À partir du début du XVII^e s., on appelle orchestre le lieu où, au théâtre ou dans les salles de concerts, se tient le groupe d'instrumentistes et, à partir de la fin du XVII^e s., ce groupe lui-même. À partir de la fin du XVIII^e s. seulement, le fait pour un tel groupe d'être appelé orchestre dépend de sa taille (par opp. aux ensembles de chambre), de sa configuration (prédominance des instruments à cordes de la famille des violons, qui constituent le noyau, par opp. aux vents et aux percussions), ou encore de la présence d'un chef. La tradition orchestrale européenne née à la fin du XVII^e s. (Lully) s'est poursuivie jusqu'à nos jours. Les premiers grands maîtres de l'orchestre au sens moderne, ou si l'on préfère de l'orchestration, ont été néanmoins Haydn et Mozart (seconde moitié du XVIII^e s.). Au XIX^e s. (Berlioz), l'orchestre voit sa taille s'accroître, de nouveaux instruments apparaître, les vents et les percussions s'émanciper, et, vers 1900, cette évolution débouche parfois sur le gigantisme (Mahler). Mais par réaction se manifeste alors également un souci de clarté, d'égalité de principe entre des timbres multipliés. Il en résulte, avec Webern, une écriture « divisionniste » dans le temps (ligne mélodique cassée, distribuée entre les parties) et dans l'espace (il n'y a plus de masse, de noyau central, mais des éclats). Le XX^e s. a vu naître des pages pour percussions seules, et, chez Messiaen, le centre de gravité de l'orchestre se déplace franchement vers les bois et les cuivres.