Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord (Royaume-Uni de)

État insulaire de l'Europe occidentale ; CAPITALE Londres. LANGUE : anglais. MONNAIE : livre sterling. Le Royaume-Uni comprend quatre parties principales : l'Angleterre proprement dite et le pays de Galles, l'Écosse et l'Irlande du Nord (avec l'Irlande du Sud, ou république d'Irlande, ces régions forment les îles Britanniques). Le Royaume-Uni a 253 500 km2 (230 000 km2 pour la Grande-Bretagne proprement dite : Angleterre, Écosse, pays de Galles) et 66 834 405 habitants (Britanniques).

GÉOGRAPHIE

Première puissance industrielle et commerciale dans le monde au XIXe s., la Grande-Bretagne n'est plus aujourd'hui qu'une puissance moyenne, intégrée depuis 1973 dans l'espace communautaire européen.

Le milieu naturel. La puissance passée devait peu au milieu naturel. La superficie moyenne (moins de la moitié de celle de la France) et les hautes terres prédominent dans le Centre et surtout le Nord. Le climat, souvent humide et frais, est peu favorable à l'agriculture, sauf à l'élevage. Cependant, le sous-sol recèle de riches dépôts de houille. Ce sont surtout l'histoire et l'esprit d'entreprise des Britanniques, la nécessité de faire vivre une population dense qui ont joué un rôle prépondérant.

La population. La Grande-Bretagne, avec 240 hab. au km2 en moyenne, demeure un pays densément peuplé. Aujourd'hui, cette population augmente sous l'effet notamm. de l'accroissement naturel et de l'immigration. Cette dernière, supérieure à l'émigration, provient des anciennes colonies et, plus récemment, des nouveaux pays de l'UE (Pologne). L'urbanisation est ancienne et forte (plus de 80 % de citadins), avec, loin derrière Londres, quelques grandes villes comme Birmingham, Glasgow, Liverpool, Manchester.

L'économie. L'industrie emploie moins de 19 % de la population active. La Grande-Bretagne dispose (dans le cadre occidental) de solides bases énergétiques. L'extraction houillère a toutefois fortement reculé et le pétrole est devenu la première source énergétique, en partie exporté. S'y ajoute une notable production de gaz naturel. Le nucléaire, tôt développé, assure plus de 20 % de la production totale d'électricité. La sidérurgie, ancienne, a décliné de même que la construction navale, tandis que l'automobile est sous contrôle étranger (américain et surtout japonais). La métallurgie des non-ferreux s'est effondrée. Le textile traditionnel (coton, laine), depuis longtemps en crise, s'est restructuré, tandis que la chimie reste florissante et diversifiée. Les industries de pointe (pharmacie, électronique, biotechnologies) ont été développées dans la région londonienne et dans les Lowlands écossais (d'Édimbourg à Glasgow). L'agroalimentaire valorise les produits de la pêche et ceux d'une agriculture qui emploie moins de 2 % des actifs, mais satisfait environ la moitié des besoins nationaux. Les cultures, céréales, betterave à sucre, sont localisées dans le Sud-Est au climat abrité, plus favorable. L'élevage bovin lui est souvent juxtaposé, et l'important troupeau ovin est présent sur les terres moins fertiles (Écosse, pays de Galles, Pennines).

Les services occupent 80 % des actifs et, malgré le déclin de la livre, la Grande-Bretagne conserve en ce domaine un rôle notable (marché boursier, courtage et assurance, transport maritime et aérien, tourisme). Le solde des revenus invisibles, positif, ne suffit pas néanmoins à combler le déficit de la balance commerciale. Aux importations dominent les matières premières et denrées alimentaires et aussi des produits élaborés concurrençant son industrie. Le recul de celle-ci a été partiellement la rançon de la précocité du développement industriel, de la vétusté de certaines branches et de certains équipements, de la mondialisation des échanges, avec un desserrement des liens privilégiés avec le Commonwealth (environ la moitié des échanges se fait avec l'Union européenne). Au cours des années 1990, le Royaume-Uni est parvenu à se moderniser au prix d'une forte déréglementation et d'une remise en cause du Welfare State (« État providence »). La crise mondiale de 2007-2008 a frappé l'économie de plein fouet (secteurs financier et bancaire), entraînant récession et dégradation de la situation de l'emploi avant une reprise à partir de 2011.

HISTOIRE

La Grande-Bretagne prend officiellement naissance en 1707 par l'acte d'Union des royaumes d'Angleterre et d'Écosse (Angleterre, Écosse, Galles [pays de], Irlande).

La montée de la prépondérance britannique
1714. Mort de la reine Anne, au pouvoir depuis 1702.

En vertu de l'acte d'Établissement de 1701, la Couronne passe des Stuarts aux Électeurs de Hanovre (George Ier), les descendants de Jacques II, catholiques, ayant été écartés du trône. L'arrivée au pouvoir d'une dynastie allemande, peu concernée par les affaires britanniques, renforce le rôle du Premier ministre (tel Walpole) et du Parlement. La vie politique est marquée par la lutte entre whigs, favorables au parlementarisme, et tories, et par la tentative de restauration des prérogatives royales menée par George III (1760-1820). L'expansion coloniale est réalisée au prix de nombreux conflits avec la France.

1763. Le traité de Paris, au terme de la guerre de Sept Ans, assure à la Grande-Bretagne la possession du Canada et de l'Inde.

1783. Après une guerre avec les colons américains, le traité de Versailles consacre l'indépendance des États-Unis.

À partir de 1793, le Premier ministre, le Second Pitt, combat la France révolutionnaire et napoléonienne, afin de préserver l'équilibre européen.

1800. Pitt intègre l'Irlande au royaume, qui prend le nom de Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande.

1805. La victoire de Nelson à la bataille navale de Trafalgar donne aux Anglais la suprématie maritime.

L'hégémonie britannique. Commencée dès le XVIIIe s., la révolution industrielle, fondée sur l'exploitation du charbon, et l'essor du capitalisme donnent au Royaume-Uni une formidable avance sur tous les autres États. Au lendemain du congrès de Vienne (1815), la Grande-Bretagne apparaît comme la principale puissance mondiale.

Des réformes électorales (1832) favorables aux grandes villes industrielles, des réformes religieuses (émancipation des catholiques, 1829), l'abrogation en 1824 de la loi contre les trade-unions (syndicats) et l'adoption du libre-échange introduisent partout le libéralisme.

1837. Avènement de la reine Victoria.

Son règne est caractérisé par la suprématie de l'économie et de la marine britanniques tandis que la diplomatie permet à la Grande-Bretagne d'éliminer ses rivaux politiques. Conservateurs (Disraeli) et libéraux (Gladstone) se succèdent au pouvoir, élargissant le droit de vote à deux reprises. Le chartisme (mouvement favorable au suffrage universel et aux réformes sociales) permet au syndicalisme de se développer. L'impérialisme britannique met le Royaume-Uni à la tête d'immenses colonies, dont certaines (dominions) se voient accorder un statut d'autonomie. (→ Empire britannique.)

1876. Victoria prend le titre d'« impératrice des Indes ».

En 1882, l'Égypte est sous contrôle britannique. Le Royaume-Uni se heurte en 1898 aux ambitions de la France (Fachoda).

1899-1902. Guerre des Boers.

L'accession au trône d'Édouard VII (1901-1910) permet un rapprochement avec la France (Entente cordiale, 1904).

1907. Signature de la « Triple-Entente » anglo-franco-russe.

La fin de cette période est marquée par une crise économique (concurrences américaine et allemande) et par le rebondissement de la question d'Irlande. Malgré les réformes cherchant à mettre fin à leur très difficile situation économique et sociale, les Irlandais réclament l'autonomie (Home Rule).

D'une guerre à l'autre
1914-1918. La Grande-Bretagne participe à la Première Guerre mondiale. Affaiblie par le conflit, distancée par les États-Unis, l'économie britannique connaît un déclin irréversible. Les femmes obtiennent le droit de vote, et le parti travailliste, en plein essor, remplace le parti libéral dans sa lutte contre le parti conservateur.

1921. L'État libre d'Irlande, ou Éire, est constitué.

Le pays prend le nom de Royaume-Uni de Grande-Bretagne (Angleterre, pays de Galles et Écosse) et d'Irlande du Nord (moitié des comtés de l'Ulster).

1924-1925. Les travaillistes accèdent au pouvoir (MacDonald).

1929. Revenus au pouvoir, ils se trouvent confrontés à la crise mondiale.

1931. Création du Commonwealth.

1936. Édouard VIII succède à George V mais abdique au bout de quelques mois au profit de son frère, George VI.

1939-1945. Engagé dans la Seconde Guerre mondiale, le Royaume-Uni, dirigé par W. Churchill, résiste victorieusement à l'invasion allemande (bataille d'Angleterre).

1945. Churchill participe avec Staline et Roosevelt à la conférence de Yalta.

La Grande-Bretagne depuis 1945
1945-1951. Le travailliste Clement Attlee réalise d'importantes réformes sociales et fait adhérer la Grande-Bretagne à l'OTAN. La décolonisation est amorcée.

1952. Élisabeth II succède à George VI.

La vie politique est caractérisée par l'alternance au pouvoir des conservateurs (Churchill, Eden, Macmillan, Douglas-Home de 1951 à 1964 ; Heath de 1970 à 1974) et des travaillistes (Harold Wilson de 1964 à 1970, puis de 1974 à 1976 ; James Callaghan de 1976 à 1979).

1969. Début d'un affrontement ouvert entre catholiques et protestants en Irlande du Nord.

1973. La Grande-Bretagne entre dans le Marché commun.

1979-1990. Le Premier ministre conservateur, Margaret Thatcher, développe une politique de libéralisme strict, en rupture avec le passé. En politique extérieure, elle s'oppose à un renforcement de l'intégration européenne.

1990. Le conservateur John Major succède à M. Thatcher.

1997. Le parti travailliste (recentré autour de l'idée de New Labour) revient au pouvoir avec Tony Blair comme Premier ministre (reconduit au terme des élections de 2001 et de 2005). L'Écosse et le pays de Galles se voient accorder un statut de plus grande autonomie. Hongkong est rétrocédée à la Chine.

1998. Un accord est conclu en Irlande du Nord.

2003. La Grande-Bretagne appuie l'offensive militaire des États-Unis en Iraq.

2005. Le 7 juillet, Londres est frappée par des attentats terroristes (plus de 50 morts) attribués à al-Qaida.

2007. Gordon Brown remplace T. Blair à la tête du parti travailliste et du gouvernement. Il doit faire face aux difficultés liées à la crise économique mondiale.

2010. Retour au pouvoir des conservateurs en alliance avec les libéraux-démocrates. David Cameron devient Premier ministre. Il est reconduit en 2015.

2016. Consultés par référendum, les Britanniques se prononcent en faveur de la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE (« Brexit »). Le Premier ministre, qui avait milité pour le maintien de son pays dans l'Union, laisse sa place à Theresa May qui, avec une courte majorité aux Communes depuis 2017, entame de difficiles négociations avec ses partenaires européens.

2019. Après le refus par les parlementaires britanniques d'un premier accord négocié entre l'UE et la Grande-Bretagne, Boris Johnson, élu à la tête des conservateurs, remporte les élections anticipées (décembre).

2020. Le Parlement approuve un deuxième version de l'accord avec l'UE : la Grande-Bretagne quitte l'Union européenne le 31 janvier. En décembre, au terme de la période de transition, les deux parties parviennent à conclure un accord de commerce et de coopération.

2022. En sept., la reine Élisabeth II meurt, son fils aîné lui succède sous le nom de Charles III. Liz Truss remplace B. Johnson à la tête des conservateurs et devient Première ministre (sept.), puis démissionne après quelques semaines. Rishi Sunak lui succède (oct.).