La leçon de Cézanne et la découverte de l'art négro-africain (que connaissaient déjà les fauves) ouvrent la voie aux travaux de Picasso (les Demoiselles d'Avigon, 1906-1907) et de Braque (dont les paysages « cézanniens » de 1908 paraissent à un critique comme réduits à une articulation de petits cubes). Une phase analytique, à partir de 1909, voit l'adoption par les deux artistes amis de plusieurs angles de vue pour la figuration d'un même objet, disséqué en multiples facettes dans une gamme restreinte de teintes sourdes. Ces œuvres frôlent parfois l'abstraction (cubisme « hermétique »), mais l'introduction de chiffres ou de lettres au pochoir puis, en 1912, l'intervention du collage et du papier collé réintroduisent le réel sous une forme nouvelle, ouvrant la phase synthétique du cubisme. À la même époque, d'autres peintres, réunis dans le groupe dit « de Puteaux » puis « de la Section d'or », expérimentent la nouvelle esthétique et organisent à Paris des présentations de leurs œuvres qui font scandale : les frères Duchamp, Albert Gleizes et Jean Metzinger, qui publient ensemble en 1912 un traité théorique, Louis Marcoussis, André Lhote, J. Gris, dont l'œuvre est exemplaire, F. Léger, R. Delaunay (ce dernier représentant une version lumineuse et colorée du cubisme, baptisée orphisme par Apollinaire), etc. Divers sculpteurs, sur les traces de Picasso, interprètent en trois dimensions les principes cubistes : Alexander Archipenko, Joseph Csáky, Duchamp-Villon, H. Laurens, J. Lipchitz, Ossip Zadkine. Après la Première Guerre mondiale, chacun des créateurs ou adeptes du cubisme prend sa liberté par rapport à celui-ci ; il en est de même pour de nombreux artistes qui, des Pays-Bas à la Russie, en ont subi l'influence, au premier rang desquels Mondrian, Malevitch et les constructivistes.