Fils de chanteurs de music-hall, il monte sur les planches à l'âge de cinq ans et fait ensuite partie d'une troupe ambulante de pantomime. Lors d'une tournée aux États-Unis, il est remarqué par Mack Sennett, qui l'engage à Hollywood. Sa personnalité éclate très vite aux yeux de tous : le comédien inconnu s'impose non seulement comme acteur, mais aussi comme scénariste, réalisateur puis producteur. En quelques années, sa silhouette sera connue du monde entier. Coiffé d'un chapeau melon, portant une petite moustache, vêtu d'un veston étriqué, d'un pantalon en accordéon et de chaussures pointure 45, le personnage de Charlot ne se sépare guère de sa canne flexible, dont il use avec malice. D'abord cousin de Guignol et de Pierrot, Charlot devient vite une nouvelle entité burlesque. Ce vagabond est considéré par les spectateurs comme le symbole de l'homme libre et têtu en lutte contre l'injustice et le conformisme d'une société. Charlie Chaplin mêle dans ses œuvres la satire, la bouffonnerie et la comédie, les préoccupations sociales et la générosité. Cependant, l'Amérique qui l'avait applaudi prend peur devant le pamphlétaire. Sa vie privée ne plaît pas aux puritains, ses opinions politiques irritent les réactionnaires. En 1952, en pleine époque maccarthyste, il quitte définitivement les États-Unis pour s'installer en Suisse.
Son œuvre est riche et féconde. De 1914 à 1918, il tourne de nombreux films pour différentes firmes (Charlot boxeur, 1915 ; Charlot pompier, 1916 ; Charlot policeman, 1917) puis il signe un contrat avec la First National pour laquelle il réalise : Une vie de chien (1918), le Gosse (The Kid, 1921). En 1919, il avait fondé, avec Douglas Fairbanks, D. W. Griffith et Mary Pickford, les Artistes associés. Pour cette compagnie, il met en scène ses œuvres les plus achevées : la Ruée vers l'or (1925, Charlot prospecteur part à la conquête de l'Ouest) ; le Cirque (1928) ; les Lumières de la ville (1931) ; les Temps modernes (1936, pamphlet contre le travail à la chaîne) ; le Dictateur (1940, pamphlet antihitlérien) ; Monsieur Verdoux (1947) ; Limelight (les Feux de la rampe, 1952). En 1957, il signe encore Un roi à New York et, en 1966, la Comtesse de Hongkong.