urbain, urbaine [yrbɛ̃, -ɛn] 

adjectif

(lat. urbanus, de urbs, urbis, ville)

  1. De la ville (par opp. à rural) : Les populations urbaines (SYN.  citadin). Transports urbains (= assurés par la municipalité).
  2. SOUTENU Qui fait preuve d'urbanité : Homme extrêmement urbain (SYN.  courtois, poli).
  3. GÉOGRAPHIE Aire urbaine, en France, ensemble de communes contiguës, formé par des unités urbaines et des communes rurales.► Elle est constituée d'une unité urbaine principale de plus de 10 000 emplois et d'autres unités urbaines dont au moins 40 % des actifs travaillent dans l'unité urbaine principale ou les communes avoisinantes.

    Art urbain, ensemble des pratiques artistiques éphémères (affichage, inscription, etc.) ayant pour cadre l'espace public (rues, façades, tunnels, transports en commun). [On dit aussi street art.]

    GÉOGRAPHIE Unité urbaine, en France, commune ou ensemble de communes qui comporte sur son territoire une zone bâtie continue d'au moins 2 000 habitants.

urbain, urbaine

nom

Personne habitant une ville ; citadin.

L'art urbain apparaît dans les années 1960 sous plusieurs formes. En France, certains artistes (Buren, Ernest Pignon-Ernest, Gérard Zlotykamien), refusant la marchandisation de l'œuvre d'art, décident d'exposer directement dans la rue, tandis que Mai 68 fait fleurir affiches et inscriptions particulièrement inventives. Parallèlement, l'art du graffiti contestataire émerge aux États-Unis (métro de New York) – calligraphie à la bombe aérosol qui constitue, à partir des années 1970, la composante plastique de la culture hip-hop et qui inspire en retour les artistes (Jean-Michel Basquiat, Keith Haring).

Le graffiti américain se diffuse en France dans les années 1980 et devient plus figuratif. Il est le fait d'autodidactes empruntant à la culture populaire (Blek le rat, Miss.Tic, Speedy Graphito, Jef Aérosol) ou d'auteurs plus proches des milieux artistiques (Jérôme Mesnager, les Frères Ripoulin et les VLP [Vive la peinture]), adeptes de l'affiche et de la peinture murale, qui sauront attirer l'attention des galeries.

Après un recul des pratiques dans les années 1990, les années 2000 marquent l'entrée dans l'ère « post-grafitti » : à côté de l'affiche (Shepard Fairey) et du pochoir (Banksy), d'autres techniques apparaissent comme la mosaïque (Invader), l'adhésif (l'Atlas), ou les nouvelles technologies (Graffiti Research Lab). L'art urbain s'appuie de plus en plus sur la publicité, la signalétique et le mobilier urbain pour en détourner les messages et les fonctions (Roadsworth, Dan Witz, Zevs, Poster Boy, Thom Thom, Brad Downey), tandis qu'Internet permet une nouvelle diffusion des œuvres.

Contestataire, ludique, conceptuel ou poétique, l'art urbain est une forme libertaire de reconquête et de réenchantement d'un espace collectif perçu comme déshumanisant ou oppressant. Mais il n'est pas sans ambiguïté : entre signes de reconnaissance pour initiés et dispositifs visuels visant l'impact sur le plus large public, entre pratiques furtives en marge de la légalité et commandes officielles forcément consensuelles, entre vandalisme sauvage et communication bien orchestrée, entre culte de la gratuité et de l'anonymat et vedettariat lucratif, les frontières ne sont pas toujours étanches.