Sous-officier croate de l'armée austro-hongroise, il est fait prisonnier par les Russes en 1915. Il s'échappe en 1917 et s'engage dans la guerre civile aux côtés des gardes rouges. De retour en Croatie, il adhère en 1920 au parti communiste yougoslave et en devient le secrétaire général en 1936. Durant la Seconde Guerre mondiale, il organise dès 1941 des détachements de partisans, qui vont former, à la fin de la guerre, une armée de libération populaire forte de près d'un million d'hommes. En 1943, il prend la direction du Comité antifasciste de libération nationale, véritable gouvernement provisoire établi à Jajce, en Bosnie, avec lequel il élabore un projet d'organisation fédérative de la Yougoslavie libérée. En cela aussi, il s'oppose au gouvernement en exil à Londres, représentant d'un régime où les Serbes jouent un rôle prépondérant. Il est alors nommé maréchal et reconnu comme chef de la résistance, tant par les Britanniques que par les Soviétiques.
Après la Libération, il fait proclamer la déchéance de la monarchie et la création de la République fédérative populaire de Yougoslavie (nov. 1945). Instaurant un régime communiste autoritaire, il met en œuvre la collectivisation des terres et lance un ambitieux projet d'industrialisation. Mais, n'acceptant pas le contrôle soviétique sur son parti ou sur les organes de sécurité, il entre en conflit avec Staline. Lui opposant une réaction ferme et ne cédant pas à ses pressions, il est mis au ban du monde socialiste (1948). Tito purge alors les organes du parti des éléments staliniens.
Ce n'est qu'à partir de 1950 qu'il se résout à se rapprocher des puissances occidentales et des États-Unis. Il s'éloigne alors du modèle centralisé soviétique et lance l'autogestion. Il prône le non-alignement et devient l'un des principaux leaders du mouvement des non-alignés. Président de la République élu en 1953, il est constamment réélu et nommé président à vie en 1974.
Chef charismatique, Tito a réussi à maintenir sous sa férule une Yougoslavie où les particularismes ne s'expriment pas. Cette paix ethnique est cependant fragile. Pour mettre un terme aux querelles nationales et assurer sa succession, Tito fait adopter en 1971-1974 un système de présidence collégiale au sein de laquelle les six républiques yougoslaves sont paritairement représentées. Ce système entre en vigueur à sa mort, en 1980.