nom masculin
(de terreur)
Ensemble d'actes de violence (attentats, prises d'otages, etc.) commis par une organisation dans un but politique.
Problématique de la terreur.
La définition du terrorisme n'a pas cessé d'embarrasser la communauté internationale, certains États ou mouvements considérant que le recours au terrorisme relève d'un droit fondamental, la résistance à l'oppression. Il est fréquent de considérer que le terrorisme constitue l'arme du faible et de l'opprimé devant une force supérieure. Or, la terreur, inspirée délibérément à l'ennemi, constitue de façon générale l'un des ressorts essentiels de l'action militaire, qui n'est elle-même que l'instrument destiné à faire plier la volonté adverse : des chefs de guerre comme Gengis Khan, Tamerlan, eurent recours à la terreur sous forme d'actes d'une exemplaire cruauté. Faire assez peur, c'est faire plier. Mais faire trop peur, ce peut être radicaliser l'adversaire en provoquant le sursaut de l'indignation ou en canalisant l'énergie du désespoir. En somme, on peut considérer que la terreur permet d'économiser les forces en démultipliant les effets psychologiques pour une dépense d'énergie réduite.
Une action de guerre.
Tous les groupes qui prétendent lutter contre une oppression revendiquent la légitimité d'une sorte d'action de guerre. C'est pourquoi il existe un malaise politique au regard du terrorisme. « La terreur est à l'ordre du jour », déclare en 1793 la Convention* nationale, qui entend ainsi « frapper de terreur les ennemis de la révolution ». Tout est dit dans ces formules. Et l'on sait qu'à la terreur républicaine a succédé la terreur blanche, qui, davantage, participait d'un esprit de représailles. Il existe, en effet, une sorte de terrorisme de représailles ou de vengeance qui consiste à frapper anonymement un adversaire plus puissant : on peut citer comme exemple l'attentat de Lockerbie contre le vol 103 de la Pan Am, perpétré par les services secrets libyens, à la suite du raid des États-Unis contre Tripoli en 1986 ; on peut aussi assimiler à cette forme de terrorisme les attentats-suicides qui se multiplient en Israël depuis l'occupation des territoires palestiniens.
Un moyen au service d'une fin.
Au xxe siècle, nombre de chefs d'organisations terroristes, d'Eamon De Valera en Irlande à Yasser Arafat en Jordanie-Palestine, en passant par Menahem Begin ou Nelson Mandela en Afrique du Sud, sont parvenus, en raison des transformations du milieu conflictuel, à accéder à la légitimité qui fait les chefs d'État. Le mouvement palestinien islamiste Hamas est présenté comme une organisation terroriste par Israël et les États-Unis, mais il constitue aussi une organisation politique ayant des branches armées, portée légalement au pouvoir en 2006. On comprend, dans ces conditions, qu'il a toujours été, et qu'il restera très difficile pour la communauté internationale de s'accorder sur une définition commune du terrorisme. En effet, en raison de son acception péjorative, le terme lui-même devient un enjeu faisant l'objet de manipulations psychologiques et politiques. Très souvent, les groupes armés sont qualifiés de bandits ou de terroristes par l'autorité en place. Les résistants de la Seconde Guerre mondiale étaient traités de terroristes par les autorités d'occupation allemande. À l'opposé, nombreux sont ceux qui mettent en cause le « terrorisme d'État », en considérant les phénomènes de répression violente, les pressions psychologiques, les intimidations sur les personnes, etc., exercées par certaines dictatures ou régimes totalitaires (Hitler et le IIIe Reich, les purges staliniennes, les Khmers rouges au Cambodge, la dictature militaire en Argentine, etc.).
L'évolution du terrorisme.
Phénomène rampant, le terrorisme se déplace dans l'espace, tandis que ses formes et son intensité évoluent dans le temps. À la fin du xixe siècle, les anarchistes russes et espagnols cherchaient à décapiter le pouvoir en place ou à créer par la terreur un climat révolutionnaire. Au xxe siècle, la fin de la guerre froide, les rumeurs d'apocalypse de l'an 2000 et la fascination pour la modernité informatique ont créé une « ambiance » particulière qui suggère un terrorisme « nouvelle manière » avec ses pirates menant des attaques virtuelles. De plus, l'attentat perpétré en 1995 dans le métro de Tokyo par la secte japonaise Aum shinri-kyo, qui répandit un gaz toxique (le sarin), a conduit à redouter le recours par des terroristes à des armes de destruction massive (cf. bioterrorisme). On peut aussi craindre le terrorisme nucléaire, en raison des trafics de matières fissiles en provenance des pays de l'ex-URSS. À l'aube du xxie siècle, les attentats du 11 septembre* 2001 au cœur des États-Unis, revendiqués par Oussama Ben Laden – le porteur du projet islamiste radical de l'organisation terroriste al-Qaida (cf. islamisme) –, marquent une étape. C'est en raison de l'ampleur inégalée des pertes humaines et matérielles que l'on qualifie aujourd'hui cette forme d'action d'« hyperterrorisme ». La recherche du massacre et des destructions massives distingue ce terrorisme de celui qui existait jusque-là.