gothique [gɔtik] 

adjectif

(bas lat. gothicus, des Goths)

  1. Se dit d'une forme d'art, en partic. d'art architectural, qui s'est épanouie en Europe du XIIe s. à la Renaissance : Les cathédrales gothiques.
  2. Se dit d'une écriture, utilisée à partir du XIIe s., dans laquelle les traits courbes des lettres étaient remplacés par des traits droits formant des angles.

gothique

nom masculin

Art gothique : Le gothique flamboyant.

gothique

nom féminin

Écriture gothique.

L'architecture.

Les conséquences, sur la structure de l'église, de l'usage rationnel de la voûte sur croisée d'ogives – le report des poussées sur les supports d'angles permettant l'allégement des murs et l'agrandissement des ouvertures – apparaissent clairement, vers 1140, dans le déambulatoire du chœur de la basilique de Saint-Denis. La cathédrale de Sens est le premier monument entièrement gothique. Celles de Noyon, Laon, Paris illustrent, dans la seconde moitié du XIIe s., le type complexe du gothique primitif : l'élévation de la nef se fait sur quatre niveaux (grandes arcades, tribunes, triforium et fenêtres hautes). Chartres, après 1194, définit un type classique, avec l'élévation à trois étages (grandes arcades, triforium, fenêtres hautes) et l'emploi systématique des arcs-boutants, qui remplacent la tribune dans sa fonction de contrebutement (poussée s'opposant à la poussée des voûtes). C'est encore à l'époque capétienne qu'apparaît, v. 1230-1240, le style rayonnant, que caractérisent une plus grande unité spatiale et un nouveau développement des vitrages (Saint-Denis, Amiens, Sainte-Chapelle de Paris). Ce style se répand dans le sud de la France (où il est concurrencé, au XIVe s., par un type méridional à nef unique) et en Europe. L'Espagne se distingue par le décor mudéjar (avec emprunt aux techniques islamiques) ; l'Angleterre connaît ses propres phases, originales, de gothique primitif, puis « décoré » (v. 1280) et « perpendiculaire » (v. 1350 : voûtes à complexes réseaux de nervures) ; l'Allemagne développe, au XIVe s., le type de l'église-halle (à plusieurs vaisseaux d'égale hauteur, ouverts les uns sur les autres) ; l'Italie est le pays qui accepte le moins bien le système gothique, son acuité, son élan vertical matérialisé par les faisceaux de colonnettes que l'œil voit s'épanouir dans les nervures des voûtes. L'accentuation de cet effet de continuité, allant jusqu'à la disparition des chapiteaux, l'effervescence graphique des voûtes, des fenêtres, des gâbles caractérisent l'art flamboyant, qui apparaît en France et en Allemagne à la fin du XIVe s.

L'architecture profane, surtout militaire aux XIIe et XIIIe s., ne cesse par la suite de s'enrichir dans les édifices publics d'Italie ou des Pays-Bas du Sud et dans certains châteaux de France.

La sculpture.

Comme le vitrail et les autres arts décoratifs, la sculpture demeure longtemps soumise au primat de l'architecture. La façade occidentale de Saint-Denis (très mutilée) et celle de la cathédrale de Chartres manifestent d'emblée la rigueur – aussi bien plastique qu'iconographique – de la répartition de la statuaire et des reliefs sur les portails gothiques. À leur hiératisme encore proche de l'art roman succède, à Senlis, à la fin du XIIe s., puis à Chartres (transept), à Paris, à Reims, à Amiens, une tendance à la souplesse, à un naturalisme encore idéalisé qui évoluera vers plus d'expression et de mouvement (Reims, Amiens, Bourges, Strasbourg, Bamberg). Statues isolées, Vierges à l'élégant mouvement faisant saillir la hanche, aux beaux drapés, gisants se multiplient à partir du XIVe s. La puissance de Claus Sluter, en Bourgogne, transforme l'art du XVe s., où apparaissent des thèmes douloureux, comme celui de la Mise au tombeau. Détachée de l'architecture, la vogue des retables de bois sculpté se développe en Europe centrale, dans les Flandres et en Espagne.

La peinture.

On donne le nom de « style gothique international » à une esthétique gracieuse, voire maniérée, qui se répand en Europe à la jonction des XIVe et XVe s., embrassant une grande partie de la sculpture, des arts décoratifs et surtout de la peinture (miniatures et panneaux). Préparé par le raffinement de l'enluminure parisienne ou anglaise, par l'évolution de la peinture en Italie (notamm. à Sienne : les Lorenzetti), ce style se rencontre en Bohême (le Maître du retable de Třeboň) et en Allemagne, en Catalogne, dans l'école franco-flamande (Melchior Broederlam, les Limbourg), à Paris (miniaturistes), en Italie (Lorenzo Monaco, Gentile da Fabriano, Pisanello, etc.). Le ton réaliste, les nouvelles valeurs spatiales d'un Masaccio ou des Van Eyck mettront fin à ce courant d'esprit aristocratique.