GÉOGRAPHIE
Le milieu naturel. La majeure partie du vaste territoire de l'Algérie (plus de quatre fois celui de la France), appartenant au Sahara, est désertique, presque inhabitée en dehors des oasis et des sites d'extraction des hydrocarbures, principale richesse du pays. L'Atlas saharien et ses prolongements limitent le désert et dominent (au N.) l'ensemble des Hautes Plaines (entre 500 et 1 200 m) au climat contrasté (humide et froid en hiver, chaud et sec en été). C'est le domaine de la steppe. Au N., un bourrelet presque continu (d'O. en E. : monts de Tlemcen, Ouarsenis, Kabylie) s'élève à proximité du littoral. Souvent forestiers, ces massifs dominent plaines et bassins intérieurs. La frange littorale possède un climat méditerranéen, des précipitations accrues vers l'E.
La population et l'économie. La densité moyenne, avoisinant 15 hab. au km2, ne reflète pas l'inégalité spatiale du peuplement, de plus en plus dense vers le N. En dehors de Constantine, les trois principales villes (Alger, Oran et Annaba) sont des ports. La rapide urbanisation est un autre trait caractéristique lié à la pression démographique des campagnes résultant d'une natalité élevée. La population est marquée par le dualisme entre arabophones (largement majoritaires) et berbérophones.
La production agricole est loin de satisfaire les besoins alimentaires. Le blé est la principale céréale. Les agrumes, le vin (en régression) assurent quelques exportations. L'élevage ovin demeure notable sur les Hautes Plaines. L'irrigation permet localement les primeurs et les cultures maraîchères. L'industrie est dominée par l'exploitation du pétrole et du gaz naturel, bases des exportations. Si la dette est réduite, le sous-emploi est important, surtout chez les jeunes (dont beaucoup cherchent à émigrer).
HISTOIRE
L'Algérie antique. Peuplée par les Berbères, l'Algérie est dès la haute antiquité influencée par les brillantes civilisations des Phéniciens (à partir de la fin du IIe millénaire av. J.-C.) puis des Carthaginois (VIIe s.-IIIe s. av. J.-C.), qui établissent des comptoirs prospères sur ses côtes. Des Berbères, les Maures et les Numides, organisent des royaumes puissants en Numidie et en Mauritanie, que Rome soumet (victoire de Marius sur Jugurtha en 105 av. J.-C.). Sous la domination romaine (IIe s. av. J.-C. - Ve s. apr. J.-C.), l'Algérie connaît un réel essor : de nombreuses villes, comme Tébessa et Timgad, s'y développent. Le pays est christianisé.
Ve s. Les Vandales dévastent le pays.
VIe-VIIe s. Domination de Byzance.
De la conquête arabe à la domination turque.
681-682. Raids arabes d'Uqba ibn Nafi.
L'Algérie est islamisée et gouvernée de Damas (par les califes omeyyades) puis de Bagdad (par les califes abbassides). Les Berbères résistent à la domination arabe.
Xe-XIe s. Suzeraineté des Fatimides.
XIe-XIIIe s. Deux dynasties berbères, celle des Almoravides et celle des Almohades, dominent le Maghreb et une partie de l'Espagne.
Les villes du littoral s'ouvrent à la civilisation andalouse.
XIVe-XVe s. Le pays est morcelé en de nombreuses principautés (dont une des plus importantes a Tlemcen pour capitale), confédérations tribales ou ports libres.
1518. Le corsaire turc Barberousse place Alger sous la protection du sultan ottoman d'Istanbul.
1587. L'Algérie forme la régence d'Alger. Elle est gouvernée à partir du XVIIe s. par des deys. Elle vit essentiellement de la course des navires corsaires en Méditerranée.
L'Algérie française.
Juill. 1830. Début de la conquête française : le gouvernement de Charles X fait occuper Alger.
1832-1837. Révolte de l'émir Abd el-Kader, qui fait reconnaître son autorité sur le centre et l'ouest de l'Algérie tandis que les Français s'installent dans le Constantinois et l'Oranais.
1840-1847. Le général Bugeaud, gouverneur de l'Algérie, finit par venir à bout de la résistance d'Abd el-Kader.
1852-1870. La conquête est achevée avec l'occupation des oasis du Sud (Laghouat, Ouargla, Touggourt) et des régions montagneuses de Kabylie.
Des colons individuels puis, sous Napoléon III, de puissantes sociétés financières reçoivent des lots de terres, enlevées aux tribus. La population européenne s'accroît rapidement. Sous la IIIe République, une économie moderne se développe dans certains domaines, en particulier la culture de la vigne. Mais la condition des indigènes ne s'améliore guère. Entre les deux guerres mondiales, des mouvements favorables à l'autonomie ou même à l'indépendance apparaissent. Ferhat Abbas demande la citoyenneté française pour les musulmans.
1943. Le « Manifeste du peuple algérien » réclame l'égalité entre les communautés musulmane et européenne.
1945. Le mouvement nationaliste se radicalise : soulèvement du Constantinois, sévèrement réprimé.
1er nov. 1954. Début de la guerre d'Algérie. Ben Bella fonde le « Front de libération nationale » (FLN), qui dirige l'insurrection.
13 mai 1958. Les Européens manifestent à Alger pour le maintien de « l'Algérie française ». Charles de Gaulle met peu à peu en œuvre une politique d'autodétermination pour l'Algérie.
18 mars 1962. Les accords d'Évian mettent fin à la guerre.
L'Algérie indépendante.
1er juill. 1962. L'Algérie choisit l'indépendance lors d'un référendum. La plupart des Européens quittent le pays.
1963. Ben Bella est élu président de la République. Il établit un régime socialiste à parti unique (le FLN).
1965. Le colonel Boumediene renverse Ben Bella. Le gouvernement nationalise la majeure partie des exploitations de pétrole et de gaz (1967-1971) et lance une réforme agraire. La politique extérieure évolue vers le non-alignement.
1979. Mort de Boumediene ; le colonel Chadli lui succède.
Il tente de promouvoir des réformes en vue d'une plus grande efficacité économique. Mais l'essor démographique, la cherté de la vie et les pénuries créent un grave malaise social. L'islamisme se développe.
Oct. 1988. De graves émeutes éclatent.
1989. Une nouvelle Constitution est adoptée. Le FLN perd le statut du parti unique.
1990. Le Front islamique du salut (FIS) remporte les élections locales.
1992. Après le succès du FIS au premier tour des élections législatives (déc. 1991), Chadli démissionne. Le processus électoral est suspendu. Un Haut Comité d'État est instauré. Il doit faire face au terrorisme islamiste.
1994. Un nouveau régime de transition est mis en place, dirigé par le général Liamine Zeroual (confirmé par une élection présidentielle pluraliste en 1995). La violence se radicalise (massacres collectifs de populations civiles).
1999. L. Zeroual quitte ses fonctions avant la fin de son mandat. Abdelaziz Bouteflika est élu à la présidence. Il engage une politique de réconciliation nationale.
2001. De graves émeutes éclatent en Kabylie.
2002. Le FLN remporte les élections législatives.
2004. Réélection de A. Bouteflika.
2005. Une charte pour « la paix et la réconciliation nationale » est approuvée par référendum.
2007. Le FLN gagne une nouvelle fois les élections. Le pays connaît un regain du terrorisme islamiste.
2009. Après avoir obtenu une révision de la Constitution lui permettant de solliciter un troisième mandat, A. Bouteflika est réélu à la tête de l'État.
2011-2012. Après l'adoption de réformes politiques, les élections (marquées par une forte abstention) confirment la prédominance du FLN devant les partis islamistes.
2014. A. Bouteflika, en mauvaise santé, est réélu président.
2019. Des manifestations contre un cinquième mandat d'A. Bouteflika forcent le président sortant à démissionner (avril) ; un pouvoir intérimaire se met en place, puis Abdelmajid Tebboune, ancien Premier ministre (2017) et membre du FLN, est élu président de la République en décembre