Montaigne (Michel Eyquem de)

Écrivain français (château de Montaigne, auj. comm. de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533 - id. 1592).

Issu d'une famille enrichie par le négoce et récemment anoblie, il étudie le droit et devient conseiller à la cour des aides de Périgueux (1554), puis au parlement de Bordeaux (1557), où il rencontre son « frère » d'élection, Étienne de La Boétie. Il fréquente la cour et, deux ans après la mort de son père (1568), il vend sa charge. En 1569, il publie une traduction de la Theologia naturalis du philosophe catalan Raymond Sebon et, en 1571, une édition d'œuvres de La Boétie. Retiré dans son domaine, il commence dans sa « librairie » (sa bibliothèque) ses Essais dont la première édition (deux premiers livres) paraît en 1580. Du 22 juin de la même année au 30 nov. 1581, il entreprend à travers l'Europe un long périple qu'il relate dans son Journal de voyage. Ayant appris à Lucques son élection à la mairie de Bordeaux, il remplit consciencieusement sa charge (1581-1585) et achève la deuxième édition de ses Essais, qui paraissent enrichis de nombreuses additions et d'un troisième livre (1588). Après un voyage à Paris, Montaigne consacre ses dernières années à préparer une nouvelle édition des Essais, qui sera publiée grâce à Mlle de Gournay, sa « fille d'alliance », et à P. de Brach (1595). Né dans le siècle de l'humanisme, mais appartenant à une époque de crise politique et intellectuelle, Montaigne n'a pas l'enthousiasme encyclopédique qui animait Rabelais et démontre la faiblesse de la raison humaine. « Que sais-je ? », telle est la question éternellement ouverte qu'il s'est choisie pour devise. Il développe un « art de vivre » fondé sur une sagesse inspirée du bon sens et de la tolérance.

Les Essais (1580 - 1595) furent conçus à l'origine à partir de citations d'écrivains antiques, et portant sur les questions les plus diverses (De la coutume, Du pédantisme, De l'amitié, Des cannibales, etc.). Ils se transforment, au fil des éditions, en une vaste exploration intérieure où Montaigne cherche, par-delà lui-même, à découvrir « la forme entière de l'humaine condition ».