ordre [ɔrdr] 

nom masculin

(lat. ordo, ordinis, rang)

  1. Manière dont les éléments d'un ensemble organisé sont placés les uns par rapport aux autres : L'ordre d'un parc (SYN.  agencement, arrangement).
  2. Succession d'éléments rangés, classés d'une manière déterminée ; principe qui détermine le rang de chacun des éléments dans cette succession : Ordre alphabétique (SYN.  classement).
  3. Disposition des objets lorsqu'ils sont rangés, mis à la place qui est la leur : Mettre de l'ordre dans ses papiers. Pièce en ordre (CONTR.  désordre).
  4. Tendance spontanée à disposer les choses à leur place, à les ranger ; qualité de qqn qui sait ranger, qui range volontiers : Avoir de l'ordre.
  5. Manière d'agir ou de raisonner dans laquelle les étapes de l'action, de la pensée se suivent selon une succession logique, cohérente : Procéder avec ordre (= rationnellement) [SYN.  logique].
  6. Ensemble de règles qui garantissent le fonctionnement social : La loi et l'ordre.
  7. Respect des règles de la vie en société ; absence de troubles ; paix civile : Troubler l'ordre social (SYN.  paix). La police assure le maintien de l'ordre (SYN.  calme). Les forces de l'ordre (= celles qui veillent au respect de l'ordre public). Le service d'ordre d'une manifestation.
  8. Ensemble des lois qui régissent l'enchaînement des causes et des effets : C'est dans l'ordre des choses (= c'est normal, régulier).
  9. Classe ou rang dans un ensemble organisé, hiérarchisé : Dans cet ordre d'idées (= en examinant les choses du même point de vue). Des affaires de quel ordre ? (SYN.  genre, sorte, type).
  10. DROIT Ensemble des tribunaux de même nature : L'ordre judiciaire. L'ordre administratif.
  11. BIOLOGIE Division de la classification des plantes et des animaux, intermédiaire entre la classe et la famille : L'ordre des hyménoptères.
  12. HISTOIRE Chacune des trois classes qui composaient la société française sous l'Ancien Régime : Les trois ordres étaient le clergé, la noblesse et le tiers état.
  13. ARCHITECTURE Chacun des styles de construction des architectures antique et classique, caractérisés par la forme, les proportions, la disposition et l'ornementation des parties saillantes de l'édifice (colonnes, chapiteaux, etc.).
  14. Manifestation de l'autorité ; commandement : Donner des ordres (SYN.  directive, instruction). Donner à des manifestants l'ordre de se disperser (SYN.  consigne, injonction).
  15. Texte émanant d'un échelon du commandement militaire et communiqué officiellement aux échelons subordonnés : Ordre d'attaque.
  16. COMMERCE Acte qui détermine une opération commerciale : Ordre d'achat, de vente.
  17. INFORMATIQUE Directive pour l'unité de commande d'un organe périphérique d'ordinateur.
  18. Société dont les membres font vœu de vivre selon certaines règles : Ordres monastiques.
  19. Association à laquelle les membres de certaines professions libérales sont légalement tenus d'appartenir : Ordre des avocats, des médecins, des architectes.
  20. Compagnie honorifique instituée pour récompenser le mérite personnel : Ordre de la Légion d'honneur. Ordre national du Mérite.
  21. À l'ordre de, formule pour indiquer le destinataire d'un chèque, d'un effet de commerce.

    De premier ordre, de grande qualité ; supérieur en son genre.

    Mettre bon ordre à qqch, porter remède à une situation fâcheuse, la faire cesser.

    Mot d'ordre → mot.

    Ordre du jour, liste des questions qu'une assemblée doit examiner tour à tour : Voter l'ordre du jour. C'est à l'ordre du jour (= cela fait partie des questions à débattre ; au fig., cela fait l'objet des conversations du moment).

    Rappel à l'ordre, avertissement donné à une personne qui enfreint un règlement (SYN.  réprimande, semonce).

    MATHÉMATIQUES Ordre sur un ensemble, relation binaire, réflexive, antisymétrique et transitive dans cet ensemble (on dit aussi relation d'ordre sur un ensemble).

  22. Entrer dans les ordres, se faire prêtre, religieux (ou religieuse).

    Ordres majeurs ou sacrés, diaconat ; sacerdoce (prêtre, évêque).

    Ordres mineurs, correspondant à des fonctions de lecteur et de servant d'autel (on les appelle auj. des ministères).

ARCHITECTURE

On distingue trois ordres grecs : le dorique, l'ionique et le corinthien (v. ces mots). Les Romains ont créé le toscan, le dorique romain et le composite. De nombreux caractères différencient ces ordres, le type du chapiteau de la colonne n'étant que le plus immédiatement visible. La découverte des monuments antiques et l'interprétation du traité de Vitruve ont engendré, dès le XVe s., avec la Renaissance italienne, une architecture utilisant avec plus ou moins de liberté les ordres grecs et romains, et leurs ornements spécifiques.

RELIGION

Les ordres religieux sont des associations d'hommes ou de femmes qui vivent, en vertu d'un engagement solennel et conformément à des statuts approuvés par la hiérarchie, dans la prière, l'ascèse et, suivant le cas, l'apostolat et l'action charitable. Le phénomène n'est pas uniquement chrétien : l'Alliance de Qumran, dans le judaïsme immédiatement antérieur à Jésus, formait une communauté de cette sorte, et le bouddhisme contemporain compte des milliers de moines.

Dans le christianisme romain et oriental, les ordres religieux représentent une grande tradition qui remonte, pour l'Orient, au monachisme, pratiqué dans le désert d'Égypte au IVe s., puis à l'influence de la règle de saint Basile, et, pour l'Occident, au développement à partir du VIe s. du monachisme de type bénédictin, d'où procéderont les cisterciens et, moins directement, d'autres ordres contemplatifs comme celui des chartreux. Au cours du Moyen Âge latin, parmi les nombreux groupes suscités par l'idéal de la pauvreté évangélique, seuls seront reconnus quelques « ordres mendiants », que le concile de Lyon (1274) limite à quatre (carmes, franciscains, dominicains et augustins). Leur succès posera pendant longtemps le problème des rapports entre séculiers (prêtres dépendant de l'évêque d'un diocèse) et réguliers (religieux soumis à la seule juridiction de leurs supérieurs propres). La nouvelle création marquante sera, au XVIe s., celle de la Compagnie de Jésus, véritable milice du pape au service de la Réforme catholique et des missions. Le XIXe s. enfin apportera une floraison notable d'ordres, d'instituts et de congrégations masculins ou féminins ayant principalement pour vocation l'action caritative, des tâches d'enseignement ou l'apostolat missionnaire.