roman, romane [rɔmɑ̃, -an] 

adjectif

(lat. pop. *romanice, à la façon des Romains [par opp. aux Francs], puis « récit en langue courante [par opp. au latin] »)

  1. Se dit des langues dérivées du latin populaire (catalan, espagnol, français, italien, portugais, occitan, roumain).
  2. Se dit de l'art (architecture, sculpture, peinture...) qui s'est épanoui en Europe aux XIe et XIIe s : Églises romanes.

roman

nom masculin

  1. Langue dérivée du latin, parlée entre le Ve et le Xe s., et qui se différenciait, selon les régions, en gallo-roman, hispano-roman, italo-roman, etc.
  2. Art, style roman.
BEAUX-ARTS

Art symbolique qui, dans sa création majeure, celle des édifices religieux, tend avant tout à l'expression du sacré, l'art roman est d'une grande clarté fonctionnelle dans ses procédés : mise au point, pour échapper aux catastrophiques incendies de charpentes, de systèmes variés de voûtes de pierre (berceaux, voûtes d'arêtes) avec leurs contrebutements appropriés (tribunes ou hauts collatéraux [bas-côtés] de part et d'autre du vaisseau principal des églises, contreforts) ; stricte localisation de la sculpture en des points vitaux (chapiteaux) ou privilégiés (tympans et ébrasements des portails) de l'édifice ; soumission des plans aux besoins liturgiques (circulation organisée des fidèles, par les collatéraux et le déambulatoire, dans les grandes églises de pèlerinage, comme St-Martin de Tours au début du XIe s.).

Empruntant aux sources les plus variées (carolingienne, antique, de l'Orient chrétien, de l'islam, de l'Irlande), l'art roman brille en France dès la seconde moitié du Xe s. (abbatiale de Cluny II, auj. disparue) et à partir de l'an mille : narthex à étages de Tournus (Saône-et-Loire) [qui rappelle les constructions de ce qu'on a appelé le premier art roman, petites églises répandues dans certaines régions montagneuses, de la Catalogne aux Grisons], rotonde de St-Bénigne de Dijon, tour Gauzlin de Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret) [où s'affirme la renaissance de la sculpture monumentale]. Le XIe s. est le temps de toutes les inventions et, déjà, d'une parfaite maîtrise, qui allie volontiers jaillissement et massivité (Conques, Payerne [cant. de Vaud], Jumièges [Seine-Maritime]). L'œuvre de la fin du XIe s. et de la première moitié du XIIe s., en France (St-Sernin de Toulouse, Cluny III, églises de Normandie, d'Auvergne, du Poitou, de Provence, de Bourgogne, églises à coupoles du Périgord) ou en Angleterre (Ely, Durham), n'en est que l'épanouissement, avec une remarquable amplification des programmes iconographiques, sculptés (cloître puis porche de Moissac, tympans bourguignons [Autun, Vézelay], etc.) ou peints (fresques ou peintures murales de S. Angelo in Formis près de Capoue [Campanie], de Tavant [Indre-et-Loire], de Saint-Savin, de la Catalogne, etc.).

Des édifices d'une grande majesté s'élèvent dans les pays germaniques, de l'époque ottonienne (env. 950 à 1030 : St-Michel de Hildesheim, églises de Cologne) à la fin du XIIe s., dans la région mosane (Ste-Gertrude de Nivelles) et en Italie (cathédrale de Pise), ce dernier pays demeurant toutefois sous l'influence dominante des traditions paléochrétienne et byzantine ; ici et là, les problèmes de voûtement demeurent secondaires, les grands vaisseaux restant (à l'exception, majeure, de Spire) couverts en charpente.

On n'oubliera pas, enfin, la production de la période romane dans les domaines de l'enluminure des manuscrits (ateliers monastiques d'Allemagne, d'Angleterre, d'Espagne, de France), du vitrail, de la ferronnerie, ainsi que dans un ensemble de techniques où brille notamment la région de la Meuse : travail de l'ivoire, émaillerie, orfèvrerie, objets en laiton coulé (cuve baptismale de St-Barthélemy de Liège).