Petite-fille de George III, elle accède au trône après la mort de son oncle Guillaume IV, qui est sans héritier. Habilement conseillée par son oncle Léopold Ier de Belgique puis par Albert de Saxe-Cobourg-Gotha (qu'elle épouse en 1840), Victoria redonne rapidement dignité et prestige à une Couronne britannique fort discréditée. La conscience aiguë de sa fonction, son application, son austérité et la dignité de sa vie permettent notamment aux classes moyennes de reconnaître en elle leurs idéaux.
Victoria suit toutes les affaires du pays et se trouve plus d'une fois en conflit avec ses ministres, notamment lord Palmerston, en charge des affaires étrangères, auxquelles elle accorde un intérêt tout particulier. La mort du prince Albert, en 1861, la frappe d'autant plus que le prince héritier (le futur Édouard VII) développe une personnalité contraire à ses aspirations. La déférence de Disraeli, ministre conservateur, parvient cependant à ranimer les intérêts de la reine, dont il fait une impératrice des Indes (1876). Le sens impérial et le conservatisme politique et social qu'elle développe, tandis que le pays se démocratise, se heurtent au libéralisme de Gladstone. Mais les deux jubilés de la reine (1887 et 1897) manifestent l'attachement que lui portent les Britanniques.
Cette protestante puritaine et très sensible aux gloires nationales a restitué toute sa valeur à la Couronne. Sous son règne, la Grande-Bretagne connut l'apogée de sa puissance économique et politique.