Maroc, en ar. al Marhrīb (nom masculin)

État de l'extrémité nord-ouest de l'Afrique, sur l'Atlantique et la Méditerranée ; 710 000 km2 (avec l'ancien Sahara espagnol) ; 36 471 769 habitants (Marocains). CAPITALE Rabat. V. princ. Casablanca, Marrakech, Fès, Meknès. LANGUE : arabe. MONNAIE : dirham marocain.

GÉOGRAPHIE

Le milieu naturel. Parmi les pays du Maghreb, le Maroc se singularise par l'altitude élevée de ses montagnes et l'étendue relative de ses plaines. Le Haut Atlas porte le point culminant de l'Afrique du Nord, mais les surfaces planes cultivables sont beaucoup plus étendues qu'en Algérie ou en Tunisie.

Trois chaînes, orientées S.-O.-N.-E. (Moyen Atlas, Haut Atlas et Anti-Atlas), séparent des plateaux, prolongés par des plaines sur le littoral atlantique, limités par le Rif vers la Méditerranée, proches des hautes chaînes algériennes à l'est, appartenant au domaine saharien au sud. Au nord d'une ligne Agadir-Oujda, le climat est méditerranéen. En montagne, l'altitude rafraîchit les températures. La pluviosité diminue vers l'est et le sud, où règne le climat saharien.

La population et l'économie. La population est composée de Berbères et surtout d'Arabes. Le taux d'accroissement naturel est élevé. Les villes regroupent 60 % de la population. L'agriculture emploie encore près de 40 % des actifs, juxtaposant céréaliculture et élevage (ovins surtout) et des cultures spécialisées, produisant surtout des agrumes. Cependant, la production vivrière (pêche incluse) ne satisfait pas entièrement des besoins croissants.

Sans ressources énergétiques, le Maroc dispose en revanche de grands gisements de phosphates, dont il est le premier exportateur mondial. L'industrie, en dehors du traitement des phosphates, se développe (automobile, textile). Le commerce extérieur, effectué surtout avec l'UE (France en tête), est toujours déficitaire (importations de pétrole, de produits industriels et de compléments alimentaires). Les revenus du tourisme (deuxième source de devises), les envois des Marocains émigrés ne suffisent pas à équilibrer la balance des paiements, et la situation économique demeure difficile, d'autant que les dépenses militaires sont importantes et l'endettement aggravé, et que la pression démographique accroît le sous-emploi (chômage et petits métiers peu productifs).

HISTOIRE

Le Maroc antique. Aux IXe-VIIIe s. av. J.-C., les Phéniciens créent des comptoirs sur le littoral, qui, au VIe s., passent sous le contrôle de Carthage. Les Maures, Berbères qui habitent la région, y organisent le royaume de Mauritanie, qui est annexé par Rome en 40 apr. J.-C. Comme le reste de l'Afrique romaine, la région est envahie par les Vandales (435-442).

Les dynasties marocaines depuis la conquête arabe
700-710. Les Arabes conquièrent le pays. Ils imposent l'islam aux tribus berbères, chrétiennes, juives ou animistes.

789-985. La dynastie idriside gouverne le pays.

1061-1147. Les Almoravides unifient le Maghreb et l'Andalousie en un vaste empire.

1147-1269. Sous le gouvernement des Almohades, une brillante civilisation arabo-andalouse s'épanouit.

1269-1420. Le Maroc est aux mains des Marinides, qui doivent renoncer à l'Espagne (1340).

1415. Les Portugais conquièrent Ceuta. À la fin du XVe s., la vie urbaine recule. Le nomadisme, les particularismes tribaux et la dévotion aux marabouts se développent.

1554-1659. Sous les Saadiens, les Portugais sont défaits à Alcaçar Quivir (1578) par al-Mansur.

1591. Tombouctou est conquise et le Maroc contrôle pendant quelques années le commerce saharien.

Le Maroc est gouverné depuis 1666 par la dynastie alawite, fondée par Mulay Rachid. Il connaît aux XVIIe-XVIIIe s. des querelles successorales et une sévère décadence économique. Au XIXe s., les puissances européennes (Grande-Bretagne, Espagne, France) obligent les sultans à ouvrir le pays à leurs produits. Mais leur rivalité permet au Maroc de sauvegarder son indépendance.

1906-1912. Après les accords d'Algésiras, la France occupe la majeure partie du pays.

Les protectorats français et espagnol
1912. Le traité de Fès établit le protectorat français. L'Espagne obtient une zone nord (le Rif) et une zone sud (Ifni).

1912-1925. Lyautey, résident général, entreprend la pacification du pays.

1921-1926. Abd el-Krim anime la guerre du Rif contre les Espagnols puis contre les Français.

1933-1934. Fin de la résistance des Berbères du Haut Atlas.

La France contrôle l'ensemble du pays. Le sultan Muhammad V (1927-1961) a un pouvoir purement religieux. La colonisation transforme l'économie ; 1/5 des terres utilisables sont attribuées à des Européens. Des manifestations en faveur des réformes sont organisées en 1934, puis en 1937, qui entraînent l'arrestation des chefs nationalistes, dont les idées se répandent. Après la défaite française de 1940, les partis puis le sultan Muhammad V demandent l'indépendance.

1953-1955. Le sultan Muhammad V est déposé et exilé par les autorités françaises.

L'indépendance
1956. L'indépendance est proclamée.

1957. Le Maroc est érigé en royaume.

1961. Hasan II accède au trône. Il instaure une politique autoritaire, suspendant la Constitution de 1965 à 1970 et faisant arrêter des syndicalistes et des opposants.

1971-1972. Trois complots sont organisés contre le roi.

1975. Partage du Sahara occidental entre le Maroc et la Mauritanie, qui se heurtent aux nationalistes sahraouis.

1976. Rupture des relations diplomatiques avec l'Algérie.

1979. À la suite de la « Marche verte », le Maroc recouvre la zone saharienne à laquelle la Mauritanie renonce.

1988. Les relations avec l'Algérie sont rétablies.

1994-1998. Le régime se libéralise partiellement entre l'amnistie de 1994 et la formation du gouvernement, en 1998, par Abd al-Rahman Yusufi, représentant l'opposition de gauche.

1999. Hasan II meurt ; son fils aîné devient roi sous le nom de Muhammad VI.

2012-2021. L'islamiste modéré Abdelilah Benkirane forme un gouvernement après l'adoption, en 2011, d'une nouvelle Constitution limitant les prérogatives du roi. Saadeddine El Othmani, du même parti, lui succède en 2017.

2021. Le Rassemblement national des indépendants (centre droit) remporte les élections législatives. Son président, Aziz Akhannouch, devient chef du gouvernement.