table destinés à accueillir chacun trois convives. Le plus souvent, on dispose trois lits qui forment trois côtés d’un carré, d’où le nom de triclinium (salle « à trois lits ») donné à la salle à manger. Par le côté resté libre, on sert et on dessert ; des tables sont placées au milieu, au centre de l’espace délimité par ces lits. En principe, les convives sont allongés en prenant appui sur le coude gauche et picorent avec la main droite dans les plats présentés. La nourriture est souvent présentée découpée en petits morceaux (il serait difficile de découper de la viande allongé dans cette position !).
Certains riches Romains possédaient plusieurs tonnes de vaisselle en métaux précieux, mais la vaisselle de base était constituée de plats et assiettes en terre cuite, de récipients en bronze pour la cuisson.
▶ La nourriture
Mais pour l’ensemble de la population, la nourriture est en fait toujours restée fort simple, à base de céréales (pain, galettes, gâteaux), de fromages (chèvre et brebis, notamment), de légumes (fèves, lentilles, pois chiches, oignons, poireaux, choux), salades, olives, fruits (pommes, poires, raisin, prunes, cerises, pêches). Les olives et les différents choux constituaient, pour Caton l’Ancien, la base de l’alimentation. On confectionnait également d’énormes gâteaux à base de farine, de miel et de fromage frais, comme dans cette recette citée par Caton : « Arroser de moût une mesure de farine, ajouter anis, cumin, deux livres de graisse, une livre de fromage, et râper une branche de laurier. » Les Romains étaient grands amateurs de poissons (à tous les prix) et de fruits de mer, généralement onéreux, sauf certains coquillages ; ils consommaient aussi diverses viandes (porc, mouton, bœuf, chevreau, volaille), mais, naturellement, on n’en mangeait pas tous les jours. La viande se mangeait souvent salée ou séchée, comme dans cette recette : « Il convient de saler les jambons dans une jarre ou dans un pot de la façon suivante : vous achèterez des jambes de porc, vous couperez les pieds, et vous achèterez une demi-mesure de sel romain mou par jambon » (Caton). Les Romains étaient particulièrement friands de hachis, farces et saucisses en tout genre. L’eau et le vin constituaient les deux boissons essentielles, alors que le miel était le seul sucre connu des Romains.
Les Romains raffolaient du garum, sauce obtenue par la macération de poissons dans de la saumure et des épices. Ce condiment peut être comparé au nuoc-mâm vietnamien.
Hygiène et soins du corps
Les Romains ont le souci de l’hygiène corporelle. Si les riches possèdent des bains privés, les autres vont aux bains publics (il en existe dès le iiie siècle av. J.-C.).
▶ Sous l’Empire, on assiste à la création d’édifices gigantesques où se mêlent toutes les classes sociales : on ne se contente pas de s’y baigner, on y discute, on y mange, on y fait de la gymnastique. De gigantesques canalisations font circuler l’eau et l’air chauds produits dans l’hypocauste.