Partisan des Modernes, il s'exerce à la parodie et au pastiche avant d'aborder en 1720 le théâtre avec une comédie, Arlequin poli par l'amour. Ruiné par la banqueroute de Law, il se consacre entièrement à l'écriture. Rédacteur de journaux, il écrit deux grands romans inachevés, la Vie de Marianne (1731-1741) et le Paysan parvenu (1735-1736), et surtout une quarantaine de comédies : utopies satiriques (l'Île des esclaves, 1725 ; la Nouvelle Colonie, 1729), comédies de mœurs (le Petit-Maître corrigé, 1734), comédies de caractère (le Legs, 1736) et comédies du sentiment (la Surprise de l'amour, 1722 ; la Double Inconstance, 1723 ; le Jeu de l'amour et du hasard, 1730 ; l'Heureux Stratagème, 1733 ; les Fausses Confidences, 1737 ; l'Épreuve, 1740 ; la Dispute, 1744). Dans ce type de pièce, l'intrigue ne sert qu'à rendre sensible l'évolution psychologique des personnages, qui constitue le thème central. D'où le rôle dévolu au langage, par quoi le « cœur » à la fois se dissimule, se révèle et s'analyse : ce qu'on a appelé le « marivaudage », devenu plus tard, à tort, synonyme de « badinage amoureux » et qui correspond au désir forcené de déceler par les mots sa propre vérité et celle d'autrui.