HISTOIRE DE LA MUSIQUE

Le Moyen Âge (vexve s.)

• Chant grégorien et plain-chant. Le chant grégorien est très pur, avec des mélodies nobles, souples, transparentes, élégantes. Son altération donnera le plain-chant des paroisses villageoises, langage naïf et rustique, sans nuance, facile à retenir.

• La polyphonie. C’est une composition musicale, où plusieurs parties vocales sont superposées en contrepoint. On distingue :

— le bourdon, qui est une composition musicale avec une voix fixe chantée, une voix mélodique ;

— l’organum, dont l’origine est difficilement datable, qui a été codifié au ixe s. ; c’est une formule d’accompagnement d’une mélodie liturgique appelée « principale », accompagnée d’une voix « organale », le déchant ;

— le motet, enfin, qui apparaît au xiie s. et dont la construction musicale présente une structure à quatre niveaux : au premier, le ténor, ou « teneur », chante gravement, en latin, un texte liturgique ; au deuxième, on célèbre, en français, les vertus d’un chevalier ; au troisième, on parle des charmes d’une aimable bergère ; et au dernier sont menées quelques réflexions morales et satiriques.

• Les neumes. Au ve s., les notes étaient désignées par les lettres A, B, C, D, E, F et G (la, si, do, ré, mi, fa, sol). Puis on inventa une série de signes destinés à percevoir les déplacements ascendants ou descendants des notes, les intervalles et le chemin suivi par la phrase musicale : les neumes. Au ixe s., le principe essentiel de la portée (la ligne) et de la clé (la note) est découvert.

• Compositeurs et écoles. De cette période naissent une école et deux mouvements importants : l’école de Notre-Dame développera dès la fin du xiie s. un idéal esthétique appelé « Ars Antiqua », avec des compositeurs comme Léonin (vers 1180), Pérotin, élève de Léonin (vers 1200), Adam de la Halle (1240 ? – 1287 ?), virtuose du motet, et Jean de Garlande (vers 1190 – vers 1255), qui écrira un traité de polyphonie ; l’« Ars Nova » lui fera suite au xive s., avec des compositeurs comme Philippe de Vitry (1291 – 1361), Guillaume de Machaut (1300 – 1377), puis au xve s. avec Guillaume Dufay (1400 – 1474) et Gilles Binchois (1400 ? – 1460). À côté de ces genres musicaux religieux se diffuse un genre de musique profane appelée « chanson de geste ». Trouvères (au nord de la France) et troubadours (au sud) mettent en musique des poèmes racontant les exploits de valeureux héros.

La Renaissance

• Les grands genres musicaux. Grâce à l’édition musicale, rendue possible par le développement des techniques d’imprimerie, trois grands genres musicaux s’affirment :

— la musique religieuse, avec la messe, vocale et instrumentale, composée sur des textes de l’ordinaire (ensemble de prières qui ne varient pas) et le motet, qui est devenu une composition libre sur des paroles latines. On trouve aussi le cantique, le psaume et le choral. Les principaux compositeurs en sont J. Ockeghem (v. 1410 – 1497) et G. P. da Palestrina (1525 – 1594) ;

— la musique instrumentale, qui voit la naissance de nombreux procédés et instruments inédits (des procédés comme pincer, gratter ou frapper une corde ; des instruments comme le clavecin, le violon, etc.) ; ces innovations influencent l’écriture musicale, et des œuvres, écrites à l’origine pour des voix, donnent lieu à des transpositions pour instruments (œuvres pour soliste, au clavier, ou pour quatuor) ; une nouvelle forme de notation apparaît : la tablature ; G. Gabrieli (1557 – 1612) et J. Dowland (1563 – 1626) sont les principaux compositeurs de cette forme musicale ;

— la musique profane, qui se développe dans toute l’Europe, dont on retiendra la chanson en France, avec notamment C. Janequin (1485 – 1558), le madrigal en Italie, le lied en Allemagne, le song en Angleterre.

L’époque baroque (1600 – 1750)

▶ La musique sacrée

La musique d’église conserve la messe et le motet de la Renaissance et voit se développer un genre appelé « musique vocale sacrée ». Elle s’enrichit de l’oratorioet de la Passion. Claudio Monteverdi (1567 – 1643) et Henry Purcell (1659 – 1695) en sont les principaux représentants.

▶ La musique vocale profane

Partis du motet, du madrigal, de l’oratorio et de la cantate, les musiciens du xviie s., notamment en Italie, sont arrivés au seuil du théâtre lyrique : l’opéra. L’opéra associe sur scène dramaturgie et musique et exprime les sentiments sur des sujets mythologiques. En Italie, on voit apparaître l’opera seria (« opéra sérieux ») et l’opera buffa (« opéra bouffe »), qui puise ses sources dans la commedia dell’arte et qui est à l’origine du ballet. Parmi les représentants de ce genre naissant, on trouve A. Vivaldi (1678 – 1741) et J.-B. Lully (1632 – 1687).

▶ La musique instrumentale

Les instrumentistes cultivent la virtuosité, et leur personnalité s’affirme dans la nuance des interprétations : c’est la naissance de la sonate, œuvre composée pour piano seul ou pour deux instruments. Le violon se perfectionne et détrône les violes ; c’est l’époque des grands luthiers de Crémone : Amati, Guarneri et Stradivari. Les compositeurs importants de cette période sont J.-P. Rameau (1683 – 1764), J.-S. Bach (1685 – 1750) et G. F. Händel (1685 – 1759). C’est en 1656 qu’a lieu le premier concert public payant, au Palais-Royal.

L’époque classique (1750 – 1830)

Les évolutions. En réaction au baroque, la musique veut maintenant émouvoir en profondeur. Elle n’est plus réservée à une élite. L’écriture musicale va jouer avec la tonalité, les oppositions entre les mouvements, les tensions, les détentes.

• La musique religieuse. Dans ce genre, où dominent l’oratorio et la messe, un compositeur est a distinguer : J. Haydn (1732 – 1809).

• La musique profane. La sonate passe à quatre mouvements : allegro, adagio, menuet, allegro. Les formations en trio, quatuor et quintette apparaissent.

L’opera buffa trouve maintenant prétexte dans des histoires contemporaines. G. Rossini (1792 – 1868) en est un représentant, tandis que les deux grands compositeurs de cette époque riche de l’histoire de la musique sont W. A. Mozart (1756 – 1791) et L. van Beethoven (1770 – 1827), qui abordent toutes les formes musicales de leur époque. Celle-ci voit fleurir un genre particulier, les chants patriotiques, avec notamment J.-F. Lesueur (1760 – 1837).

Décor de Pietro Tavaglio pour l’Incontro improviso de Haydn, 1775.

L’époque romantique (1830 – 1918)

• Les caractéristiques de l’époque. Le compositeur romantique exprime ses états d’âme et veut donner la priorité au sentiment et à l’idée. De son côté, l’orchestre s’agrandit : il passe de 90 à 120 musiciens et même plus ; il intègre de nouveaux instruments (clarinette basse, contrebasson...). Le romantisme adopte tous les genres de l’époque classique en les transformant et en les élargissant. Les principales nouveautés sont les suivantes :

— la pièce brève, poétique, pour piano, utilisé seul ou accompagné d’une voix ou de cordes, qui permet d’exprimer des sentiments extrêmes, comme dans le cas des Nocturnes de F. Chopin (1810 – 1849) ;

— le lied, mélodie composée sur des poèmes, où excelle F. Schubert (1797 – 1828) et aussi R. Schumann (1810 – 1856) ;

— le poème symphonique, œuvre pour orchestre qui allie l’inspiration poétique à la musique. Le récit y joue un rôle dramatique essentiel comme dans la Symphonie fantastique de H. Berlioz (1803 – 1869). Les autres représentants importants en sont F. Liszt (1811 – 1886), P. I. Tchaïkovski (1840 – 1893), G. Mahler (1860 – 1911), N. A. Rimski-Korsakov (1844 – 1908) et M. P. Moussorgski (1839 – 1881) ;

— l’opéra. Il est conçu comme un drame musical à grand spectacle. Les sujets sont puisés dans les légendes populaires, les contes, etc. Alors que l’opéra italien se construit sur des formes imposées telles que le récitatif et l’aria, l’opéra allemand accorde une prépondérance au rôle de l’orchestre, à l’expression musicale et au mouvement dramatique.

Les principaux compositeurs de ce genre sont G. Verdi (1813 – 1901), G. Puccini (1858 – 1924) et R. Wagner (1813 – 1883).

Du xxe siècle à nos jours

• La musique avant 1950. La musique de film apparaît avec l’invention du cinéma.

Des courants sont annonciateurs d’une rupture :

— l’impressionnisme ; essentiellement français, il exprime les états d’âme les plus subtils, sans lyrisme et avec de belles sonorités, raffinées et expressives : C. Debussy (1862 – 1918) et M. Ravel (1875 – 1937) ;

— l’expressionnisme ; venu des pays germaniques, il exprime le sentiment intérieur des détresses de l’humanité, sur la base d’une musique tonale et atonale : A. Schönberg (1874 – 1951) et A. Honegger (1892 – 1955) ;

— le néoclassicisme ; il opère un retour vers l’esthétique classique et les genres anciens, avec une écriture nouvelle : D. Milhaud (1892 – 1974), I. Stravinsky (1882 – 1971), S.S. Prokofiev (1891 – 1953) et D. Chostakovitch (1906 – 1975).

• La musique après 1950. L’Europe découvre le jazz, qui aura une grande influence sur des genres à venir (rock, musique pop, etc.). Les médias diffusent à grande échelle la musique de variétés et favorisent la découverte des musiques extra-européennes (musique africaine). L’électrification des instruments joue un rôle accru dans la création. Des genres nouveaux voient le jour avec les applications de l’électronique à la musique :

— la musique sérielle développe un principe de composition reposant sur la série, où chaque note a un statut égal. Pierre Boulez (1925 – 2016) est un représentant de ce genre ;

— la musique électronique, avec I. Xenakis (1921 ou 1922 – 2001), utilise notamment les ressources offertes par l’informatique ;

— la musique aléatoire, où le hasard devient un principe de composition, avec J. Cage (1912 – 1992) comme représentant majeur ;

— la musique répétitive, simple, courant d’origine américaine, dont Steve Reich (né en 1936) est un représentant.