nom féminin
Noblesse de robe, noblesse formée de bourgeois anoblis grâce aux fonctions ou charges qu'ils avaient exercées.
La noblesse au Moyen Âge.
Appliqué, sous l'Antiquité, à une partie de l'élite romaine, ce terme désigne avant tout l'aristocratie qui se constitue en Europe après les grandes invasions du Ve s. La noblesse fonde son pouvoir sur ses qualités guerrières et sa puissance foncière. Le noble est avant tout un miles (soldat) qui a pour fonction propre de se battre. Véritable guerrier professionnel, il ne se déplace et ne combat qu'à cheval. La noblesse constitue un groupe aristocratique détenteur de nombreux privilèges – droit de porter des armes, d'acquérir des fiefs, etc. – et se caractérise par des coutumes fondées sur l'honneur ainsi que par des règles juridiques particulières (droit d'aînesse). Les nobles subissent entre le XIIe et le XVe s. une crise importante résultant d'un affaiblissement numérique (croisades, Reconquista) et financier, ainsi que de l'autorité retrouvée des souverains et du rôle croissant des villes. Alors que la noblesse est héréditaire depuis le XIVe s., une partie de la bourgeoisie y accède alors, par les différents moyens qui lui sont offerts ; aux achats de fiefs, aux mariages nobles et aux lettres d'anoblissement signées par le roi s'ajoutent les achats d'offices (charge avec juridiction), à l'origine d'une noblesse dite « de robe », dont les fonctions sont d'ordre administratif.
Les noblesses dans l'Europe d'Ancien Régime.
Minoritaires (3 % de la population), elles soutiennent le système monarchique tout en s'opposant au renforcement de l'absolutisme. Pologne, Russie, Hongrie et Espagne rassemblent alors les deux tiers des nobles d'Europe. S'ils partagent un certain nombre de valeurs culturelles, ainsi que l'atteste la civilisation aristocratique et cosmopolite du XVIIIe s., ils diffèrent par le type de privilèges dont ils jouissent, l'extension de leur pouvoir politique et la nature de leurs fonctions. La noblesse d'Angleterre, très ouverte, participe à la vie économique. Dans les « Républiques nobiliaires » (Suède, Pologne, Hongrie, Venise), la noblesse accapare pouvoirs politiques et activités économiques.
La noblesse d'Ancien Régime en France.
Second ordre du royaume, elle se prétend détentrice de vertus l'opposant à la roture, possède des privilèges honorifiques, fiscaux (exemption de la taille) et juridiques, et se fait réserver certaines charges dans l'armée, à la cour, dans l'Église. Elle a aussi ses devoirs : servir le roi et vivre « noblement », ce qui lui interdit la plupart des activités économiques. Comblée de faveurs mais étroitement contrôlée sous Louis XIV, elle s'efforce au XVIIIe s. de retrouver une partie du pouvoir politique qui lui a été confisqué. Ainsi, la réaction aristocratique dirigée contre Louis XVI précède la Révolution française.
Le déclin de la noblesse.
Supprimée sous la Révolution, la noblesse française est rétablie dans ses titres, mais non dans ses privilèges, en 1815 et augmentée alors de la noblesse d'Empire. Mais l'égalité civile s'affirme et les titres de noblesse ne sont plus confirmés par l'État sous la IIIe République. Le reste de l'Europe évolue aussi vers l'égalité civile et la noblesse de titres, au cours du XIXe s., quoique plus lentement en Europe orientale. La démocratisation des institutions entraîne sa disparition dans la majorité des États, à l'exception des monarchies constitutionnelles.