Italie, en it. Italia (nom féminin)

État d'Europe ; 301 000 km2 ; 60 297 396 habitants (Italiens). CAPITALE Rome. LANGUE : italien. MONNAIE : euro.

GÉOGRAPHIE

Les conditions naturelles. Étirée sur plus de 10o de latitude, l'Italie présente des paysages variés, avec prédominance des collines (42 % du territoire), devant la montagne (35 %) et la plaine (23 %). Trois ensembles naturels se dégagent. Au N., l'Italie possède le versant méridional de l'arc alpin, élevé mais coupé de nombreuses vallées. Il domine la plaine du Pô (50 000 km2), qui s'évase vers l'Adriatique. Au S., enfin, de la Ligurie à la Calabre, l'Apennin forme l'ossature du pays ; en Italie centrale, il est bordé de collines, de plateaux et de plaines alluviales. Le climat méditerranéen ne se manifeste véritablement que sur l'Italie centrale et méridionale (îles incluses), les Alpes ayant un climat plus rude et la plaine du Pô un climat à tendance continentale.

La population. La population a subi des mutations importantes depuis les années 1970. Son dynamisme démographique s'est fortement ralenti, avec un comportement proche des autres pays industrialisés : très faible natalité, vieillissement de la population. Historiquement pays d'émigration, l'Italie accueille désormais 8 % d'étrangers, d'Europe orientale et des Balkans (Roumanie, Albanie), d'Afrique (Maroc) et d'Asie (Chine) ; mais les déplacements les plus significatifs ont eu lieu à l'intérieur même du pays, du sud vers le nord et des campagnes vers les villes (Rome, la Toscane et l'ensemble Milan-Turin-Gênes). Aujourd'hui, près de 70 % de la population sont urbanisés.

L'économie. L'industrialisation a été jusqu'à la fin des années 1960 le moteur d'une croissance économique spectaculaire. Cependant, malgré les efforts de développement concerté pour le Mezzogiorno, le déséquilibre a persisté entre le Nord, industrialisé, et le Sud, où quelques zones industrielles restent isolées au milieu de régions stériles et dépeuplées. Le sous-sol est pauvre en ressources : un peu de pétrole, davantage de gaz naturel. Les autres gisements miniers sont dispersés et peu abondants. L'énergie hydroélectrique (surtout dans les Alpes) fournit environ 21 % de l'électricité.

L'industrie emploie environ un quart des actifs. Elle a longtemps comporté un secteur d'État puissant (aujourd'hui en phase de réduction drastique du fait des privatisations) et comprend à la fois de grands groupes (comme Fiat) et une myriade de petites et moyennes entreprises, souvent dynamiques. S'y ajoutent des ateliers clandestins, très importants dans certains secteurs (confection, cuir), entraînant une sous-estimation du PIB officiel. Toutes les branches industrielles sont représentées, mais les plus importantes sont la mécanique, la chimie, le textile, l'agroalimentaire. La sidérurgie reste puissante. Les établissements se situent en majorité dans le nord du pays, de Milan, Turin et Gênes à Trieste et Ravenne.

L'agriculture n'occupe plus guère que 4 % des actifs pour fournir à peine 3 % du PIB. La taille moyenne des exploitations reste modeste. Cependant, la modernisation (mécanisation, engrais) a permis d'augmenter notablement les rendements. Le lait, le raisin, le blé, le maïs et les tomates fraîches arrivent en tête. La production d'agrumes s'est développée et celle de vin vient au premier rang mondial (non loin devant la France). L'élevage est moins important et la pêche peu active.

Le secteur tertiaire occupe plus de 70 % des actifs, dont une part notable dans les activités liées à un tourisme varié, climatique et culturel, qui enregistre plus de 50 millions de visiteurs par an. Les commerces de détail sont nombreux et l'artisanat spécialisé encore vivace (Florence). Le réseau routier (7 000 km d'autoroutes), qui a exigé la construction de nombreux ouvrages d'art, est globalement meilleur que le réseau ferroviaire. Près de la moitié des échanges (importants, puisque 20 % de la production sont exportés) se font avec les partenaires de l'Union européenne. Les produits industriels (mécanique, automobile, confection) représentent en valeur la majeure partie des exportations, et la balance commerciale est excédentaire. La dette publique et le chômage restent cependant élevés.

HISTOIRE

La préhistoire et l'Antiquité. Primitivement peuplée de Ligures (dans la péninsule) et de Sicanes puis de Sicules (en Sicile), l'Italie vit s'installer au IIe millénaire dans la plaine du Pô la civilisation dite « des terramares », qui apporta le bronze, puis celle des Villanoviens, qui diffusèrent l'emploi du fer.

À partir du VIIIe s. av. J.-C., les Grecs fondent des colonies en Sicile et en Italie du Sud (Grande-Grèce).

À la même époque, les Étrusques s'installent en Toscane. Leur empire, qui atteint son apogée aux VIe-Ve s. av. J.-C., s'étend à la Campanie.

Au IVe s. av. J.-C., les Celtes occupent la plaine du Pô. (C'est l'origine de la Gaule Cisalpine.) Puis Rome conquiert progressivement toute la péninsule et, du IVe au IIe s. av. J.-C., chasse les Carthaginois de Sardaigne et de Sicile.

42 av. J.-C. Avec l'incorporation de la Gaule Cisalpine, la conquête romaine est achevée.

L'histoire de l'Italie antique se confond désormais avec celle de Rome. (→ Rome.)

Les invasions barbares et la période carolingienne. Au Ve s., les Barbares (Wisigoths, Huns, Vandales) ravagent l'Italie (sac de Rome par Alaric en 410).

476. Odoacre dépose le dernier empereur d'Occident, Romulus Augustule.

493-526. Le roi ostrogoth Théodoric règne sur l'Italie entière. Mais son royaume se disloque après sa mort.

535-555. La péninsule est en grande partie reconquise par les armées de Justinien Ier, empereur d'Orient.

568. Les Lombards s'installent en Italie du Nord. Ils fondent au sud les duchés de Spolète et de Bénévent, et refoulent les Byzantins. L'Italie possède alors trois capitales : Rome, où siège le pape ; Ravenne, sous influence byzantine ; Pavie, résidence du roi lombard. Au VIIIe s., la papauté s'allie aux Carolingiens pour lutter contre les Lombards. C'est avec leur appui que sont constitués les États de l'Église.

774. Charlemagne se proclame roi des Lombards.

800. Charlemagne est sacré à Rome empereur d'Occident.

L'Italie passe alors sous l'influence carolingienne.

Au IXe s., les invasions normandes et sarrasines bouleversent l'Italie du Sud. Cette période est caractérisée par un profond morcellement politique lié au développement de la féodalité.

L'Italie impériale
962. Le roi de Germanie Otton Ier est couronné empereur à Rome. L'Italie est dès lors intégrée au Saint Empire romain germanique. Les empereurs cherchent à y renforcer leur autorité ainsi qu'à contrôler la papauté, avec laquelle ils entrent à plusieurs reprises en conflit.

1075-1122. Querelle des Investitures opposant notamm. le pape Grégoire VII à l'empereur Henri IV.

Alors que les Normands créent au XIe s. un royaume en Italie du Sud, une nouvelle force se constitue à partir du XIIe s., celle des cités, érigées en communes et enrichies principalement par le commerce (Pise, Gênes, Florence, Milan, Venise).

1154-1250. La lutte du Sacerdoce et de l'Empire oppose les guelfes (partisans du pape) aux gibelins (qui soutiennent l'empereur).

Elle se termine par le triomphe de la papauté.

1268. Charles d'Anjou devient roi de Sicile, éliminant de cette île les Hohenstaufen.

Républiques et seigneuries. L'Italie se trouve alors partagée entre des États régionaux, tandis que la papauté voit son rôle s'effacer.

1309-1376. Les papes sont installés en Avignon.

1378-1417. Le Grand Schisme divise la chrétienté.

En Italie du Nord, le pouvoir passe aux mains de grandes familles (Visconti puis Sforza à Milan, Médicis à Florence), Gênes et Venise restant des républiques aristocratiques. Ces villes sont les principaux foyers de la Renaissance italienne.

1442. Longtemps déchiré par des luttes entre Angevins et Aragonais, le royaume de Naples tombe entièrement sous le contrôle de la famille d'Aragon.

Au XVe s., une nouvelle puissance se forme au nord-ouest de l'Italie, le duché de Savoie.

La domination étrangère. Au XVIe s., l'Italie reste au centre du grand mouvement artistique et culturel de la Renaissance, inspiré de l'Antiquité gréco-latine. Mais, pendant cette période, affaiblie par son morcellement politique, elle subit les interventions continuelles de l'étranger.

1559. Le traité du Cateau-Cambrésis met fin aux guerres d'Italie au cours desquelles s'opposent depuis 1494 la France et l'Espagne.

Il confirme la prépondérance des Espagnols en Italie, qui va durer deux siècles (XVIIe-XVIIIe s.). La domination étrangère et le déplacement des voies maritimes vers l'Atlantique provoquent la décadence économique du pays. Les vieilles cités perdent progressivement de leur influence au profit du royaume de Piémont-Sardaigne (maison de Savoie).

1713. L'empereur Charles VI devient maître de Naples et du Milanais.

1734. Les Bourbons s'installent dans le royaume de Naples (puis à Parme en 1748).

Risorgimento et la marche vers l'unité. À partir de 1792, l'Italie passe sous l'influence de la France révolutionnaire.

1796-1797. Campagne d'Italie de Bonaparte.

D'éphémères républiques sœurs sont créées (républiques Cisalpine, Ligurienne, Parthénopéenne, Romaine).

1805. Napoléon se proclame souverain du royaume d'Italie, créé au nord de la péninsule.

L'Empereur étend la domination française au reste de l'Italie. En organisant le pays sur le modèle français, il prépare la voie à une révolution libérale et nationale.

1814-1815. Après l'effondrement du régime français, le congrès de Vienne restaure les anciennes monarchies.

L'influence autrichienne s'exerce de nouveau en Italie du Nord et du Centre, à l'exception du royaume de Piémont-Sardaigne, foyer du libéralisme et du nationalisme italiens.

1820-1821. Des sociétés secrètes (carbonari) fomentent des complots contre le retour de l'absolutisme.

1831-1833. Nouvelles révoltes, inspirées par le républicain Mazzini.

1848-1849. Tentative de libération nationale. Depuis 1830, divers mouvements militent pour la renaissance (Risorgimento) et l'unité du pays. Victor-Emmanuel II et son ministre Cavour travaillent à faire l'unité italienne autour du Piémont avec l'appui de la France (bataille de Solferino, contre les Autrichiens, 1859).

1860. Expédition de Garibaldi dans le royaume des Deux-Siciles.

1861. Les différentes annexions aboutissent à la création du royaume d'Italie.

1866. L'Italie acquiert la Vénétie.

1870. L'unité italienne est achevée avec la prise de Rome, qui devient la capitale du royaume, malgré l'opposition de la papauté. Le pape interdit aux catholiques de prendre part à la vie politique.

L'Italie contemporaine. La fin du XIXe s. est marquée par une crise économique importante (notamm. dans le Sud), le développement de l'émigration et de nombreuses insurrections.

1882. L'Italie conclut la Triplice avec l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie.

1887-1896. Crispi gouverne presque sans interruption.

1903-1914. Giolitti, président du Conseil, rétablit l'ordre et l'équilibre économique.

Une importante législation sociale est élaborée, et le suffrage universel est instauré. L'Italie se crée un empire colonial en Afrique (Érythrée, Somalie italienne, Libye).

1915-1918. L'Italie participe à la Première Guerre mondiale aux côtés des Alliés.

Elle acquiert le Trentin et Trieste, mais toutes ses revendications territoriales ne sont pas satisfaites.

1922. Mussolini s'empare du pouvoir et instaure le fascisme.

1929. Accords du Latran entre le pape et l'État italien.

1935-1936. Conquête de l'Éthiopie.

1940. L'Italie entre dans la Seconde Guerre mondiale aux côtés de l'Allemagne.

1943. Le débarquement anglo-américain en Sicile entraîne l'effondrement du régime fasciste.

Réfugié dans le nord de l'Italie, Mussolini est arrêté et exécuté en 1945.

1946. La république est proclamée.

De Gasperi, chef du parti démocrate-chrétien et président du Conseil (1945-1953), assure le relèvement politique et économique du pays.

1957. L'Italie adhère à la CEE.

Au pouvoir sans interruption de 1958 à 1968, les démocrates-chrétiens se rapprochent des socialistes (1963). En dépit du « miracle économique », le pays connaît une certaine instabilité politique et est troublé par le développement du terrorisme d'extrême droite et d'extrême gauche, notamment des Brigades rouges (assassinat d'Aldo Moro en 1978). Les partis réagissent en cherchant à réaliser la plus grande alliance possible (« compromis historique » établi entre le parti communiste et la démocratie chrétienne en 1978-1979). L'Italie est ensuite dirigée par des gouvernements de coalition présidés soit par des socialistes (B. Craxi de 1983 à 1987), soit par des démocrates-chrétiens (G. Andreotti, à la tête du gouvernement dans les années 1970, y revient de 1989 à 1992).

1992. Début des enquêtes judiciaires anticorruption (opération « Mains propres ») visant notamment la démocratie chrétienne et le parti socialiste, qui s'effondrent au profit de nouvelles forces politiques, dont Forza Italia de l'homme d'affaires Silvio Berlusconi, la Ligue du Nord, l'Alliance nationale (ex-MSI, néofasciste) et le parti démocrate de la gauche (ex-parti communiste).

1994. Premier mandat, écourté, de Silvio Berlusconi.

1996. Après la victoire aux élections législatives de l'Olivier, coalition de gauche et centre gauche, Romano Prodi est nommé président du Conseil.

1998. Massimo D'Alema, leader des démocrates de gauche, lui succède à la tête du gouvernement.

2001. Après la victoire de la coalition réunie autour de son parti aux élections législatives, S. Berlusconi retrouve la présidence du Conseil (reconduit en 2005).

2006. La coalition de gauche ayant gagné, de peu, les élections, R. Prodi revient à la tête du gouvernement.

2008. S. Berlusconi forme son quatrième gouvernement.

2011-2012. Ce dernier, de plus en plus contesté et politiquement affaibli, doit démissionner. Soutenu par la droite et la gauche, Mario Monti devient président du Conseil avant de démissionner (déc. 2012). Un programme mêlant rigueur financière et encouragement à la croissance est adopté.

2013-2017. Enrico Letta, Matteo Renzi et Paolo Gentiloni se succèdent à la tête d'une fragile coalition centriste. Marquées par la percée du vote protestataire (« Mouvement 5 étoiles ») et l'absence de majorité claire, les élections sanctionnent les politiques d'austérité. Par ailleurs, l'Italie doit faire face à un important afflux de réfugiés.

2018. Après les élections générales, où le vote contestataire se confirme, et de longues tractations, le Mouvement 5 étoiles et la Ligue du Nord forment une coalition de gouvernement ; Giuseppe Conte devient président du Conseil.

2021. Après la démission de G. Conte, Mario Draghi prend la tête du gouvernement.

2022. Les élections législatives anticipées voient la victoire de la coalition de centre droit, avec, en tête, le parti Frères d'Italie, classé à l'extrême droite. Sa dirigeante, Giorgia Meloni, devient présidente du Conseil.