nom masculin
(lat. ecclés. judaismus)
Ensemble de la pensée et des institutions religieuses du peuple d'Israël, des Juifs.
Le judaïsme est la première des trois grandes religions monothéistes, précédant le christianisme et l'islam. Bien que les termes « judaïsme » et « juif » soient apparus tardivement, le phénomène spirituel et social qu'ils recouvrent plonge ses racines dans l'histoire très ancienne du peuple hébreu. (→ Hébreux.)
Le peuple de l'Alliance.
Cette histoire commence par l'appel adressé par le Dieu unique à Abraham (vers 1760 av. J.-C.). Ses principales étapes sont : l'installation en terre promise, l'exil en Égypte où Joseph, vendu par ses frères, est devenu conseiller du pharaon, la sortie d'Égypte sous la conduite de Moïse (XIIIe s. av. J.-C.) ; l'inauguration de l'Alliance du peuple hébreu avec son Dieu (Yahvé) sur le mont Sinaï ; l'installation des descendants d'Abraham en Palestine (fin du XIIIe s. av. J.-C.) ; les grands règnes de David et de Salomon, l'apparition des prophètes d'Israël, les épreuves de l'exil chez les Assyriens (VIIIe s. av. J.-C.) et les Babyloniens (VIe s. av. J.-C.) ; enfin, la guerre avec les Romains (Ier-IIe s. apr. J.-C.) et la dispersion (diaspora) des Juifs dans divers pays, surtout à partir du IIe s. apr. J.-C.
Ce sont ces derniers événements qui semblent avoir donné au judaïsme proprement dit sa pleine unité. En effet, dans les deux catastrophes nationales que furent, d'une part, la destruction, sous les coups des Babyloniens, du premier Temple puis de la ville de Jérusalem en 587 av. J.-C., d'autre part, celle du second Temple par Titus en 70 apr. J.-C., suivie de celle de Jérusalem par Hadrien en 135, le peuple juif a réagi en réaffirmant avec une vigueur particulière son adhésion à l'Alliance avec Yahvé. Ainsi montrait-il que son histoire depuis Abraham et Moïse est inexplicable sans ce sentiment d'une vocation et d'une responsabilité spécifiques.
Les Écritures et la Loi (Torah).
Fondamentale pour le judaïsme est la Loi, avec sa double expression, écrite et orale. La Loi écrite est représentée par la Bible hébraïque, qui correspond à peu près à ce que les chrétiens appellent l'Ancien Testament et qui comprend : la Loi consignée, selon la tradition, par Moïse dans le Pentateuque ou Torah ; les Prophètes (Nebiim) et les Hagiographes ou Écrits (Ketoubim). La Loi orale est formée par une importante masse de commentaires, achevée v. 220 par le rabbin Ha-Nassi. Le recueil de ceux-ci, la Mishna, a donné lieu à une prolifération d'interprétations complémentaires qui a abouti, d'une part au Talmud de Jérusalem, achevé en Palestine vers le milieu du IVe s., d'autre part, au Talmud de Babylone, qui date de 500 environ. Sur les deux sources que constituent la Loi écrite et la Loi orale, ou double Torah, s'est greffée une immense littérature mystique et philosophique marquée par des emprunts aux cultures environnantes.
La communauté juive et la Diaspora.
Après la guerre avec les Romains, l'histoire du judaïsme se confond avec celle des communautés de la Diaspora dans de nombreux pays. Ces dernières, n'ayant plus de Temple, réaffirment leur fidélité à l'Alliance dans le cadre de la famille et à la synagogue. Elles sont souvent en butte aux persécutions et à l'antisémitisme, dont la forme la plus monstrueuse s'exprima, sous le nazisme, dans l'Holocauste ou Shoah. Le judaïsme de la Diaspora comprend deux grands courants qui ont chacun ses traditions : celui des Ashkénazes (Allemagne, Europe centrale et orientale) et celui des Séfarades (bassin méditerranéen). Il a connu parfois des expressions spirituelles et messianiques telles que le hassidisme, renouveau populaire de piété dans l'allégresse. Mais il garde comme constante le souci d'une pratique incluant un rituel minutieux, des observances riches de symboles et des fêtes à l'occasion desquelles se retrouvent des gens conscients d'appartenir à une même communauté, bien que n'interprétant pas tous de la même façon leur histoire commune.