Grèce, en gr. Ellás ou Hellas (nom féminin)

État du sud-est de l'Europe ; 132 000 km2 ; 10 716 322 habitants (Grecs). CAPITALE Athènes. LANGUE : grec. MONNAIE : euro.

GÉOGRAPHIE

C'est un pays au relief contrasté, opposant massifs parfois élevés (Pinde, Olympe, etc.) et bassins intérieurs ou plaines ouvertes sur une mer omniprésente, parsemée d'archipels. Le climat n'est véritablement méditerranéen (étés chauds et secs, hivers doux) qu'à basse altitude, sur le littoral et dans les îles, où il favorise les cultures. Le secteur est cependant en voie de modernisation : irrigation, mécanisation, emploi d'engrais et spécialisation des régions. On cultive les fruits (agrumes), les légumes, la vigne (souvent associée à l'olivier et au blé). L'élevage ovin survit dans l'intérieur accidenté, aux hivers souvent rudes. L'agriculture emploie environ 12 % de la population active. La proportion est de 15 % pour l'industrie, qui comprend essentiellement des activités extractives (lignite, nickel et bauxite) et la production de biens de consommation, et qui est handicapée par l'émiettement des entreprises. Le taux de chômage est élevé. L'exode rural a été le principal moteur de l'urbanisation (78 % de la population totale), profitant surtout aux agglomérations de Thessalonique et d'Athènes. Le lourd déficit commercial n'est pas compensé par les revenus du tourisme ou par ceux de la flotte marchande. La gravité du déficit budgétaire et de l'endettement public (longtemps masquée dans les chiffres officiels) devient critique en 2010, contraignant la Grèce à mettre en œuvre un programme d'austérité draconien. Après une récession très sévère, l'économie peine à se relever.

HISTOIRE

La période achéenne et mycénienne. Au VIIe millénaire, les premiers établissements humains apparaissent. Les Grecs (ou Hellènes), peuple indo-européen venu du nord par invasions successives, s'installent dans le pays au IIe millénaire. Vers 1600 av. J.-C., ils dominent les populations primitives de la Grèce (Crétois et Égéens) et s'imprègnent de leur civilisation : ainsi naît la civilisation mycénienne développée par ces premiers Grecs (appelés aussi Achéens) au contact de la civilisation minoenne crétoise (Crète), autour des villes qu'ils ont fondées (Mycènes, Argos, Tirynthe...). Groupés par familles, elles-mêmes groupées en tribus, ils établissent en Grèce une forme d'organisation sociale, le « clan » (ou genos).

Le « Moyen Âge » grec (XIIe-VIIIe s. av. J.-C.). Au XIIe s., de nouveaux envahisseurs, les Doriens, détruisent les cités achéennes et chassent les anciens occupants de Grèce continentale ; ceux-ci fondent de nouvelles cités sur les côtes de l'Asie Mineure. L'invasion dorienne marque le début d'une période obscure, qui est surtout connue par les poèmes homériques, rédigés aux IXe-VIIIe s. Avec les Doriens apparaissent l'utilisation du fer et la pratique de l'incinération des morts. Le genos commence à se désagréger et la Grèce se morcelle en cités (poleis). Cette période voit aussi l'élaboration d'une religion commune et la naissance de l'écriture.

La période archaïque (VIIIe-Ve s. av. J.-C.). Les institutions de la cité sont précisées, et l'activité intellectuelle et artistique prend son essor. L'aristocratie se substitue à la royauté à la tête de la cité.

À cette époque commence un vaste mouvement d'expansion et de colonisation. Des cités grecques sont fondées sur le pourtour de la Méditerranée et des mers voisines, du Pont-Euxin (mer Noire) à l'Espagne.

Ce mouvement entraîne l'essor économique de la Grèce et des transformations sociales qui menacent le régime oligarchique de l'aristocratie. Ces crises favorisent l'installation de monarques absolus, les tyrans, ou suscitent l'œuvre de législateurs comme Dracon, Solon (à Athènes). Dans certains cas, elles entraînent l'évolution de la cité vers la démocratie (Athènes, réformes de Clisthène, 508-507).

La période classique (Ve-IVe s. av. J.-C.). La Grèce ne forme jamais un grand État unifié, mais est constituée de centaines de cités ; trois d'entre elles dominent la vie grecque : Athènes, Sparte et Thèbes. Ces cités rivales sont momentanément unies contre les Perses.

490-479. Les guerres médiques opposent les Grecs et les Perses, qui doivent se retirer en Asie Mineure. Les Grecs sont victorieux à Marathon (490), Salamine (480), Platées (479).

476. La ligue de Délos, dirigée par Athènes, est créée pour chasser les Perses de la mer Égée.

449-448. La paix de Callias met fin aux hostilités avec les Perses. La civilisation classique grecque s'épanouit dans l'Athènes de Périclès.

431-404. La guerre du Péloponnèse oppose Sparte et Athènes, qui capitule en 404. Sparte, victorieuse, substitue son hégémonie à celle d'Athènes.

371. Thèbes devient la cité dominante (bataille de Leuctres).

362. Malgré sa victoire à la bataille de Mantinée, Thèbes doit renoncer à ses prétentions sur le Péloponnèse. Les cités sont affaiblies par leurs rivalités et connaissent une profonde crise politique et sociale.

359-336. Philippe II de Macédoine impose sa suprématie.

336-323. Alexandre le Grand, fils de Philippe II, achève la conquête de la Grèce.

Après avoir renversé l'Empire perse, il modifie, par ses conquêtes en Asie et en Afrique, les dimensions du monde grec : désormais, la Grèce n'est plus qu'une petite partie d'un grand empire.

La Grèce hellénistique (IVe-Ier s. av. J.-C.)
323-301. À la mort d'Alexandre (323), ses généraux se partagent son empire.

La Grèce n'arrive pas à s'affranchir de la domination étrangère et entre dans une longue période d'effacement politique, pendant laquelle elle sombre peu à peu dans l'anarchie. Mais sa civilisation demeure brillante et se répand dans tout l'Orient, dont elle subit en retour l'influence enrichissante. Athènes demeure un grand centre intellectuel. Dès la fin du IIIe s., les Romains interviennent progressivement en Grèce et luttent contre les rois macédoniens.

La Grèce romaine (146 av.-395 apr. J.-C.)
146. Les cités grecques coalisées sont vaincues par Rome ; Corinthe est détruite. La Grèce devient une province romaine.

Après les échecs de Mithridate (88-84 av. J.-C.), elle perd tout espoir de retrouver son indépendance.

Pendant les guerres civiles romaines, le pays sert de champ de bataille, avant de devenir, sous Auguste, la province d'Achaïe. Le christianisme y pénètre dès le Ier s., mais la civilisation grecque survit à la conquête romaine et Rome bénéficie de son influence.

330. Constantinople est fondée et devient le nouveau centre culturel de l'Orient grec.

La Grèce byzantine
395 apr. J.-C. À la mort de Théodose, la Grèce fait partie de l'Empire romain d'Orient.

V. 630. Héraclius adopte le grec comme langue officielle de l'Empire byzantin.

1204. La quatrième croisade aboutit à la création de l'Empire latin de Constantinople, du royaume de Thessalonique, de la principauté d'Achaïe (ou Morée) et de divers duchés.

Aux XIVe-XVe s., Vénitiens, Génois et Catalans se disputent la possession de la Grèce, tandis que les Ottomans occupent la Thrace, la Thessalie et la Macédoine.

1456. Les Turcs conquièrent Athènes et le Péloponnèse.

La Grèce moderne. Les commerçants grecs forment une bourgeoisie influente au sein de l'Empire ottoman après la signature des capitulations. Le sentiment national se développe au XVIIIe s. en réaction contre la décadence turque et la volonté hégémonique de la Russie de prendre sous sa protection tous les orthodoxes.

1821-1822. L'insurrection éclate. Les Turcs réagissent par des massacres (dont celui de Chio).

1827. La Grande-Bretagne, la France et la Russie interviennent et battent les Ottomans et la flotte d'Ibrahim Pacha à Navarin.

1830. Le traité de Londres stipule la création d'un État grec indépendant sous la protection de la Grande-Bretagne, de la France et de la Russie.

1832-1862. Le royaume de Grèce est confié à Otton Ier de Bavière.

1863. Le roi Georges Ier est imposé par la Grande-Bretagne, qui cède à la Grèce les îles Ioniennes (1864).

La Grèce tente de récupérer les régions peuplées de Grecs mais est défaite par les Ottomans (1897) et se heurte aux aspirations des autres nations balkaniques.

1912-1913. À l'issue des guerres balkaniques, la Grèce obtient la plus grande partie de la Macédoine, le sud de l'Épire, la Crète et les îles de Samos, Chio, Mytilène et Lemnos.

1914-1917. Le gouvernement grec se partage entre germanophiles, groupés autour du roi, et partisans des Alliés, dirigés par Venizélos.

1917. La Grèce entre en guerre aux côtés des Alliés.

1921-1922. La guerre gréco-turque se solde par l'écrasement des Grecs. La Grèce, qui avait obtenu la Thrace et la région de Smyrne aux traités de Neuilly et de Sèvres, doit les céder à la Turquie.

1924. La république est proclamée. L'instabilité politique amène la restauration du roi Georges II (1935).

1940-1944. La Grèce est envahie par l'Italie (1940), puis par l'Allemagne (1941). Un puissant mouvement de résistance se développe.

1946-1949. Le pays est en proie à la guerre civile, qui se termine par la défaite des insurgés communistes.

1952. La Grèce est admise à l'OTAN.

Entre 1955 et 1963, Konstandínos Karamanlís est Premier ministre à trois reprises.

1964. Constantin II devient roi.

1965. La crise de Chypre provoque la démission du Premier ministre socialiste Gheórghios Papandhréou, au pouvoir depuis 1963.

1967. Une junte d'officiers instaure le « régime des colonels ». Le roi s'exile.

1973. La république est proclamée.

1974. K. Karamanlís fonde la Nouvelle Démocratie et restaure les libertés. Il dirige le gouvernement jusqu'en 1980, avant d'être président (1980-1985 et 1990-1995).

1981. La Grèce adhère à la CEE. Andhréas Papandhréou (PASOK, socialiste) devient Premier ministre. Il démissionne en 1989 mais, après un retour au pouvoir de la Nouvelle Démocratie (avec Konstandínos Mitsotákis, 1990-1993), il dirige à nouveau le gouvernement de 1993 à 1996.

1996. Kóstas Simítis lui succède. La Grèce entre dans la zone euro en 2001 malgré l'ampleur (dissimulée) de son déficit.

2004. La Nouvelle Démocratie (ND) retrouve la direction du gouvernement avec Kóstas Karamanlís (neveu de Konstandínos K.), reconduit au terme des élections de 2007.

2009. Le PASOK remporte les élections. Gheórghios Papandhréou (fils d'Andhréas) devient Premier ministre.

2010-2019. Les mesures d'austérité drastiques imposées par l'UE pour éviter la faillite de la Grèce conduisent à la victoire en 2015 de Syriza, mouvement de gauche mené par Aléxis Tsípras, qui devient Premier ministre. Le gouvernement tente de renégocier la dette mais doit poursuivre la politique exigée. Parallèlement, le pays fait face, en 2015-2016, à un important afflux de réfugiés fuyant notamm. la guerre en Syrie.

2019. Les élections sont remportées par la Nouvelle Démocratie, dont le chef, Kyriákos Mitsotákis, devient Premier ministre.