surréalisme [syrrealism]

nom masculin

Mouvement littéraire et artistique né en France au lendemain de la Première Guerre mondiale, qui se dresse contre les conventions logiques, morales, sociales et qui leur oppose les valeurs du rêve, de l'instinct, du désir et de la révolte, dans l'expression du « fonctionnement réel de la pensée ».

LITTÉRATURE

Le surréalisme, annoncé par Apollinaire (l'Esprit nouveau, 1917) et défini par André Breton, chef de file et théoricien (Manifeste du surréalisme, 1924), prolonge le mouvement dada de Tristan Tzara. Il voit des précurseurs en Nerval, Lautréamont, Rimbaud, Jarry, et se réclame de la psychanalyse et de philosophes comme Hegel. Se voulant une « dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale » (Breton), le surréalisme donne d'abord lieu à une révolution poétique : l'écriture automatique, les comptes-rendus de rêves, les jeux de « cadavre exquis », la recherche d'images et d'associations insolites, tous ces exercices pratiqués sur un mode ludique vont permettre d'accéder à un « au-delà » du langage (le merveilleux, l'inconscient) et vont fortement inspirer des poètes et écrivains tels que Philippe Soupault, Louis Aragon, Paul Éluard, Raymond Queneau, Benjamin Péret, Robert Desnos, Jacques Prévert, René Char, Henri Michaux. Dès ses débuts, le groupe surréaliste se signale par des manifestations qui font scandale, par des publications (les revues Littérature, la Révolution surréaliste) et par des prises de position politiques (contre la guerre du Rif, l'Exposition coloniale, le fascisme). Le groupe surréaliste évolue ensuite au gré des engagements (adhésion au parti communiste d'Aragon, de Breton, d'Éluard et de Péret en 1930), des querelles et des anathèmes (départ de Desnos, de Leiris, de Prévert et de Queneau en 1929 ; affaire Aragon en 1931-1932). Exclu du parti communiste en 1935, Breton se déclare désormais en faveur d'un art qui porte en lui-même sa propre force révolutionnaire. Les scissions successives font qu'après la Seconde Guerre mondiale André Breton et Benjamin Péret se retrouvent isolés. Mais les valeurs surréalistes vont continuer à exercer jusqu'à aujourd'hui une influence considérable dans tous les domaines de l'art et de la pensée. La mort d'André Breton, en 1966, a entraîné la fin du surréalisme en tant que mouvement organisé (dissolution du groupe français en 1969).

BEAUX-ARTS

Si le surréalisme n'a pas défini une esthétique, les surréalistes ont pratiqué les arts plastiques comme des médiateurs parmi d'autres, susceptibles d'exprimer « le fonctionnement réel de la pensée ». Les sources sont multiples : visions symbolistes (G. Moreau), étrangeté « métaphysique » (De Chirico), radicalité dadaïste (Duchamp), remise en question cubiste (Picasso), spontanéité lyrique de l'abstraction (Kandinsky), créativité primitive ou irrationnelle (arts amérindien, océanien, africain ; art naïf, art des aliénés mentaux), où les surréalistes ont trouvé, à des degrés divers, la manifestation d'un « modèle intérieur », selon l'expression de Breton dans le Surréalisme et la Peinture (1928). Ce sont en effet la libération des richesses de l'inconscient et la quête d'une connaissance du plus profond de l'homme que vont poursuivre, notamment par le moyen de l'automatisme, plusieurs générations d'artistes, très différents quant au style, mais portés par la même ferveur poétique. Ils ont en commun un non-conformisme, parfois un humour ou un délire qui rompent avec les formes habituelles de l'expression artistique. Cet état d'esprit se vérifie chez les premiers grands peintres surréalistes (Ernst, Masson, Miró, Arp, Tanguy, Magritte) comme chez ceux qui apparaissent dans une seconde période, marquée notamment par la pratique de l'assemblage (« objets surréalistes ») – Dalí, Giacometti, Hans Bellmer, Victor Brauner, Roberto Matta –, puis chez ceux (Wifredo Lam, Arshile Gorky) qui les rejoignent durant la Seconde Guerre mondiale. Après celle-ci, des ruptures se produisent, mais de nouveaux adeptes prennent la relève, tels Max Walter Svanberg ou le sculpteur Agustin Cárdenas.