Henri II Plantagenêt

(Le Mans 1133 - Chinon 1189), roi d'Angleterre (1154-1189), fils de Geoffroi V Plantagenêt et de Mathilde ; duc de Normandie (1150-1189), comte d'Anjou (1151-1189) et duc d'Aquitaine (par son mariage avec Aliénor) [1152-1189].

Accédant au trône d'Angleterre à la mort d'Étienne de Blois, Henri II rétablit rapidement l'ordre et l'autorité monarchique, et entreprend de donner une certaine unité à ses vastes domaines. L'empire Plantagenêt comprend en effet le royaume d'Angleterre, la Normandie, le sud-ouest de la France et l'Anjou, qui en est la clef de voûte. Henri II recrute parmi les lettrés et surtout les clercs d'excellents collaborateurs qu'il déplace à travers ses provinces ; il ébauche une administration centrale et déploie une intense activité législatrice. Cette œuvre réformatrice heurte les privilèges des barons et de l'Église. Il lui faut sans cesse briser l'opposition féodale, tant en Angleterre qu'en France (particulièrement en Aquitaine, dont il a confié l'administration à la reine Aliénor). Il reprend l'Église en main, mais au prix d'un conflit dramatique avec l'archevêque de Canterbury, Thomas Becket, auparavant son meilleur ami, qui refuse d'approuver les constitutions de Clarendon (1164) régissant les rapports entre l'Église et l'État. Le prélat est assassiné dans sa cathédrale par des serviteurs d'Henri II (1170), et le roi est contraint de se soumettre à une pénitence publique. Du moins peut-il s'appuyer sur la bourgeoisie des villes, auxquelles il accorde des chartes de franchise.

À l'extérieur, le roi s'assure dès 1166 la maîtrise de la Bretagne. Il tente de conquérir l'Irlande (1170), neutralise les chefs gallois et oblige le roi d'Écosse à lui prêter hommage. Il lutte victorieusement contre le roi de France Louis VII et s'allie avec l'Empire, la Sicile et la Savoie. Ses plus graves difficultés surgissent des révoltes de ses fils, Henri, Geoffroi, Richard et Jean, qu'il brise d'abord facilement après avoir défait leur allié, le roi d'Écosse. Mais l'appui que Philippe Auguste donne aux princes révoltés, à partir de 1183, assombrit la fin de son règne.

Héritier d'un empire disparate, Henri II s'est efforcé de l'unifier en substituant notamment aux règles féodales une législation issue en grande partie du droit romain. Il a paradoxalement joué un rôle important dans le processus d'unification du royaume de France.