Venise, en it. Venezia

Ville d'Italie (Vénétie), bâtie sur un groupe d'îlots, au milieu de la lagune de Venise (dépendance du golfe de Venise), cap. de la Vénétie et ch.-l. de prov. ; 263 996 hab. (Vénitiens).

Centre administratif, culturel, touristique et industriel (artisanat d'art, métallurgie, chimie).

Venise, l'une des villes les plus captivantes du monde, conserve un tissu urbain ancien original (canaux, ruelles, places), avec de magnifiques monuments et ensembles architecturaux : la basilique St-Marc (reconstruite selon une conception byzantine à partir du XIe s. ; mosaïques, œuvres d'art) et la place du même nom, le campanile, le palais des Doges (XIVe-XVe s. ; riches décors peints), 90 églises (dont le Redentore, de Palladio, et la Salute, de Longhena), les palais du Grand Canal (notamment de l'époque allant du gothique au baroque), le pont du Rialto, etc. Elle possède de riches musées (dont l'Accademia) où brille l'école vénitienne de peinture (les Bellini et Carpaccio ; Giorgione, Titien, Véronèse, le Tintoret ; Canaletto et F. Guardi, Piazzetta, les Tiepolo, les Ricci). Prestigieux théâtre de la Fenice. Biennale d'art. Festival annuel de cinéma. Célèbre carnaval.

Les îlots de la lagune sont le refuge provisoire des populations côtières contre les envahisseurs barbares. Les invasions lombardes (VIe s.) en font un lieu de peuplement permanent, sous l'autorité des Byzantins. Au IXe s., le duc de Venise (qui prendra le nom de doge) se rend indépendant en fait de Byzance. Intermédiaire entre les États occidentaux, l'Empire byzantin, qui lui octroie en 1082 d'importants privilèges, et le monde musulman, Venise fonde sa richesse sur le commerce. La création du Grand Conseil, en 1143, consacre le caractère aristocratique de la république. En 1204, Venise détourne la quatrième croisade sur Constantinople et prend le contrôle de nombreuses îles (Crète), principales escales sur les routes du Levant. Maîtresse des côtes de l'Adriatique et des routes méditerranéennes, elle est, aux XIIIe-XIVe s., à l'apogée de sa puissance, en dépit de ses conflits avec ses rivales, Pise et Gênes, et sa monnaie, le ducat, devient la principale monnaie européenne. Conquérant l'arrière-pays, la « Terre ferme », elle constitue, au XVe s., un puissant État continental. Mais, affaiblie par la prise de Constantinople par les Turcs ainsi que par l'intervention des puissances étrangères à l'occasion des guerres d'Italie, Venise voit son commerce ruiné par le développement de nouvelles routes maritimes. Conquis par Bonaparte, le territoire de Venise est cédé aux Autrichiens sous le nom de Vénétie, puis intégré en 1815 dans le royaume lombard-vénitien, constitué au profit de l'Autriche. Théâtre de la révolution de 1848-1849, conduite par Daniele Manin et matée par les Autrichiens, Venise est rattachée au royaume d'Italie en 1866.