esclavage [ɛsklavaʒ] 

nom masculin

  1. État, condition d'esclave ; état de ceux qui sont sous une domination tyrannique : Réduire un peuple en esclavage. L'esclavage fut aboli en 1848 en France, en 1865 aux États-Unis.
  2. Dépendance étroite de qqn à l'égard de qqch ou de qqn : L'esclavage des ouvriers au XIXe siècle (SYN.  servitude, asservissement).

La pratique de l'esclavage remonte à l'Antiquité. Main-d'œuvre indispensable à l'exploitation des domaines du souverain et des temples, particulièrement en Mésopotamie, les esclaves sont des prisonniers de guerre et les individus les plus pauvres de la société, forcés d'abandonner leur liberté afin de subsister.

Dans la Grèce antique.

Le recrutement des esclaves est assuré par les guerres entre cités et surtout par la piraterie et les achats faits auprès des peuples barbares. Les esclaves sont susceptibles d'être achetés, vendus et utilisés au gré de leurs maîtres. Encore faible à la fin du Ve s. av. J.-C., leur nombre s'accroît à l'époque hellénistique, où ils sont utilisés dans les ateliers, les mines et sur les grands domaines.

Dans l'Empire romain.

Les conquêtes provoquent à partir du IIIe s. av. J.-C. un afflux massif d'esclaves, qui entraîne la désagrégation de la petite propriété en Italie et son remplacement par de vastes propriétés foncières. La misère des masses serviles déclenche de véritables guerres, notamment en Sicile à la fin du IIe s. av. J.-C. La révolte de Spartacus date de 73 av. J.-C. Sur le plan culturel, ce sont les esclaves grecs, les plus instruits, qui exerceront une influence durable. La pratique régulière de l'affranchissement permet l'intégration progressive dans la société romaine d'un nombre considérable d'esclaves, dont le recrutement est freiné par l'arrêt des conquêtes. Sous le Bas-Empire, ils sont concurrencés dans le monde rural par d'autres catégories sociales, les colons, hommes libres attachés héréditairement au sol qu'ils cultivent.

Au Moyen Âge.

L'esclavage se maintient en Occident jusqu'à l'an mille. Il disparaît alors sous la pression conjuguée de la christianisation des campagnes et des conditions économiques et politiques. À la même époque, les États musulmans ont à leur service de nombreux esclaves originaires de l'Europe centrale et orientale (Slaves), des steppes d'Asie centrale (Turcs) et d'Afrique noire.

À l'époque moderne.

La découverte de l'Amérique et son exploitation économique (mines, plantations) entraînent au XVIe s. un développement considérable de la traite des Noirs. Portugais, Espagnols, Français et Anglais vont, pendant plus de deux siècles, vider l'Afrique d'une partie de sa population (de 2 à 3 millions de personnes), assurant la prospérité des États esclavagistes des côtes africaines. Échangés contre des produits manufacturés de faible valeur, les Noirs sont transportés dans le Nouveau Monde, où ils sont dépouillés de la personnalité politique et juridique et de la responsabilité civile.

L'abolition de l'esclavage.

Au XVIIIe s., l'esclavage est violemment remis en question par les philosophes, qui en dénoncent l'inhumanité, et par les économistes libéraux, qui en soulignent l'archaïsme improductif. Prenant la tête du mouvement abolitionniste, la Grande-Bretagne fait condamner la traite au congrès de Vienne (1815) et interdit l'esclavage en 1833. La France le supprime définitivement en 1848, tandis qu'aux États-Unis la guerre de Sécession aboutit à la victoire des abolitionnistes (1865). L'esclavage est dès lors aboli dans la plupart des pays, et la pression internationale (Déclaration universelle des droits de l'homme, 1948) a imposé aux derniers États esclavagistes d'aligner leur législation sur le droit commun.

Survivance de l'esclavage : le travail forcé.

Les régimes totalitaires ont eu recours au travail forcé : le système concentrationnaire nazi utilisait les détenus des camps pour fournir à l'économie allemande une main-d'œuvre corvéable à merci ; le régime stalinien a inscrit le goulag dans une planification de développement économique de l'Union soviétique. D'autres régimes, se réclamant du communisme, ont organisé des camps de « rééducation » (Cambodge, Viêt Nam). En République populaire de Chine, la réforme par le travail, le laogai, a atteint son grand développement dans les années 1958-1971. En Corée du Nord, plus de 200 000 personnes sont actuellement enfermées dans de vastes prisons. Aujourd'hui, le travail forcé subsiste dans nombre de régions ; il s'agit essentiellement d'esclavage pour dettes et d'exploitation de femmes et d'enfants pour la prostitution. Dans certaines régions d'Afrique et du Moyen-Orient, la servitude financière, le servage sous couvert de contrats de travail, les fausses adoptions et l'asservissement imposé aux femmes mariées sont encore responsables de l'assujettissement de plusieurs millions d'êtres humains. Il existe aussi des personnes vivant dans la misère qui se vendent ou qui vendent leurs enfants comme esclaves.