histoire [istwar] 

nom féminin

(lat. historia, mot gr.)

  1. Ensemble des faits décisifs situés dans le passé concernant un sujet, une période, un domaine marquants pour l'humanité ; ouvrage relatant ces faits : Histoire de France. Histoire de Louis XIV. Écrire une histoire de la Seconde Guerre mondiale.
  2. Partie du passé connue principalement par des documents écrits (par opp. à préhistoire) : La période intermédiaire entre la préhistoire et l'histoire est appelée la protohistoire.
  3. Étude et science des événements passés : Elle a une licence d'histoire.
  4. Mémoire que la postérité garde du passé : L'histoire jugera. Son nom restera dans l'histoire.
  5. Suite des événements, des faits, des états qui ont marqué l'évolution d'une discipline, d'un domaine, d'un concept, etc. ; ouvrage décrivant cette évolution : Histoire de l'art. L'histoire de la médecine. L'histoire d'un mot (= son évolution phonétique et morphologique).
  6. Relation d'événements concernant un thème donné : Histoire d'un procès.
  7. Récit d'actions, de faits imaginaires : Raconter une histoire à un enfant (SYN.  conte, légende).
  8. Succession d'événements affectant qqn ou qqch : Il m'est arrivé une histoire extraordinaire (SYN.  aventure). Elle est l'héroïne de toute l'histoire (SYN.  affaire). L'histoire de ce bijou est étonnante.
  9. (Surtout au pl.). Propos mensongers : Allons ! Ce sont des histoires, tout ça !
  10. (Surtout au pl.). Incident, embarras, complications : Chercher des histoires (= chercher querelle). Tu ne vas pas en faire toute une histoire ! (SYN.  affaire, drame). Je ne veux pas d'histoires (SYN.  ennui).
  11. Conflit, désaccord à propos de qqch : Ils se sont fâchés à cause d'une histoire d'argent.
  12. C'est toute une histoire, c'est long à raconter.

    FAMILIER Histoire de (+ inf.), dans l'intention de : Histoire de rire.

    Histoire drôle, court récit décrivant une situation fictive et destiné à faire rire.

    La petite histoire, les anecdotes concernant le passé ; les faits marginaux complémentaires qui se sont produits autour d'un événement quelconque : Pour la petite histoire, ajoutons que...

  13. Histoire naturelle, ancien nom des sciences naturelles : Muséum d'histoire naturelle.

L'Antiquité et le Moyen Âge.

Afin d'assurer la conservation des faits mémorables vécus par chaque génération, les scribes du Proche-Orient antique ou du monde gréco-romain, les clercs du Moyen Âge, les lettrés chinois, japonais ou musulmans ont rédigé des documents narratifs (annales, chroniques) et dressé des généalogies. Parallèlement, des auteurs, dont les premiers sont les Grecs Hérodote et Thucydide (Ve s. av. J.-C.), ont proposé sur des sujets historiques des exposés rationnels et cohérents, qui ont servi de modèle à des générations d'historiens. Parmi eux, citons l'historien chinois Sima Qian (v. 145-v. 86 av. J.-C.), Tite-Live, Tacite et Plutarque, illustres représentants de l'histoire romaine, Grégoire de Tours, Bède le Vénérable, Geoffroi de Villehardouin, Jean de Joinville, Jean Froissart, chroniqueurs de l'Occident médiéval, et Ibn Khaldun, aux vues novatrices sur l'histoire musulmane.

De l'érudition au positivisme.

À la fin du XVe s. et au XVIe s., le développement de l'humanisme, l'étude des historiens de l'Antiquité, les réalisations artistiques de la Renaissance, la découverte des terres nouvelles et des peuples inconnus donnent une impulsion nouvelle à la recherche historique. Rompant avec la conception médiévale et chrétienne de l'histoire du monde, les historiens s'orientent vers l'érudition méthodique fondée sur la critique des sources.

À la fin du XVIIe s., grâce à l'œuvre des congrégations religieuses (jésuites, bénédictins de Saint-Maur) et aux progrès des sciences auxiliaires de l'histoire comme la diplomatique, étude de la façon dont sont établis actes et documents officiels, et la paléographie, les règles et les méthodes de l'histoire savante sont mises au point. Des ouvrages polémiques, ne répondant pas toujours aux normes de la critique historique, reflètent les grands débats de l'époque : Réforme (protestante) et Contre-Réforme (catholique), monarchie absolue et droits des nobles, foi dans le triomphe de la raison à l'époque des Lumières. Parmi les grands érudits de la Renaissance et de l'âge classique, citons Philippe de Commynes, Jean Bodin, Jean Mabillon, Bernard de Montfaucon, Giambattista Vico.

La mise à la disposition du public érudit des archives royales, seigneuriales et ecclésiastiques après la Révolution française permet, au XIXe s. et au début du XXe s., le perfectionnement des règles et des méthodes du travail historique. L'histoire « positiviste », qui les applique avec rigueur, prétend être une science capable de reconstituer le passé. Elle traite des seuls faits dont l'exactitude peut être établie : événements militaires, diplomatiques, institutions. Parmi les grands représentants du positivisme se sont illustrés des historiens allemands, notamment Theodor Mommsen.

La nouvelle histoire.

Le positivisme est attaqué au nom de la sociologie de Durkheim, puis de la « nouvelle histoire » de l'école des Annales. Fondée par Marc Bloch et Lucien Febvre en 1929, cette dernière privilégie l'étude des structures socio-économiques, des phénomènes collectifs et non plus celle des événements. Désormais, l'histoire s'intéresse aux mouvements de longue durée, séculaires, ou pluriséculaires, à l'environnement naturel ou aménagé de l'homme : climat, végétation, habitat, vêtement, outillage, mouvement des prix et des salaires, mentalités et attitudes devant la vie et la mort, structures de parenté. Désormais, l'historien se sert des méthodes de la critique historique érudite et des techniques récentes (statistique, informatique, datation à l'aide du carbone 14...) pour répondre à des interrogations nouvelles. Parmi les historiens des dernières décennies, citons Arnold Toynbee, Fernand Braudel, Jacqueline de Romilly, Emmanuel Le Roy Ladurie, Alain Corbin et Georges Duby.