Verlaine (Paul)

Poète français (Metz 1844 - Paris 1896).

Employé à l'hôtel de ville de Paris, il fréquente les salons, collabore au Parnasse contemporain mais fait profession d'athéisme et s'affirme républicain. L'amour malheureux pour sa cousine Élisa, morte en 1867, l'influence de Baudelaire et l'alcoolisme le plongent dans un désarroi moral que trahissent les Poèmes saturniens (1866), où il se montre adepte de « l'art pour l'art » et proteste contre l'effusion sentimentale des romantiques. Son second recueil, les Fêtes galantes (1869), où il s'évade vers un univers irréel, inspiré du peintre Watteau, marque par ses accents voluptueux et délicats la transition entre le Parnasse et le symbolisme. Son mariage en 1870 semble lui apporter la sérénité, qu'il célèbre dans la Bonne Chanson (1870). Mais au bonheur tranquille succèdent la tempête et le chaos, apportés par Rimbaud, qui, en s'installant chez le jeune ménage, le brisera. Compromis politiquement, Verlaine perd son poste de fonctionnaire et, en compagnie de Rimbaud, s'enfuit en Belgique (1872) puis à Londres. Ses Romances sans paroles (publiées en 1874), traduisant ses impressions de voyages dans un langage extrêmement musical, font apparaître l'influence de Rimbaud. De retour à Bruxelles, il tire deux coups de revolver sur Rimbaud, qui veut se séparer de lui. Emprisonné pour deux ans, apprenant le jugement de séparation obtenu par sa femme, il éprouve une douleur et un repentir sincère qui achèvent de le ramener à la foi catholique. Libéré, il mène une vie vagabonde, publie Sagesse (1881), recueil d'inspiration religieuse, puis Jadis et Naguère (1884), contenant « l'Art poétique », dans lequel il réclame une poésie plastique et musicale. Il fait connaître dans les Poètes maudits (1884) les maîtres de l'esthétique nouvelle (Tristan Corbière, Rimbaud, Mallarmé). Devenu, malgré lui, le chef de l'école « décadente », il ne vit plus que de travaux alimentaires en prose, errant de meublés en hôpitaux et donnant de petits recueils religieux, érotiques ou de circonstance (Liturgies intimes, 1892 ; Parallèlement, 1889 ; Invectives, 1896).