La Suisse est formée de 26 cantons : Appenzell Rhodes-Extérieures, Appenzell Rhodes-Intérieures, Argovie, Bâle-Campagne, Bâle-Ville, Berne, Fribourg, Genève, Glaris, Grisons, Jura, Lucerne, Neuchâtel, Nidwald, Obwald, Saint-Gall, Schaffhouse, Schwyz, Soleure, Tessin, Thurgovie, Uri, Valais, Vaud, Zoug et Zurich.
GÉOGRAPHIE
Les conditions naturelles. Essentiellement montagneux, le pays se compose de trois ensembles, tous les trois orientés S.-O./N.-E. : le Jura, le Plateau suisse, ou Mittelland, et les Alpes. Celles-ci occupent env. 60 % du territoire. Leur partie ouest est divisée en deux ensembles par les hautes vallées du Rhône et du Rhin. Au sud de ce sillon, les Alpes Pennines dominent la plaine du Pô. Au nord, des massifs cristallins (Alpes de Glaris, massif de l'Aar-Gothard) précèdent des massifs sédimentaires. À l'est de la partie méridienne de la vallée du Rhin, les Alpes grisonnes prolongent les Alpes Pennines et sont bordées de massifs sédimentaires. Entre les Alpes et le Jura, le Plateau est plutôt un ensemble de collines et de vallées qui s'abaisse du sud (1 000 m) au nord (400 m). Zone agricole (céréales, betterave à sucre, vergers), la région concentre plus des deux tiers de la population et la plupart des grandes villes. Le nord du pays est occupé par les parties est et nord-est du Jura, région de forêts, d'élevage et d'artisanat, au climat froid et humide, qui se dépeuple.
La population. La population se partage selon la langue : allemand (63 %), français (23 %, surtout à l'ouest), italien (8 %), romanche (0,5 %). Elle est urbanisée à 74 % et son accroissement, dû aux naturalisations, est d'env. 1 % par an. Elle compte une proportion d'étrangers élevée (24,6 % en 2015), dont 85 % sont d'origine européenne.
L'économie. La vie économique a des caractéristiques spécifiques : industrie à très fort taux de valeur ajoutée, secteur tertiaire dominé par les activités bancaires, par celles des nombreux sièges de sociétés transcontinentales et d'organismes internationaux et par celles du tourisme, d'été et d'hiver. En outre, au cœur de l'Europe, le pays joue le rôle de carrefour routier, ferroviaire et aérien. Le port de Bâle lui donne, par le Rhin, un accès à la mer. L'agriculture occupe moins de 10 % de la superficie du pays et près de la moitié des agriculteurs ont une autre activité. Le blé, l'orge, la pomme de terre et la betterave à sucre viennent en tête des productions, suivies par les fruits et légumes, le tabac et la vigne. L'élevage bovin, de grande qualité, se maintient. La production d'électricité, d'origine hydraulique et nucléaire, est exportée partiellement.
L'industrie importe des matières premières, des produits semi-finis, des hydrocarbures. Certaines branches traditionnelles ont perdu de leur importance, comme le textile, l'habillement et, surtout, l'horlogerie et la bijouterie, concurrencées par les productions asiatiques. Les trois secteurs dominants sont la mécanique (moteurs, matériel ferroviaire, machines-outils), la chimie (avec un important secteur pharmaceutique) et l'alimentation.
La Suisse, qui n'est pas membre de l'Union européenne, a signé avec celle-ci des accords bilatéraux et effectue avec l'UE plus de la moitié de ses échanges.
HISTOIRE
Les origines et la Confédération. À l'âge du fer, les civilisations de Hallstatt et de La Tène se développent. Habité par des Celtes, les Helvètes, le pays est conquis par César (58 av. J.-C.) et romanisé.
Les invasions barbares du Ve s. (Burgondes et Alamans) germanisent le Nord et le Centre en refoulant les parlers romans, qui se diversifient (français à l'O., italien au S. et romanche à l'E.).
888. L'Helvétie entre dans le royaume de Bourgogne, puis est intégrée avec celui-ci dans le Saint Empire romain germanique (1032).
Mais l'affaiblissement du pouvoir impérial facilite la naissance de principautés féodales comme celle des Zähringen, dont les possessions tombent, par héritage, après 1218, aux mains des Habsbourg. Ceux-ci étendent leur influence et menacent, par l'intermédiaire de leurs baillis, les libertés traditionnelles des communautés paysannes, en particulier lorsque Rodolphe de Habsbourg est élu en 1273 au trône impérial.
À la fin du XIIIe s., dans des circonstances devenues légendaires (Guillaume Tell), les cantons défendent leurs libertés.
1291. À la mort de Rodolphe les trois cantons forestiers (Uri, Schwyz, Unterwald) se lient en un pacte perpétuel ; c'est l'acte de naissance de la Confédération suisse.
Leurs droits confirmés par l'empereur (1309), ils résistent aux Habsbourg, qu'ils défont à Morgarten (1315). D'autres cantons les rejoignent (Lucerne, Zurich, Glaris, Zoug et Berne), dont l'indépendance est reconnue par les Habsourg après de nouvelles défaites (Sempach, 1386 ; Näfels, 1388). En 1415, la Confédération annexe l'Argovie et, en 1460, la Thurgovie.
1474. Par la « paix perpétuelle », la Confédération est définitivement émancipée dans le cadre de l'Empire, dont elle ne s'affranchira qu'en 1499 après avoir battu Maximilien Ier ; le Saint Empire n'exerce plus qu'une suzeraineté nominale.
L'atténuation de la menace autrichienne et l'affirmation de la valeur militaire des Suisses, après les victoires sur Charles le Téméraire (Grandson, Morat en 1476), laissent réapparaître des dissensions entre cantons ; un compromis permet le rattachement de Fribourg et Soleure (1481). Bâle et Schaffhouse (1501) puis Appenzell (1513) rejoignent la Confédération, dont les ambitions en Italie s'opposent à celles de François Ier. Battus par celui-ci à Marignan, les Suisses signent la paix de Fribourg (1516) qui, transformée ensuite en alliance, va permettre aux rois de France de lever des mercenaires en Suisse jusqu'en 1789.
XVIe s. La Réforme se répand grâce aux humanistes bâlois, puis à l'action de Zwingli (qui est tué en 1531 après une défaite contre les cantons catholiques à Kappel) et enfin à celle de Calvin qui fait de Genève, en 1536, la « Rome du protestantisme ». Un équilibre s'établit entre les cantons : sept sont catholiques, quatre réformés et deux mixtes.
1648. Les traités de Westphalie reconnaissent l'indépendance totale de la Suisse. L'immigration de protestants français stimule l'activité industrielle (textiles, horlogerie), tandis que le commerce et les activités bancaires se développent aux XVIIe et XVIIIe s. Cet essor économique profite aux classes privilégiées et accentue les tensions sociales.
L'époque contemporaine. La France révolutionnaire annexe des territoires jurassiens puis, sous le Directoire, impose une République helvétique unitaire (1798). Devant la réaction fédéraliste, Bonaparte impose l'Acte de médiation (1803) qui lui laisse le contrôle du pays (jusqu'en 1813) tout en reconstituant l'organisation confédérale. Mais l'économie suisse souffre du Blocus continental.
1815. Un nouveau pacte confédéral entre 22 cantons est ratifié par le congrès de Vienne, qui reconnaît la neutralité suisse.
À partir de 1831, la bourgeoisie libérale impose des réformes à 12 cantons (suffrage universel), mais les cantons montagnards gardent des gouvernements conservateurs. L'essor du radicalisme anticlérical entraîne même les 7 cantons catholiques à signer un pacte, le Sonderbund, en 1845, mais ils sont vaincus deux ans après.
1848. Une nouvelle Constitution instaure un État fédératif, doté d'un gouvernement central siégeant à Berne.
L'expansion économique est favorisée à la fin du XIXe s. par le percement de tunnels (Saint-Gothard, Simplon) et l'essor industriel s'accompagne du renforcement de la social-démocratie qui prend après 1918 une orientation très modérée. Neutre durant les deux guerres mondiales, la Suisse est le siège de conférences pacifistes pendant la Première Guerre mondiale, et abrite, de 1920 à 1946, la Société des Nations.
1979. Création d'un autre canton de langue française, le Jura. Les Suisses rejettent par référendum l'entrée de leur pays dans l'Espace économique européen.
1999. Une nouvelle Constitution est adoptée.
2002. La Suisse devient membre de l'ONU.
2003. L'Union démocratique du Centre (UDC, droite nationaliste) devient le premier parti au Conseil national, une position maintenue à toutes les élections depuis cette date.