agriculture [agrikyltyr] 

nom féminin

(lat. agricultura ; v. agricole)

Activité économique ayant pour objet la transformation et la mise en valeur du milieu naturel afin d'obtenir les produits végétaux et animaux utiles à l'homme, en partic. ceux destinés à son alimentation.

L'agriculture fournit la quasi-totalité de l'alimentation de l'humanité. Aussi a-t-elle éliminé plus ou moins complètement, selon les régions, la végétation naturelle.

L'activité agricole demeure fondamentale dans tous les pays et toutes les sociétés. L'agriculture concourt aussi, mais beaucoup moins qu'autrefois, à la production de matières premières nécessaires à la fabrication de textiles (lin, coton, etc.). Les destinations industrielles de ses produits se sont diversifiées : la canne à sucre et le colza, par exemple, sont utilisés dans la fabrication de biocarburants. L'agriculture a beaucoup évolué au cours des dernières décennies, tant du point de vue technique que du point de vue économique.

Les progrès techniques.

La production agricole fait l'objet de nombreuses recherches destinées à améliorer, notamm., la productivité. La meilleure connaissance de la physiologie des plantes et des caractéristiques des sols permet d'établir des plans de fertilisation, automatisés par programmes informatiques. Sous serre, on sait cultiver des plantes « hors-sol », sur des substrats artificiels et avec des solutions nutritives dépourvues de germes. Dans la mise au point de nouvelles variétés de plantes et l'amélioration des races animales, les variétés à haut rendement sont privilégiées ; on recherche également des caractéristiques comme la résistance à une maladie ou à un désherbant. Les avancées de la génétique permettent également de créer de nouvelles variétés par insertion de gènes dans le patrimoine génétique d'une espèce (ce sont les OGM, organismes génétiquement modifiés). Cependant, les OGM font l'objet de nombreuses controverses, en raison du manque de recul sur leurs effets sur l'environnement, la santé, etc. Les progrès techniques concernent également la fabrication d'aliments pour les animaux d'élevage, l'irrigation, les machines.

Les conséquences sur l'environnement.

Les progrès techniques ont conduit à une agriculture intensive (par opposition à l'agriculture extensive, qui nécessite de vastes superficies). Celle-ci utilise de grandes quantités de produits chimiques (engrais, pesticides), qui ne peuvent être épurés par les sols. Une partie de ces engrais est entraînée par les pluies, sous forme de nitrates, dans les couches profondes du sol puis dans les nappes phréatiques, qui sont ainsi polluées. Dans les grands élevages hors-sol, les animaux vivent très nombreux sur de petites surfaces. Les quantités de déjections produites (en particulier celles du porc, le lisier) provoquent la pollution des sols, de l'eau et de l'atmosphère (mauvaises odeurs). L'agriculture intensive consomme également de très grandes quantités d'eau douce (2 000 l d'eau sont nécessaires pour produire 1 kg de soja, 1 400 l pour 1 kg de maïs, etc.).

Outre la pollution, l'agriculture peut conduire à d'autres dégradations de l'environnement, comme la désertification. L'irrigation intensive dans les régions sèches, par exemple, provoque une salinisation des sols, qui deviennent stériles ; le surpâturage conduit lui aussi à un appauvrissement des sols. Enfin, la suppression des haies pour regrouper des parcelles et permettre la mécanisation a entraîné la disparition de leurs fonctions : régulation des microclimats, hébergement d'une faune spécifique, etc.

Les écarts de développement.

L'agriculture intensive et mécanisée est surtout le fait des pays industrialisés. Dans beaucoup de régions du monde, les agriculteurs ne disposent dans leur grande majorité que d'outils manuels, et la traction est animale (bœufs) et non mécanique. Les agricultures peu développées emploient peu d'engrais et de pesticides, mais connaissent des récoltes faibles. Les écarts de développement entre les agricultures du monde sont considérables : si la proportion de la population active employée dans l'agriculture est comprise entre 2 et 15 % dans les pays industrialisés, elle représente souvent la moitié, voire plus, de la population au travail dans les pays en développement.

La mondialisation des échanges.

Malgré cela, la production agricole de beaucoup de pays en développement demeure insuffisante pour satisfaire les besoins alimentaires des populations. Pour certains (l'Égypte, par exemple), la faible disponibilité en terres cultivables vient aggraver la situation. C'est pourquoi certains de ces pays (notamm. en Afrique noire, au Maghreb, au Moyen-Orient) doivent avoir recours aux importations de produits de base des pays industrialisés exédentaires (États-Unis, Canada, pays de l'Union européenne, Australie, Nouvelle-Zélande). Par ailleurs, la productivité et la spécialisation des agricultures de certaines régions et certains pays (par ex. culture du soja – un produit essentiel pour les élevages – au Brésil et aux États-Unis) génèrent des excédents qui font naître à leur tour des échanges commerciaux. Enfin, les pays du Sud, bien que généralement déficitaires en produits vivriers, sont souvent spécialisés dans la production et l'exportation des produits tropicaux : café, cacao, fruits (Afrique noire, Amérique latine), thé (Asie), manioc (Thaïlande).

L'agriculture biologique.

Répondant aux préoccupations des consommateurs sur l'environnement et la santé, l'agriculture biologique ne cesse de se développer. Le « bio » répond à un cahier des charges précis : notamm., il ne doit utiliser aucun produit issu de la chimie de synthèse. Les cultivateurs emploient des engrais et des pesticides d'origine naturelle (comme le cuivre), des méthodes de lutte biologique (comme les coccinelles pour éliminer les pucerons), etc. En ce qui concerne l'élevage des animaux, les traitements médicaux sont limités (interdiction notamm. des antibiotiques).