stalinisme [stalinism]

nom masculin

Théorie et ensemble de pratiques développées par Staline en URSS de 1924 à 1953, dans le mouvement communiste international à la même époque et, après la Seconde Guerre mondiale, dans les démocraties populaires des pays d'Europe de l'Est.

Le grand tournant.

À la mort de Lénine (1924), Staline, secrétaire général du parti bolchevik depuis 1922, affirme de plus en plus son autorité. Parvenu à éliminer en 1927 l'opposition unifiée de Trotski, Zinoviev et Kamenev, Staline s'oppose à la droite du parti et impose le « grand tournant », un projet de collectivisation massive de la campagne et d'industrialisation rapide du pays.

La collectivisation de l'économie.

Prenant prétexte de la faiblesse des récoltes, Staline entreprend une vaste offensive contre la paysannerie et lance une campagne de réquisitions forcées des céréales. Les paysans doivent abandonner leurs exploitations privées et travailler au sein de kolkhozes* et des sovkhozes*. Le lancement du Ier plan quinquennal (1929-1933) donne priorité à l'industrie lourde et marque le début des grands chantiers pour la modernisation du pays. Au rythme d'une propagande sans relâche, la planification se donne des objectifs de plus en plus irréalistes. Le lancement du mouvement stakhanoviste en 1935 – du nom du mineur Stakhanov ayant réalisé 14 fois la norme d'extraction – annonce la nouvelle mobilisation exigée de la société pour la « consolidation du socialisme ».

La terreur érigée en système de gouvernement.

Régime totalitaire, le stalinisme élimine toute forme de contestation. S'appuyant sur la police politique (Guépéou*, puis, à partir de 1934, NKVD), toutes sortes d'individus sont déportées dans les camps de travail du goulag, l'administration principale des camps qui inaugure le système concentrationnaire soviétique. Sont déportés non seulement ses opposants (il n'y en a plus après 1933), mais tous les cadres et militants qui pourraient être tentés de créer une hiérarchie parallèle au sein du parti ou de l'État. Ponctuée par les grands procès publics (procès de Moscou) des dirigeants historiques du bolchevisme (obligés d'avouer, sous la torture des crimes qu'ils n'ont pas commis), la Grande Terreur (1936-1938) est la période des purges les plus sanglantes : 2 millions d'arrestations, un tiers d'entre elles se soldant par des exécutions. La répression touche en particulier les cadres de l'armée, de l'administration, du monde scientifique et artistique, mais elle n'épargne pas non plus les simples citoyens. Dès 1944, la répression se déplace touchant des peuples entiers accusés de collaboration avec l'ennemi : les déportations des Tatars de Crimée, des Tchétchènes, etc. grossissent les effectifs du goulag de plus d'un million de personnes.

Le culte de la personnalité.

Le stalinisme s'exprime également dans le culte du chef, dont les portraits et les statues apparaissent partout. Au XIVe Congrès du parti, dit « des vainqueurs », en 1934, Staline est devenu « le plus grand homme de tous les temps et de tous les pays ». Cette déification atteint son apogée en 1936 – année de l'adoption de la nouvelle Constitution soviétique, dite « stalinienne » –, puis lors du 60e et du 70e anniversaire de Staline.

Propagande et éducation.

Pour exercer la domination de l'État sur les esprits, le stalinisme dispose de plusieurs outils : la présentation de l'histoire selon les besoins du pouvoir, la mainmise sur les médias, l'imposition d'un art officiel, le martèlement des slogans et la multiplication des défilés militaires, l'embrigadement des masses dans une « compétition socialiste » étroitement encadrée par le parti. Dès leur plus jeune âge, les enfants sont éduqués selon la doctrine du parti (programmes scolaires, chansons, poèmes à la gloire de Staline). Âgés de moins de 10 à 14 ans, ils sont appelés à adhérer aux pionniers avant d'intégrer les komsomols* de 15 à 18 ans.