colonisation [kɔlɔnizasjɔ̃] 

nom féminin

Action de coloniser ; fait d'être colonisé.

Le monde a connu jusqu'à l'époque moderne diverses formes de colonisation, depuis les colonies antiques jusqu'aux empires génois et vénitiens, formés au Moyen Âge à partir de comptoirs commerciaux. Mais c'est au XVIe s., époque des grandes découvertes, que sont nées les premières entreprises de colonisation à grande échelle, organisées par les États européens et fondées sur des objectifs non seulement économiques (accès aux matières premières : métaux précieux et épices, au départ), mais également politiques et religieux.

Les premiers empires coloniaux (XVIe-XVIIIe s.).

La première phase d'expansion européenne débute par les conquêtes portugaises et espagnoles. Tandis que l'Empire portugais est principalement constitué de comptoirs, l'Espagne, maîtresse de l'Amérique centrale et méridionale, s'oriente vers une occupation territoriale plus poussée, sous l'autorité d'une solide administration. Établis en Amérique du Nord, en Inde et en Insulinde, Hollandais, Anglais et Français donnent quant à eux tout pouvoir à des compagnies à charte, dotées de monopoles commerciaux. Cette première colonisation, dont l'économie repose en grande partie sur la traite des Noirs, connaît à partir de la fin du XVIIIe s. une période de crise qui s'achève par l'indépendance des États-Unis (1783) et l'émancipation des colonies espagnoles et portugaises d'Amérique (1809-1826).

Les empires coloniaux des XIXe et XXe s.

L'expansion démographique et la révolution industrielle du XIXe s. sont à l'origine d'une deuxième phase d'expansion européenne, qui s'accélère à partir de 1860 et aboutit à la constitution de vastes empires. À l'aube du XXe s., les deux principaux ensembles, rivaux à plus d'un titre, sont l'Empire britannique (35 millions de km2, s'étendant sur l'ensemble des continents) et l'Empire français (12 millions de km2, en Afrique et dans la péninsule indochinoise). S'y ajoutent les possessions coloniales du Portugal, des Pays-Bas et des nouvelles puissances colonisatrices (Belgique, Allemagne, Italie).

L'apogée des empires coloniaux.

La Première Guerre mondiale renforce les empires coloniaux des vainqueurs, en particulier ceux de la France et de la Grande-Bretagne. À l'issue de la guerre, les colonies de l'Allemagne sont partagées : la France reçoit le Togo et le Cameroun oriental ; la Grande-Bretagne, le Cameroun occidental, le Sud-Ouest et le Sud-Est africains allemands ; la Belgique, les territoires du Ruanda-Urundi, qui deviennent une véritable sous-colonie du Congo belge ; les Australiens, les Néo-Zélandais et les Japonais se partagent les terres allemandes du Pacifique. Au Proche-Orient, d'où les Turcs sont évincés, la France reçoit mandat de la Société des Nations sur la Syrie et le Liban, la Grande-Bretagne sur l'Iraq, la Palestine, la Transjordanie.

Le régime colonial.

Les méthodes d'administration les plus diverses sont employées. Les grandes compagnies réapparaissent sous des formes variées (sociétés d'exploitation françaises, compagnies à charte britanniques). La pratique de l'Indirect Rule par les Britanniques implique le concours des chefs indigènes. L'administration directe, qui repose sur un contrôle étroit de l'État, est le système le plus répandu dans les colonies françaises. Le régime du protectorat est basé quant à lui sur une répartition des compétences, l'État protecteur se réservant les prérogatives internationales et l'État protégé gardant en théorie ses compétences internes. Dans tous les cas, la puissance coloniale assoit sa domination sur l'exercice des pouvoirs économiques et politiques, sur la détention de la force et la reconnaissance internationale. De fait, la colonie se trouve aux mains d'une minorité étrangère, originaire de la métropole, dont la politique de ségrégation tout comme l'œuvre culturelle trouvent leur fondement dans un sentiment de supériorité à l'égard des peuples colonisés.

Vers l'émancipation des colonies.

En dehors des dominions, colonies britanniques de peuplement européen auxquelles la Grande-Bretagne accorde progressivement un statut d'autonomie, les colonies restent soumises à cette domination jusqu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, époque marquée par l'effondrement des empires sous l'action des mouvements de libération.

La colonisation, dont l'œuvre humanitaire et culturelle est aujourd'hui controversée, a laissé de graves séquelles aux États devenus indépendants (problèmes des frontières et des rapports ethniques, dépendance économique).