figuration [figyrasjɔ̃] 

nom féminin

  1. Action de figurer qqn, qqch ; résultat de cette action : La figuration des océans en bleu sur une carte (SYN.  représentation).
  2. ART CONTEMPORAIN Art qui s'attache à représenter les formes du monde visible ou prend ces formes, nettement identifiables, comme matériau (par opp. à art abstrait, ou non figuratif) ; art figuratif. (→ expressionnisme.)
  3. Métier ou rôle de figurant : Faire de la figuration.
  4. Ensemble des figurants d'un film, d'une pièce de théâtre : Un film comportant une nombreuse figuration.
ART CONTEMPORAIN

Au moment où, après la Seconde Guerre mondiale, l'art abstrait bouleverse les données esthétiques modernes, la figuration devient, pour certains artistes classés dans l'« avant-garde », un choix déterminé : manifestation d'un rapport subjectif à la réalité (groupe Cobra, Bacon, Dubuffet, etc.), volonté politique (l'Italien Renato Guttuso), investigation poétique (les surréalistes, Balthus) ; parfois même, elle apparaît comme l'aboutissement d'une démarche d'abord abstraite (le Français Jean Hélion).

Les années 1960 et 1970.

À partir des années 1960 s'affirme, en Europe, une quête d'images significatives du monde d'aujourd'hui sous l'aspect iconographique, sociologique et idéologique. Dans cette voie, où se situent des peintres comme le Suédois Öyvind Fahlström, l'Islandais Erró, proche du pop art, l'Italien Leonardo Cremonini, adepte d'un réalisme halluciné, ou le Serbe Vladimir Veličkocić, héritier du surréalisme et de l'expressionnisme, la « nouvelle figuration » s'impose durant les années 1960. Elle se développe suivant deux axes principaux (avec de multiples interférences) : d'une part, l'analyse de l'image et de ses structures (M. Raysse, Michelangelo Pistoletto, Valerio Adami, Peter Klasen, Hervé Télémaque, etc.) ; d'autre part, l'affirmation d'un contenu en prise sur la réalité sociale contemporaine et débouchant sur la « figuration narrative », plus politique (les Espagnols Juan Genovés, Rafael Canogar, Eduardo Arroyo ; les Français Jacques Monory, Gilles Aillaud, Bernard Rancillac, Gérard Fromanger, Ernest Pignon-Ernest...). Souvent d'exécution froide (comme un peu plus tard chez les hyperréalistes américains), cette figuration témoigne parfois aussi d'un regain d'intérêt pour le « métier », notamment dans le dessin (Gérard Titus-Carmel, Bernard Moninot, par exemple).

Des années 1980 à nos jours.

Toute différente est, de la fin des années 1970 aux années 1990, la figuration puissante et exubérante du « néoexpressionnisme », volontiers chargée de références historiques et culturelles. Elle trouve ses représentants en Allemagne avec les « nouveaux fauves » (Georg Baselitz, Anselm Kiefer) ; en Italie avec la « trans-avant-garde » d'Enzo Cucchi ou de Francesco Clemente ; en France, à côté des références classiques de Gérard Garouste, ou de la brutalité raffinée de Jean-Charles Blais, s'impose avec Robert Combas la « figuration libre », au graphisme joyeux et coloré issu de la bande dessinée, de la science-fiction et de l'art populaire, tandis qu'aux États-Unis Julian Schnabel, Jean-Michel Basquiat et Keith Haring opèrent une puissante synthèse entre peinture et graffiti.

Aujourd'hui, la figuration, parce qu'elle a assimilé les apports de l'art abstrait en termes de composition, de supports et de matières employées, n'est plus revendiquée par les artistes dans une opposition à l'abstraction.