architecture [arʃitɛktyr] 

nom féminin

  1. Art de concevoir et de construire un bâtiment selon des règles techniques et des canons esthétiques déterminés ; science de l'architecte.
  2. LITTÉRAIRE Structure, organisation : L'architecture d'un roman.

Reflet d'une époque, d'une culture, d'une société, l'architecture modèle les hommes et agit sur leur mode de vie. L'architecte est le maître d'œuvre d'un art synthétique par excellence, qui concerne à la fois le dessin (plans des façades), la sculpture (volumes des bâtiments) et l'organisation d'un espace. Le type de l'édifice est conditionné par les ressources techniques de chaque civilisation et par le programme (c'est-à-dire la destination) qui lui est assigné – lequel inclut non seulement des données rationnelles, mais aussi des valeurs symboliques.

Des liens étroits avec une société et un terroir.

De tout temps, l'architecture a permis d'exprimer un pouvoir politique : imposantes pyramides de l'Égypte antique marquant la puissance du pharaon, fastueux château de Versailles qui assoit celle du Roi-Soleil. Les conditions économiques et sociales agissent aussi, inévitablement, sur l'architecture. Ainsi, dans la Florence du xve s., la montée d'une nouvelle classe de marchands et de banquiers ouvre une période de construction de grands palais ; dans l'Angleterre des xviie et xviiie s., la florissante aristocratie terrienne fait construire de nombreux manoirs à l'architecture élégante ; aux États-Unis, le gratte-ciel est emblématique, par l'augmentation constante de sa hauteur, de la concurrence effrénée entre les entreprises qu'il abrite. L'architecture entretient également des liens étroits avec la religion : dans de nombreuses civilisations, le temple, l'église, le lieu sacré sont, dès les origines, le monument par excellence de la communauté.

Les matériaux, leur disponibilité dans une région et l'évolution des connaissances techniques ont aussi à l'évidence une influence déterminante. Si le nord de la France construit en brique, faute de pierre, la Scandinavie, riche en forêts, utilise largement le bois. Au xixe s., l'architecture alterne rejet et promotion de nouvelles techniques. Elles ne seront réellement acceptées et mises en valeur qu'au xxe s., qui verra des audaces plastiques rendues possibles par la mise au point du béton armé.

L'architecte dans l'histoire.

Certains architectes ont marqué l'histoire de l'art par leur personnalité, leurs recherches et leurs écrits. On s'est ainsi référé, pendant des siècles, aux principes de l'Antiquité grecque consignés par Vitruve. Le Moyen Age reste largement anonyme, même si quelques pierres de cathédrales ont transmis les noms de grands maîtres d'œuvre. À la Renaissance, les recherches de Brunelleschi et d'Alberti marquent leur temps. À partir du xvie s., les traités de Palladio et de Vignole, inspirés des principes de l'Antiquité gréco-romaine, guident l'architecture jusqu'à la fin du xixe s. Avec, au tournant du xxe s., l'usage de matériaux nouveaux, fer et béton notamment, s'ouvre le champ de l'architecture et l'obstination de quelques novateurs de génie (comme Van de Velde, Gropius, Mies van der Rohe, Le Corbusier, Wright, Niemeyer) réussit à vaincre les usages traditionnels pour donner naissance à l'architecture moderne.

L'architecture aujourd'hui.

Avec des influences très diverses, où domine souvent la figure de Le Corbusier (chez Richard Meier ou Niemeyer en part.), le xxe s. se caractérise par le pluralisme des partis pris et des doctrines : valeur esthétique des circulations et des espaces techniques (Piano et Richard Rogers pour le Centre Pompidou), mise en valeur des éléments structurels apparents (Foster), postmodernisme (Rossi), dépouillement formel et attention au contexte naturel ou urbain (Ando Tadao, Álvaro Siza), réminiscence de l'architecture moderne des années 1920 et 1930 (Portzamparc), retour délibéré aux formes du classicisme (Bofill), recours privilégié au verre et au métal (Nouvel) ou à la géométrie des formes et à leur pouvoir symbolique (Pei Ieoh Ming), expressionnisme structurel (Santiago Calatrava). Depuis la fin du XXe s., favorisée par les progrès techniques, l'architecture est redevenue synonyme de prouesse formelle : les architectes peuvent non seulement représenter des projets aux formes courbes très complexes, qu'ils ne savaient jusqu'à présent pas dessiner, mais aussi faire en sorte que ces formes soient constructibles. Pour ce faire, les agences de Frank Gehry, Zaha Hadid, Rem Koolhaas, ou encore Herzog-de Meuron, Coop Himmelbau et Sanaa, font appel à des logiciels de conception assistée par ordinateur, souvent issus de l'aéronautique.