romantisme [rɔmɑ̃tism]

nom masculin

(de romantique)

  1. Ensemble des mouvements intellectuels et artistiques qui, à partir de la fin du XVIIIe s., firent prévaloir le sentiment sur la raison et l'imagination sur l'analyse critique : Le romantisme littéraire et le romantisme musical.
  2. Caractère, comportement d'une personne romantique, dominée par sa sensibilité : Le romantisme de l'adolescence.
LITTÉRATURE

Le romantisme est un mouvement européen qui se manifeste dans les lettres dès la fin du XVIIIe s. en Angleterre et en Allemagne, puis au XIXe s. en France, en Italie et en Espagne. Il se caractérise par une réaction du sentiment contre la raison : cherchant l'évasion dans le rêve, dans l'exotisme ou dans le passé, il exalte le goût du mystère et du fantastique. Il réclame la libre expression de la sensibilité et, prônant le culte du moi, affirme son opposition à l'idéal classique. Le romantisme se dessine dès les romans de Richardson (Clarisse Harlowe, 1747) et les poèmes d'Ossian et prend forme avec Goethe (les Souffrances du jeune Werther, 1774), Novalis et Hölderlin en Allemagne, Southey et Wordsworth (Ballades lyriques, 1798) en Grande-Bretagne. Plus tardif dans le reste de l'Europe, le romantisme triomphe en France avec Lamartine, Hugo, Vigny, Musset, qui prolongent un courant remontant à J.-J. Rousseau en passant par Mme de Staël et Chateaubriand. Entre la révolution de 1830 et celle de 1848, le romantisme s'impose comme « une nouvelle manière de sentir », notamment en Italie (Manzoni, Leopardi) et en Espagne (J. Zorrilla). Son influence dépasse les genres littéraires proprement dits ; c'est à lui qu'est dû le développement de l'histoire au XIXe s. (A. Thierry, Michelet) et de la critique (Sainte-Beuve). À partir du milieu du XIXe s., le romantisme survit à travers la poésie de V. Hugo et les œuvres des écrivains scandinaves, tandis que les littératures occidentales voient l'apparition du réalisme.

BEAUX-ARTS

S'élaborant contre la tradition académique et contre le néoclassicisme de l'école de David, le courant romantique fait triompher, dès la fin du XVIIIe s., mais surtout dans la première moitié du XIXe s., la spontanéité et la révolte (annoncées par Goya), là où dominaient la froideur et la raison. Les transformations du monde (surtout la Révolution française) ramènent au premier plan l'individu, avec ses propres bouleversements, ses inquiétudes devant la réalité, ses mythes et sa lucidité (Géricault : le Radeau de la Méduse, 1819), ses cauchemars et ses rêves (Heinrich Füssli, peintre suisse installé en Angleterre ; Turner), ses errements (portraits d'aliénés de Géricault), ses indignations et ses espoirs (Delacroix : Scènes des massacres de Scio, 1824 ; la Liberté guidant le peuple, 1830). La solitude, la nuit, la mort voisinent avec le bouillonnement de la vie et avec la lumière selon l'artiste, son tempérament, sa culture. Le romantisme connaît ainsi une grande diversité.

Les paysagistes anglais (Turner, Constable...), avec leur attirance pour une nature sauvage, apportent un renouveau du métier pictural, notamment par l'aquarelle. Ils mêlent à leurs œuvres une partie d'imaginaire, tandis que Blake atteint à la puissance d'un mysticisme visionnaire, et Füssli à un fantastique inquiétant. Tous deux sont marqués par un goût littéraire (la Bible, Shakespeare, Milton) en accord avec leurs aspirations, comme le peintre allemand Friedrich l'est par Novalis lorsqu'il peint l'infini, la solitude ou la nuit (paysages des monts des Géants).

Annoncé aussi bien par les paysages peuplés de ruines antiques de Robert que par le coloris audacieux de Gros (les Pestiférés de Jaffa, 1804), le romantisme français se développe dans une exaltation passionnée, dans une recherche incessante du mouvement et de la richesse chromatique chez Géricault et Delacroix. Les thèmes littéraires (Delacroix : Dante et Virgile aux Enfers, 1822) côtoient les sujets contemporains (Géricault : le Cuirassier blessé, 1814), tandis que l'histoire, et notamment celle du Moyen Âge gothique, interprétée avec fantaisie, est une source abondante tant pour l'architecture (néogothique anglais puis français) que pour la peinture et la lithographie (Célestin Nanteuil). La connaissance de l'Orient et de l'Afrique fournit de nouveaux coloris, des rythmes inédits, un mélange insolite de réel et d'imaginaire : c'est le courant orientaliste, en partie dérivé du romantisme et que représentent notamment Alexandre Decamps, Chassériau, Fromentin.

MUSIQUE

Issu du Sturm und Drang allemand, comme de l'idéologie de la Révolution française, le romantisme musical établit sa spécificité par rapport au classicisme en accordant la prépondérance au sentiment, à l'idée, en prônant l'éclatement de la forme et la recherche du contraste. D'inspiration extramusicale (littéraire, philosophique, picturale), cette esthétique favorise l'épanouissement du lied, du piano (l'instrument romantique par excellence), du drame lyrique et de l'orchestre, qui s'enrichit, se diversifie, les instruments étant recherchés pour leur timbre, leur couleur. Ce mouvement trouve sa terre d'élection dans les pays germaniques et son modèle dans les partitions majeures de Beethoven.

Parmi les œuvres représentatives de cette période (et dans des genres différents), on peut citer : Marguerite au rouet de Schubert, le Freischütz de Weber, la Symphonie fantastique de Berlioz, les 24 Préludes opus 28 de Chopin, les Amours du poète de Schumann, Rigoletto de Verdi, la Sonate en « si » mineur de Liszt, Tristan et Isolde de Wagner.