Ésope

Fabuliste grec (VIIe-VIe s. av. J.-C.).

On attribue à ce personnage à demi légendaire un ensemble de Fables, connues dès la fin du ve s. avant J.-C., qui exercèrent une grande influence, notamment sur La Fontaine.

Une circonstance de sa vie a donné naissance à cette expression passée dans la langue courante : la langue d'Ésope. Son maître Xanthus lui ayant donné l'ordre de n'acheter au marché que ce qu'il y aurait de meilleur, Ésope n'acheta que des langues, qu'il fit accommoder à toutes les sauces. Les convives en jugèrent le goût détestable. « Hé ? qu'y a-t-il de meilleur que la langue ? répondit Ésope ; c'est le lien de la vie civile, la clef des sciences, l'organe de la vérité et de la raison ; par elle, on bâtit les villes et on les police, on instruit, on persuade, on règne dans les assemblées ; on s'acquitte du premier de tous les devoirs, qui est de louer les dieux. – Eh bien, reprit Xanthus, qui prétendait l'embarrasser, achète-moi demain ce qu'il y a de pire. » Le lendemain, Ésope ne fit encore servir que des langues, disant que la langue est la pire chose qui soit au monde : « C'est la mère de tous les débats, la nourrice de tous les procès, la source des divisions et des guerres ; si elle est l'organe de la vérité, c'est aussi celui de l'erreur et, qui pis est, de la calomnie. Par elle on détruit les villes ; si, d'un côté, elle loue les dieux, de l'autre elle est l'organe du blasphème et de l'impiété. » La langue d'Ésope est restée célèbre pour désigner ce qui, pouvant être envisagé sous deux aspects opposés, donne prise également à la louange ou à la critique.