Espagne, en esp. España (nom féminin)

État du sud-ouest de l'Europe ; 505 000 km2 (y compris les Canaries ; 497 500 km2 en les excluant) ; 47 076 781 habitants (Espagnols). CAPITALE Madrid (autres grandes villes : Barcelone, Valence, Séville, Saragosse, Málaga). LANGUE officielle : espagnol. MONNAIE : euro.

GÉOGRAPHIE

Entrée dans la CEE seulement en 1986, l'Espagne, au-delà des Pyrénées, appartient bien à l'Europe, mais à sa frange méditerranéenne, moins développée économiquement et au niveau de vie plus bas que dans le nord-ouest du continent. Du début des années 1960 au milieu des années 1970, l'essor de l'économie a cependant été spectaculaire grâce au développement de l'industrie et du tourisme. Après quelques années moins prospères, l'intégration européenne a catalysé les mutations et soutenu la croissance économique.

Relief et climat. Au centre, la Meseta, correspondant essentiellement à la Castille et à la Manche historiques, est un plateau souvent aride, froid en hiver, torride en été, coupé de chaînons plus élevés ou profondément entaillé par des vallées (Tage, Duero). Elle est bordée de hauteurs notables (cordillères Cantabrique et Ibérique au N., sierra Morena au S.). Celles-ci sont séparées des hauts reliefs périphériques (Pyrénées au N., chaînes Bétiques au S.) par les seules grandes dépressions du pays, les bassins ouverts par l'Èbre et le Guadalquivir. Le climat, rude en altitude, s'adoucit notamment au N. sur la façade atlantique, de type océanique, couverte de forêts ou de prairies. Il devient méditerranéen sur le littoral oriental, avec des nuances semi-désertiques, localement combattues par l'irrigation.

Démographie. La population est urbanisée (80 % de la population totale, comme en France). Une quarantaine de villes ont plus de 100 000 hab., dominées par les pôles de Madrid et Barcelone. Cette population, longtemps prolifique, ne s'accroît plus. Le taux de natalité est tombé à 9 ‰ (inférieur même à celui de la France). L'Espagne, pays traditionnel d'émigration (vers l'Amérique du Sud, la France), est devenue auj. une terre d'immigration.

Agriculture. L'irrigation, concernant environ 15 % des superficies cultivées, est parfois ancienne (huertas du Levant et de l'Andalousie), souvent assez récente (bassins de l'Èbre, du Guadiana et du Guadalquivir). Elle explique largement, avec parfois les conditions thermiques, responsables de l'extension de l'olivier fournisseur d'huile, l'importance des productions d'agrumes, d'autres fruits et des légumes, de la vigne. La Meseta est le domaine de l'élevage ovin et de cultures céréalières (blé, orge) souvent extensives. L'élevage bovin et le maïs sont développés dans le Nord-Ouest, plus humide. L'agriculture (avec la pêche, active) ne fournit guère que 2,6 % du PIB, et emploie moins de 5 % de la population active.

Industrie. Près de 20 % de cette population active sont occupés par l'industrie (qui assure une part équivalente du PIB). Le sous-sol fournit houille et lignite, complétés par un apport hydroélectrique et nucléaire, mais la quasi-totalité du pétrole traité est importée. On extrait encore des minerais métalliques (plomb, zinc, cuivre) et du fer, celui-ci pour une sidérurgie développée alimentant notamment les chantiers navals (en crise) et la construction automobile. Le textile, l'agroalimentaire et la chimie sont les autres grands secteurs, avec le bâtiment (auj. gravement touché) et les travaux publics.

Les services et les échanges. Ils emploient plus de 70 % des actifs, proportion partiellement liée à l'essor du tourisme. Celui-ci est plus balnéaire (sur la Méditerranée) que culturel (villes historiques de l'intérieur). Les infrastructures routières et ferroviaires ont été améliorées pour 1992 (jeux Olympiques de Barcelone, Exposition universelle à Séville). Les apports du tourisme atténuent le déficit de la balance des paiements, le commerce extérieur étant déficitaire de façon chronique.

L'entrée dans l'Europe communautaire a posé au départ des problèmes d'adaptation, dans un pays qui souffrait d'un important chômage, mais elle a considérablement accéléré la modernisation de l'économie. L'Espagne a connu une croissance soutenue, portée surtout par les secteurs du bâtiment et des services (tourisme), et une amélioration spectaculaire de la situation de l'emploi. Mais cet élan a été stoppé par la crise financière et économique mondiale apparue en 2007-2008, qui a entraîné une brusque et importante remontée du chômage. Le pays reste par ailleurs confronté à des problèmes d'inégalités sociales et régionales.

HISTOIRE

Les origines. Durant la préhistoire, l'Espagne connaît des civilisations paléolithiques (grottes d'Altamira), puis néolithiques (peintures et gravures rupestres, dolmens du Levant). Dès la fin du IIe millénaire, Grecs et Phéniciens établissent des comptoirs sur les côtes. Les Ibères, premiers habitants du pays, fusionnent au VIe s. av. J.-C. avec les envahisseurs celtes pour donner les Celtibères. Au IIIe s. av. J.-C., Carthage établit sa prépondérance sur le sud et l'est de la Péninsule. Les guerres puniques font passer l'Espagne dans l'orbite de Rome. Mais la conquête du pays par les Romains ne devient effective que sous Auguste (Ier s. av. J.-C.). Au Ve s. apr. J.-C., les Vandales envahissent le pays.

412. Les Wisigoths pénètrent en Espagne.

Ils y établissent une monarchie brillante, catholique à partir de 587, détruite par les Arabes en 711.

L'islam et la Reconquista
756. L'émirat de Cordoue se proclame indépendant.

Califat en 929, il se maintient jusqu'en 1031. Son émiettement favorise ensuite la reconquête depuis le Nord, où subsistaient des États chrétiens.

1085. Alphonse VI, roi de León et de Castille, prend Tolède.

1212. Les Arabes sont vaincus à Las Navas de Tolosa.

1248. Prise de Séville par Ferdinand III.

Au milieu du XIIIe s., les musulmans, refoulés dans le Sud, sont réduits au royaume de Grenade, tandis que l'Aragon chrétien fonde un Empire méditerranéen.

1469. Le mariage de Ferdinand d'Aragon et d'Isabelle de Castille prépare la réunion des deux royaumes.

1492. Les Rois Catholiques s'emparent de Grenade, achevant la Reconquête. La même année, Christophe Colomb découvre l'Amérique, que les Espagnols vont conquérir.

L'apogée et le déclin
1519. Charles Ier d'Espagne devient l'empereur Charles Quint. Il incorpore à ses domaines d'Espagne et d'Amérique les territoires autrichiens des Habsbourg : c'est l'apogée de la monarchie espagnole.

1556. Philippe II, fils de Charles Quint, lui succède.

Il ne garde que l'Espagne et ses colonies, mais hérite du Portugal (1580). Au cours de la guerre contre l'Angleterre, l'Invincible Armada est détruite (1588). Le règne de Philippe II, qui s'achève en 1598, voit naître le siècle d'or des arts et des lettres espagnols. Mais le XVIIe s. est pour l'Espagne une période de décadence, due à la faiblesse démographique, à l'inflation, à l'unité artificielle du pays, à l'incapacité des trois derniers rois Habsbourg et aussi à l'opposition des autres puissances européennes (Angleterre, Provinces-Unies et France).

1640. Le Portugal se détache de l'Espagne.

1700. À l'extinction de la maison de Habsbourg, le duc d'Anjou, petit-fils de Louis XIV, devient roi d'Espagne sous le nom de Philippe V de Bourbon, ouvrant la guerre de la Succession d'Espagne (1701-1714).

1759-1788. Charles III règne en « despote éclairé » et s'efforce de redresser le pays.

1808. Charles IV est contraint d'abdiquer par Napoléon Ier qui donne la couronne d'Espagne à son frère Joseph. Une émeute (Dos de Mayo) et sa répression (Tres de Mayo) marquent le début de la guerre d'indépendance.

1814. Les Bourbons sont restaurés après l'effondrement de l'Empire napoléonien.

1820. Une révolution oblige Ferdinand VII à accepter une Constitution.

1823. Une expédition française rétablit la monarchie absolue.

1824. La domination espagnole sur les territoires américains continentaux prend fin.

Les temps troublés. Le XIXe s. espagnol est jalonné de guerres civiles et de révolutions opposant libéraux, traditionalistes et carlistes (partisans de don Carlos contre sa nièce, la reine Isabelle).

1874. Le retour des Bourbons suit la proclamation d'une éphémère république.

1898. L'Espagne perd Cuba, les Philippines et Porto Rico, au terme de la guerre contre les États-Unis.

L'Espagne contemporaine. Elle est dès lors confrontée à une grave crise économique et sociale tandis que se réveillent les régionalismes (basque et catalan surtout). Le roi Alphonse XIII perd tout pouvoir réel.

1923. Le général Primo de Rivera établit une dictature.

1931. Après la victoire républicaine aux élections, Alphonse XIII quitte l'Espagne. La république est proclamée.

1936. De nouvelles élections consacrent la victoire du Front populaire. Le soulèvement du général Franco marque le début de la guerre civile d'Espagne (v. art. suiv.).

1939. Franco devient le chef suprême (caudillo) de l'Espagne. Il organise un État autoritaire, qui, sans s'engager dans la Seconde Guerre mondiale, est toutefois favorable aux puissances de l'Axe.

1947. Une loi de succession réaffirme le principe de la monarchie. À partir de 1953, l'Espagne retrouve une place importante sur la scène internationale grâce à sa position stratégique (bases américaines), à son entrée à l'ONU (1955), ainsi qu'à son développement touristique, à partir de 1960.

1969. Le prince don Juan Carlos est officiellement désigné comme successeur du général Franco.

1973. L. Carrero Blanco, chef du gouvernement, est assassiné par l'organisation indépendantiste basque ETA.

1975. Mort de Franco. Avènement de Juan Carlos au trône. Le roi et le chef du gouvernement Adolfo Suárez entreprennent la démocratisation du régime.

1978. Une nouvelle Constitution démocratique est approuvée par référendum. Cette Constitution instaure un système semi-fédéral d'administration régionale : 17 communautés autonomes sont mises en place progressivement jusqu'en 1983 (Pays basque et Catalogne dès 1979).

1982. Le socialiste Felipe González devient président du gouvernement (reconduit après les élections de 1986, 1989 et 1993). L'Espagne adhère à l'OTAN.

1986. Entrée de l'Espagne dans la CEE.

1996. Le parti populaire (droite) remporte les élections. José Maria Aznar devient président du gouvernement (reconduit après les élections de 2000). Mais le pays est confronté à la multiplication des attentats terroristes des nationalistes extrémistes basques (organisation ETA).

2004. Le 11 mars, Madrid est frappée par des attentats (près de 200 morts) revendiqués par un groupe islamiste se réclamant de la mouvance d'al-Qaida. Trois jours plus tard, le parti socialiste gagne les élections : son secrétaire général, José Luis Rodríguez Zapatero, accède à la présidence du gouvernement (reconduit après les élections de 2008, il est confronté à une grave crise économique, puis également politique et sociale).

2011-2012. Après la victoire du parti populaire, le gouvernement de Mariano Rajoy adopte un plan d'austérité. Malgré la percée de nouveaux partis – de gauche, avec Podemos, et centriste, avec Ciudadanos –, il est reconduit en 2016.

2014. Le roi Juan Carlos abdique en faveur de son fils, Philippe VI.

2018. Le gouvernement de M. Rajoy fait l'objet d'une motion de censure en raison d'un scandale de corruption. Le socialiste Pedro Sánchez prend alors la tête du gouvernement.