expressionnisme [ekspresjɔnism]

nom masculin

(de expression)

Tendance artistique et littéraire du XXe s. qui s'attache à l'intensité de l'expression.

expressionniste

adjectif et nom

Qui se rapporte, se rattache à l'expressionnisme ; artiste appartenant à cette tendance : La peinture expressionniste.

Les précurseurs sont, à la fin du XIXe s., Van Gogh, Munch, Ensor, dans la peinture desquels la vigueur de la touche, les rapports de couleurs insolites sont au service de l'intensité expressive et d'une conception généralement pessimiste de la destinée humaine. Profondément nordique (mais présentant de nombreux points communs avec le fauvisme français), ce courant se développe en Allemagne avec les peintres du groupe « Die Brücke » (Dresde, puis Berlin, 1905-1913), Kirchner, Nolde, Max Pechstein, Karl Schmidt-Rottluff, etc., imprégnés de primitivisme, cultivant les simplifications formelles, la violence graphique, l'irréalisme de la couleur. À Munich, le groupe « Der Blaue Reiter » (1911-1914) évolue vers l'abstraction lyrique.

La Première Guerre mondiale suscite l'expression pathétique de Kokoschka, la critique sociale sarcastique de Max Beckmann, Otto Dix et Georg Grosz (mouvement de la « Nouvelle Objectivité »), tandis qu'un robuste courant flamand est illustré par les peintres de l'école de Laethem-Saint-Martin (v. ce nom), tels Permeke, Gustave De Smet, F. Van den Berghe. Au Mexique se développe l'expressionnisme, issu de la révolution, des muralistes (réalisant de grandes fresques murales) José Clemente Orozco ou David Alfaro Siqueiros. L'école française offre des individualités puissantes comme celles de Rouault et de Soutine.

Après 1945, l'expressionnisme connaît un regain dans des courants qui combinent une volonté primitiviste avec la spontanéité gestuelle apprise des surréalistes : ainsi, en Europe, le mouvement Cobra, aux États-Unis l'expressionnisme abstrait, l'action painting (fondée sur le geste) de Pollock, De Kooning, Franz Kline ou l'abstraction chromatique d'un Newman ou d'un Mark Rothko.

À l'expressionnisme appartiennent des sculpteurs comme les Allemands Ernst Barlach et Käte Kollwitz (également graveur), comme Ossip Zadkine dans une certaine mesure, suivis après 1945 par de nombreux artistes, tels l'Américain Theodore Roszak ou la Française G. Richier.

En Allemagne, encore, apparaît vers la fin des années 1970 le courant des « nouveaux fauves » (« Neue Wilde ») : peintres (pour la plupart également sculpteurs) dont l'expressionnisme semble nourri par une conscience tourmentée de leur pays : Georg Baselitz, A. R. Penck, Markus Lüpertz, Jörg Immendorf, Anselm Kiefer.