Il entre dans les ordres afin de conserver à sa famille les revenus de l'évêché de Luçon, en Vendée (1606). Député remarqué aux états généraux de 1614, il gagne la faveur de Marie de Médicis, qui le fait nommer secrétaire d'État à la Guerre et aux Affaires étrangères (1616). Il partage sa disgrâce après l'assassinat de Concini mais réussit à réconcilier Louis XIII et sa mère, ce qui donne un nouveau départ à sa carrière. Cardinal (1622), il entre au Conseil du roi (1624) et en devient le chef et principal ministre. Il gouvernera la France pendant dix-huit ans en accord profond avec Louis XIII, qui, sans abandonner ses prérogatives, se ralliera constamment à ses vues. On appellera ce système de gouvernement le ministériat. Son programme de redressement, réalisé par étapes avec un remarquable opportunisme, vise la sécurité et l'indépendance du royaume, la puissance du roi et de la France et le renforcement de l'absolutisme monarchique.
Après la journée des Dupes (1630), ayant triomphé du parti dévot, hostile aux réformes et à la guerre contre les Habsbourg, il s'attache à supprimer toute forme d'opposition. Il s'attaque ainsi à la noblesse (édits contre les duels [1626], démantèlement des châteaux forts, exécution des désobéissants). La lourde fiscalité qu'il impose répand la misère dans les campagnes et provoque des révoltes (Limousin, 1637 ; Normandie, 1639-1640), qui sont durement brisées. La multiplication des intendants et la soumission des parlements contribuent à assurer l'autorité monarchique. Pourtant, jusqu'au bout, Richelieu devra déjouer des complots (Cinq-Mars, 1642). Pour vaincre les protestants et les couper de l'aide anglaise, il assiège La Rochelle, qui capitule (1628). La paix d'Alès (1629) marque la défaite finale du protestantisme politique français (liberté de culte, mais perte des places fortes et des garanties militaires). La politique économique, strictement mercantiliste, se caractérise par la rénovation de la marine, la fondation de manufactures et la création de compagnies de commerce extérieur, qui jettent les bases de la colonisation française (Canada, Sénégal, Madagascar). Il fait par ailleurs construire la chapelle de la Sorbonne et le Palais-Cardinal (Palais-Royal), contribue à la fondation de l'Académie française (1635).
Aussi longtemps qu'il le peut, Richelieu évite une participation directe à la guerre de Trente Ans. Ses premiers succès sont une alliance avec l'Angleterre, dirigée contre l'Espagne (mariage d'Henriette de France et de Charles Ier), et une expédition dans le nord de l'Italie (Valteline) [1625], destinée à couper les communications des impériaux avec le Milanais. Après avoir soutenu par des subsides les ennemis de l'empereur (Gustave II Adolphe, ligue des princes protestants), il doit se résoudre à la guerre (1635). Après des revers (invasion espagnole jusqu'à Corbie, 1636), une partie de l'Alsace (1638) et de l'Artois (1640), puis le Roussillon sont occupés (1642).
À la mort du cardinal s'annonce l'avènement de la puissance française en Europe : les progrès de l'Espagne et l'encerclement du royaume par les Habsbourg sont arrêtés tandis que, à l'intérieur, les fondements de l'absolutisme monarchique sont définitivement établis.