comédie [kɔmedi] 

nom féminin

(lat. comoedia, du gr.)

  1. Pièce de théâtre qui excite le rire par la peinture des mœurs, des caractères ou la succession de situations inattendues.
  2. Genre littéraire, cinématographique, etc., qui se propose de faire rire ou sourire.
  3. Comportement simulé : Cessez cette comédie, je sais parfaitement que vous n'êtes pas malade.
  4. Complications : C'est toute une comédie pour venir chez toi ! (= c'est difficile).
  5. Comédie musicale, genre de spectacle où alternent scènes dansées et chantées, textes parlés et musique ; spectacle, film appartenant à ce genre.

Si, comme la tragédie, elle se rattache au culte de Dionysos, la comédie – qui vise à distraire le spectateur et à susciter le plaisir du rire – n'est pas aussi nettement ni aussi tôt définie : le concours de comédie ne date, à Athènes, que de 460 av. J.-C., soit trois quarts de siècle après l'institution du concours tragique. Le genre se développe à travers trois périodes : la comédie ancienne, satire violente de l'actualité, illustrée par Aristophane ; la comédie moyenne, qui tend à supprimer l'élément lyrique et traite de sujets de mœurs ou s'inspire de la mythologie ; la comédie nouvelle, de l'époque hellénistique (Ménandre).

Cet héritage constitue le fonds du théâtre comique latin (la comoedia palliata, jouée par des acteurs portant le vêtement grec, le pallium), avec Plaute et Térence. La comédie consacrée à la peinture de mœurs romaines (comoedia togata, jouée en toge) n'atteignit jamais le succès de la farce, l'atellane, supplantée à son tour, dès l'époque de Cicéron, par le mime.

La tradition des jongleurs et le goût du divertissement parodique chez les clercs s'expriment au Moyen Âge dans une grande diversité de pièces (farces, sotties, moralités), de caractère satirique et didactique. Au début du XVIe s. apparaissent les premiers modèles de la comédie « régulière », suivis par l'Arétin et Machiavel (la Mandragore). Très vite, la comédie italienne s'en détache, avec Giordano Bruno (le Chandelier) et Ruzzante, qui compose en dialecte padouan des scènes inspirées de la vie quotidienne. Elle trouve son style le plus populaire avec la commedia dell'arte fondée sur l'improvisation des acteurs à partir de canevas préétablis.

La comédie espagnole expérimente tous les types d'intrigue avec Cervantès, Lope de Vega, Calderón, Moreto, Rojas et inaugure, avec Alarcón, la « comédie de caractère », qui inspirera directement Corneille (le Menteur).

Combinée avec le succès inépuisable de l'ancienne farce, l'imitation du genre espagnol, dans le style fantastique et burlesque, domine la scène française jusqu'à Molière, qui impose la comédie de mœurs et de caractère : celle-ci va servir de modèle, même aux auteurs anglais, qui abandonnent la truculence et la bouffonnerie du théâtre élisabéthain pour adopter un style moraliste et des constructions sophistiquées (Congreve). Intrigue et peinture sociale se combinent chez Regnard, Lesage, Dancourt et Marivaux ou alternent chez Beaumarchais (le Barbier de Séville, le Mariage de Figaro). Mais « larmoyante » avec Nivelle de La Chaussée, « sérieuse » avec Diderot et Sedaine, sentimentale et romanesque en Allemagne avec Lessing, la comédie s'enracine de plus en plus dans la représentation amusée de relations et de situations contemporaines : elle s'intègre parfois au cœur du drame romantique ou, avec le vaudeville, exploite les recettes du théâtre de boulevard (Guitry), avant de prendre les formes inquiétantes d'un théâtre de l'illusion et de l'hallucination (Pirandello, Anouilh) ou du dérisoire et de l'absurde (Beckett, Ionesco). Les courants plus récents de la comédie portent l'influence du cinéma et sa liberté face à la logique et aux conventions sociales.