anglicanisme [ɑ̃glikanism]

nom masculin

Église officielle de l'Angleterre, reconnaissant pour son chef le souverain du royaume, depuis la rupture d'Henri VIII avec Rome (1534) ; sa doctrine, ses institutions.

Les débuts.

L'anglicanisme est le résultat d'une scission, d'un schisme, entre l'Église d'Angleterre et l'Église de Rome. Il est la conséquence non de l'action de tel ou tel prédicateur, mais d'un problème matrimonial du souverain. Henri VIII, n'arrivant pas à faire annuler par le pape Clément VII un premier mariage, brave l'interdiction pontificale et fait bénir son union avec Anne Boleyn par Thomas Cranmer, qu'il vient de nommer pour la circonstance archevêque de Canterbury. Excommunié par le pape, Henri VIII fait voter par le Parlement un Acte de suprématie (1534) qui l'institue chef suprême de l'Église d'Angleterre. Tout en poursuivant ceux qui s'opposent à cette entreprise schismatique, il maintient la hiérarchie et la doctrine catholiques (Bill des six articles, 1539). L'Église d'Angleterre s'oriente dans le sens du protestantisme sous le règne d'Édouard VI, avec une confession de foi d'inspiration calviniste et l'adoption d'une liturgie en langue anglaise (Book of Common Prayer, 1549 et 1552). Marie Tudor, reine de 1553 à 1558, s'efforce de restaurer le catholicisme, mais sa sanglante répression et son mariage avec Philippe II d'Espagne ne font qu'exaspérer la haine du peuple vis-à-vis des « papistes ».

L'institutionnalisation.

La véritable instauratrice de l'Église d'Angleterre est Élisabeth Ire, fille d'Henri VIII et d'Anne Boleyn. Avec son Acte de suprématie et son Acte d'uniformité (1559) et surtout avec les Trente-Neuf Articles de religion (1563), elle cherche à stabiliser l'Église anglicane dans une voie moyenne entre le calvinisme extrême et le catholicisme romain. Elle se donne le titre, que reprendront ses successeurs, de modératrice suprême, mais ne s'arroge par là aucun droit sur la doctrine. Dès la fin du XVIe siècle, l'anglicanisme est traversé par deux tendances qui deviendront la Haute Église (High Church), soucieuse de garder la liturgie et la hiérarchie catholiques, et la Basse Église (Low Church), plus proche du calvinisme. Au XVIIIe siècle s'y ajoute la Large Église (Broad Church), qui veut défendre l'unité protestante et met l'accent sur la morale individuelle.

L'anglicanisme dans le monde.

À l'Église d'Angleterre, qui comprend 44 diocèses, se rattachent l'Église dite épiscopalienne des États-Unis et les communautés homologues des dominions et des missions. Cette « communion anglicane », dont le primat est l'archevêque de Canterbury, compte quelque 77 millions de membres avec environ 800 évêques. Elle prend une part active au mouvement œcuménique, multipliant les rencontres avec les catholiques et les orthodoxes.